Juin 22

Primaires à gauche : merci Monsieur Copé de votre publicité !

Copé critique grossièrement les primaires organisées par le Parti Socialiste, et ce faisant leur donne une publicité dont elle n’avait jamais bénéficié !

L’opinion est largement favorable à cette démarche : Sarkozy l’avait bien senti en 2007 lorsqu’il en voulait pour échapper à ses concurrents potentiels, pour éviter une candidature concurrente, en particulier celle de Dominique de Villepin. Le ministre de l'intérieur n'avait donc de cesse de vanter l'idée de laisser aux militants le soin de trancher. "Il faut en finir avec la vieille politique qui n'a plus aucun rapport avec ce qu'est devenue la France aujourd'hui […]. Je n'hésiterai pas à faire trancher par les adhérents les problèmes et les divisions. J'irai jusqu'au bout de cette stratégie", promettait-il aux militants en avril 2005.

Bernard Accoyer, alors chiraquien, avait proposé d'élargir l'idée de cette primaire aux "sympathisants" non encartés, voire même "aux électeurs de la droite et du centre". "Je constate


que, en Italie, Romano Prodi et la gauche ont organisé des primaires, non avec les seuls militants mais aussi avec les sympathisants, et que cela change considérablement la donne politique (…). Cette remarque nourrit ma réflexion", notait le patron des députés UMP de l'époque. Une manière de redonner du champ à une candidature concurrente à celle de Nicolas Sarkozy.

Jusqu'en mars 2010, l'UMP assurait qu'une primaire aurait bien lieu aussi pour 2012. "Quel que soit le statut du candidat, qu'il soit ancien président ou pas, il passera par le vote des militants", promettait Xavier Bertrand. Depuis, l'Elysée comme Jean-François Copé ont changé de cap. Il n'y aura pas de primaire avec d'autres candidats que Nicolas Sarkozy. Qui pourra choisir ou non de demander un vote de confirmation aux militants du parti.

Copé, conteste la légalité de l’opération : « cette consultation est absolument légale » déclarait récemment M Guéant, ministre de l’intérieur qu’on ne peut accuser d’être proche des socialistes!

Cette procédure a obtenu le feu vert, outre du Ministère de l’intérieur, du conseil constitutionnel, de la CNIL, de la commission nationale des comptes de campagne et de financement des partis. M Cope utilise un curieux argument pour faire peur : ceux qui ne voteraient pas serraient comme « fichés » ! Étrange car qu’en est il pour des élections ordinaires : le même argument vaudrait !

En réalité cette procédure gène l’UMP pour plusieurs raisons : elle met en contrepoint un étrange mode de désignation dans ses propres rangs : certains à droite aimeraient bien des primaires !

Mais c’est un danger pour la droite car elles devraient créer une réelle dynamique à gauche, une véritable rampe de lancement, en portant le débat sur les thèmes de la gauche, permettant de renforcer l’espoir d’une alternance en 2012.

 Les socialistes ont appris des primaires internes de 2007. Ils savent ce qu’a coûté l’absence d’unité, malgré la dynamique créée par la candidate Ségolène Royal qui avait réussi le pari de remplir le stade Charlety. Ils ont appris, et ses responsables ont la volonté du rassemblement autour de la candidate ou du candidat.

Les primaires enfin, donneront, par leur ampleur (d’où le souhait de Copé de faire peur aux électeurs) une légitimité à celui ou celle, qui aura été désigné, un appui pour les mois de campagne qui suivront, que n’aura pas Sarkozy

Le danger pour ces primaires ne vient pas de la droite mais de la réticence que pourraient avoir encore certains à gauche, à débattre, à ouvrir, à favoriser cette rencontre entre un candidat et le peuple qui fait la marque d’une élection présidentielle, au delà des habituels jeux internes d’alliances entre les courants traditionnels.

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