Après les magistrats, les diplomates ? Un groupe de diplomates français fustige, dans une tribune «On ne s'improvise pas diplomates ", publiée dans Le Monde, l’“amateurisme” de la politique extérieure du président de la République.
L’Élysée et le gouvernement accusent à mots couverts les diplomates, de ne n’avoir pas anticipé le renversement de Ben Ali en Tunisie : comme avec les magistrats le gouvernement essaie de faire porter aux fonctionnaires ses propres échecs. Certains se révoltent !
Évoquant la Tunisie, l’Égypte, mais aussi les relations franco-mexicaines affectées par l’affaire Cassez, le groupe “Marly” – du nom du café parisien où ces diplomates, actifs et retraités, se sont réunis près du Louvre – rejette la responsabilité des “déboires” récents de la politique extérieure française sur le président de la République et son entourage (ah, ces conseillers !!)
“À l’écoute des diplomates, bien des erreurs auraient pu être évitées, imputables à l’amateurisme, à l’impulsivité et aux préoccupations médiatiques à court terme”, écrit ce groupe. “Un WikiLeaks à la française permettrait de vérifier que les diplomates français ont rédigé, comme leurs collègues américains, des textes aussi critiques que sans concessions”.
Ces diplomates ont été choqués par du renvoi à Paris de l’ancien ambassadeur à Tunis, Pierre Ménat , remplacé par un proche de Nicolas Sarkozy, Boris Boillon, dont les débuts ont été marqués par plusieurs « belles sorties ».
Le groupe Marly évoque l’Union pour la Méditerranée, “lancée sans préparation” et “sinistrée”, ou la politique au Moyen-Orient, “qui est devenue illisible, s’enferre dans les impasses et renforce les cartes de la Syrie”.
Court-circuité par la cellule diplomatique de l’Élysée, et secoué par la polémique sur le voyage de Michèle Alliot-Marie en Tunisie fin 2010, frappé par les restrictions budgétaires, le Quai d’Orsay est en pleine « dépression », comme l’illustrent ces diplomates dans Le Monde : “Nous sommes à l’heure où des préfets se piquent de diplomatie, où les plumes conçoivent de grands desseins, où les réseaux représentant des intérêts privés et les visiteurs du soir sont omniprésents et écoutés”.
Si ce ne sont pas les fonctionnaires qui fixent les orientations politiques, on ne le fait pas sans eux, ni contre eux !
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