Alors que les employés et les ouvriers représentent plus de la moitié de la population active, seul 1% des députés proviennent de leurs rangs. A l’inverse, les cadres et professions intellectuelles supérieures représentent 59 % de l’ensemble. Avec les professions libérales, ils forment les trois quarts des députés.
C’est le constat préoccupant que fait l'Observatoire des inégalités. Préoccupant car inévitablement les préoccupations des uns et des autres ne sont pas les mêmes, et comment s’étonner après de la coupure entre les élites et le peuple. : «L’assemblée nationale : miroir déformé ou microcosme » comme le demandait Dominique Andolfatto dans la revue politique et parlementaire?
Si cette situation n’est pas nouvelle, et je l’ai déjà évoquée ici , elle empire d’élection en élection : il y avait 98 Députés ouvriers ou employés en 1945 (pour 522 Députés) contre 31 en 1981 (pour 491 députés) et seulement 10 en 2007 (mais pour 577 députés !)
Pour se faire élire, il faut pouvoir mobiliser des moyens importants, notamment financiers. Il est préférable d’appartenir aux réseaux du pouvoir, et de plus en plus, trop d’élus sont d’anciens de cabinet ou des permanents de partis. Mais il faut aussi savoir et oser s’exprimer en public, notamment. Toutes ces compétences vont souvent de pair avec un bon niveau de diplôme et un niveau de vie suffisant. Il faut aussi pouvoir être candidat, c’est-à-dire y consacrer de longues heures au-delà de son temps de travail.
Enfin, il faut assumer le risque d’un "retour sur terre" difficile en cas de non réélection. Dans ce domaine, les catégories les plus avantagées sont les fonctionnaires – qui peuvent se mettre en disponibilité – et les indépendants qui peuvent faire gérer leurs affaires par un tiers (par exemple les médecins ou les avocats). Enfin, les partis politiques ne sont plus des partis de masse, ils rassemblent des militants d’origine sociale très supérieure à la moyenne du pays.
Alors que la parité entre les sexes occupe largement et légitimement le débat public, peu nombreux sont ceux qui s’inquiètent de l’immense sous représentation des groupes sociaux les moins favorisés. Pourtant, cette quasi absence de représentation n’est pas, comme pour les femmes, sans conséquence sur les politiques publiques mises en œuvre. Cette question ne peut pas être ignorée dans une réflexion sur le statut de l’élu et le cumul !
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