Nov 16

La convention du PS sur l’égalité : la confusion des enjeux

Le texte du PS pour la convention sur «l’égalité réelle » relève de la confusion des enjeux de la période. Ce texte est un ensemble de mesures peu critiquables en soi, même si on peut regretter de la pertinence de tel ou tel aspect, mais rien dans le texte en lui-même ne justifie un rejet, et de point de vue Ségolène Royal a raison.

Qui peut être opposé à la baisse des loyers, à l’augmentation des salaires, ou des pensions, à la création d’une allocation d’autonomie pour les jeunes, au développement de l’accueil de la petite enfance, à l’accroissement de l’effort de recherche, … Le problème c’est que, très vite, se pose la question de l’usage de ces mesures.La question vient vite de l’usage de ce texte, de l’engagement qu’il peut représenter face aux Français.

Ce débat intervient dans la période de crise que l’on connaît. Les français attendent qu’on leur propose un espoir, une alternative, qu’on leur dessine les lignes de force d’un projet. Ce catalogue ne répond pas à cette préoccupation. Le Ps n’a pas tiré les conséquences du fait que dans les institutions françaises de la Véme République, cette alternative se construit au moment des élections présidentielles. Ce sont les candidats qui en construisent progressivement la cohérence, en termes de contenu, de rassemblement, ce qu’avait parfaitement intégré François Mitterrand (dans les communes ou les régions ce sont les têtes de liste qui produisent cette alchimie).

La difficulté aujourd’hui, c’est ce décalage entre un ensemble un peu fourre tout de propositions, et une absence de candidat pour les porter dans un projet cohérent et crédible. La méthode choisie par le PS de désigner son candidat en novembre 2011 ne va faire qu’accentuer ce malaise. Je l’ai en son temps regretté au moment du choix des primaires, et c’est la raison pour laquelle je n’ai pas voté ce calendrier.

Peut-on reprocher à des candidats potentiels de lier ces deux moments ? Ont-ils tort de poser dès maintenant le problème de la cohérence des propositions ? Peut on leur reprocher de penser à ce qui est possible et ce qui ne l’est pas, de ne pas adopter des propositions qu’ils ne pourraient pas tenir ?

Présenter ce débat comme étant celui entre une aile droite et une aile gauche, entre réalistes et ambitieux est ubuesque. L’immobilisme se cache souvent des oripeaux des plus grandes ambitions irréalisables ! Etre de gauche ce n’est pas « tout promettre avant », vouloir tout changer, et gérer après, les contraintes, sans priorité ! Serait ce être de droite que de vouloir tenir ses promesses ? Marisol Touraine a raison en disant que « Personne ne peut voter ce texte en l’état, s’il est candidat », si on risque de confondre ce texte avec le projet du candidat.

Le problème n’est pas de voter ou non ce texte, au demeurant sans portée, de fait. Il est de construire un projet qui se situe clairement par rapport à la situation financière du pays, un projet qui précise clairement ce qui relève de l’impulsion étatique et ce qui relève des institutions décentralisées, un projet qui annonce clairement ses priorités dans la crise que nous traversons. C’est autour d’un candidat qui le porte, que peut se construire un tel projet.

Un orchestre sans musiciens ne fait rien. Sans chef d’orchestre reconnu, les musiciens jouent mais dans la cacophonie : c’est la période dans laquelle nous sommes. Attendre novembre 2011 est suicidaire pour la gauche, c’est laisser un boulevard à Sarkozy qui vient d’ailleurs avec le remaniement gouvernementale, de se mettre en ordre de marche pour les seulement 16 mois qui nous séparent des Présidentielles. Le choix d’un candidat, c’est le choix d’un projet, c’est le choix d’un rassemblement !

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