L’institut Montaigne a publié en Novembre 2008 un rapport intitulé : Engager le citoyen dans la vie active. Le rapport fait état de la vie associative en France en dénonçant peu ou prou les défaillances de la France en l’état et propose donc de nouvelles et louables impulsions. Le groupe de travail présidé par Bernard de la Rochefoucauld propose une dizaine de recommandations.
L’engagement citoyen et le développement du système associatif semble être un thème particulièrement important pour l’institut Montaigne qui avait déjà travaillé sur le sujet, et proposé par exemple en Mars 2007 l’instauration d’un service civique européen portant le nom d’AMICUS. Le plus grand intérêt de ce rapport est son esprit pédagogique, en atteste la clarté du discours, résultat d’une dynamique simple : exposition du contexte, problèmes posés et recommandations, donc, plan d’action.
Cet esprit pédagogique est aussi visible grâce aux nombreuses annexes (une vingtaine de pages) et au glossaire dont il faut retenir la première définition. Un bénévole est "toute personne qui s’engage librement pour mener une action non salariée en direction d’autrui", définition extraite d’un avis du Conseil économique et social du 24 février 1993.
Les citoyens français ne sont avares ni de dons ni de leur temps, mais ils ne sont apparemment pas les plus généreux. Les causes de ce manque de générosité sembleraient être plus endogènes à la culture traditionnelle française qu’à une simple mauvaise habitude de la société civile.
Les bénévoles manquent. Plusieurs raisons conjoncturelles expliquent cela. Pour s’engager, les bénévoles et ceux qui donnent leur argent veulent une assurance et un intérêt précis. Et enfin, les associations elles-mêmes, de plus en plus nombreuses, subissent une crise en leur sein (crise de renouvellement des dirigeants et de financements).
Pour arriver à porter de 500 000 à 1 million le nombre de bénévoles, de nombreux changements sont souhaitables, ils doivent être engagés par de nouvelles impulsions. Il faut "encourager les générosités non plus par des avantages fiscaux, déjà très favorables, mais par une vaste campagne d’information, une meilleure structuration et une meilleure information sur les contrôles obligatoires et volontaires ainsi que sur le développement du bénévolat".
Les dix recommandations (accorder le label grande cause nationale à une campagne destinée à promouvoir toutes les générosités – mieux structurer et faire connaître l’offre de contrôles obligatoires et volontaires – rendre cohérents entre eux les systèmes de contrôles des fondations et ceux des fonds de dotation – développer le bénévolat et l’ancrer durablement dans le vécu quotidien des français – mutualiser de façon accrue les moyens) sont donc tournées vers des objectifs absolument essentiels.
Ces buts sont, et ce pour une véritable "pédagogie de l’enseignement", la mise en lumière des fondations, des associations et des bénévoles ; la transparence des comptes et donc l’uniformisation des normes juridiques en la matière, la mise en commun des ressources et enfin la mutualisation des connaissances et des capacités.
Il est important de noter que dans les recommandations qui visent à développer l’engagement associatif des jeunes, des retraités et des demandeurs d’emplois, ce n’est pas tant la valorisation mais au moins la non dévalorisation du concept de "bénévolat ou encore d’actions sociales intéressées" qui est mise en avant.
En effet, si les jeunes et les demandeurs d’emploi n’ont pas les mêmes profils en société, ils peuvent tous retirer des intérêts personnels évidents, mais aussi professionnels qu’il ne faut pas négliger. En atteste, le contrat déjà existant mais insuffisant du volontariat (associatif ou civil international). L’expérience de l’association, l’expérience du bénévolat peuvent être comptées comme un bagage professionnel. Les acquis demandés par les associations aux bénévoles sont d’ailleurs spécifiques. Cela est valable tant pour le jeune que pour le demandeur d’emploi.
Quant aux retraités, leur implication doit être valorisée, il faut reconnaître ces acteurs comme "un capital social indispensable". Par ailleurs, l’implication des retraités bénévoles peut aussi être mise en avant comme un "échange de bon procédé". Ceci existe déjà dans certaines associations de grands-parents où par exemple des enfants sans aïeux passent du temps avec des grands-parents sans petits enfants.
Cette politique de valorisation du bénévolat doit être plus défendue et mise en valeur par l’encadrement éducatif des jeunes, par les entreprises (mécénat ou accompagnement à la retraite), et les organismes publics spécialisés dans la recherche d’emploi. Ce qui amène à l’idée la plus présente dans le rapport : faire des générosités (nom de la commission en charge de ce rapport) une grande cause nationale. La légitimation du bénévolat mais aussi du don par quelques valorisations étatiques, et par la nationalisation des causes accroîtraient ses lettres de noblesse.
Les associations ont un idéal commun, mais sont très indépendantes, ce qui rend plus complexe les partenariats. Pourtant, par l’intermédiaire d’associations très structurées telle que France Bénévolat (dont le rapport n’a de cesse de venter les mérites), il faudrait opérer la mise en place d’un réseau territorial très structuré et efficace (grâce à des rôles spécifiques dans les régions, départements et communautés de communes).
Ainsi, la grande idée de ce rapport est vraiment une impulsion nationale "macro-sociale" et une impulsion au niveau communautaire, micro-sociale (jeune, retraités, sans emploi, régions). Malgré un rappel aléatoire aux sondages et aux documents qui ont fait la source de ce rapport, ainsi qu’un manque d’exemples concrets, ce rapport n’en est pas moins particulièrement intéressant compte tenu, entre autres choses, de l’urgence de la situation et de ses nombreuses, et applicables propositions.
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