Près de 10 millions de Tchèques élisent ce jour , au suffrage universel direct pour la première fois de leur histoire, le président de la République. Sans majorité absolue, un 2e tour de scrutin aura lieu dans deux semaines , soit les 25 et 26 janvier. Vaclav Klaus (Parti démocrate-civique, ODS), en poste depuis 10 ans (7 mars 2003) et ayant réalisé deux mandats consécutifs, n’est pas autorisé à se représenter. La Fondation Robert Schuman analyse ici les enjeux du scrutin.
Depuis 1993, le président tchèque était élu au scrutin secret par les membres des deux chambres du Parlement (la Chambre des députés et le Sénat) qui, à l'occasion de cette élection, se réunissaient ensemble au siège officiel de la présidence. La dernière élection présidentielle des 8 et 15 février 2008 avait été houleuse et difficile, entachée d'accusations de corruption et de multiples pressions sur les parlementaires. Deux scrutins avaient été nécessaires pour réélire Vaclav Klaus à la tête de l'État.
A la suite de ces difficultés, une nouvelle loi sur l'élection du président tchèque au suffrage universel direct est entrée en vigueur le 1er octobre 2012. Pour se présenter, tout candidat doit recueillir le soutien d'au moins 20 députés ou de 10 sénateurs ou encore les signatures de 50 000 électeurs. Enfin, la loi électorale limite les frais de campagne des candidats à la magistrature suprême à 40 millions de couronnes (soit 1,5 million d'euros) (50 millions de couronnes pour les 2 tours de scrutin, soit 2 millions d'euros). La question est de savoir si Le problème de la politique tchèque résulte de la faiblesse des présidents de la République, ou de la faiblesse des gouvernements.
9 personnes sont officiellement candidates à l'élection présidentielle :
1) Jan Fischer (indépendant), 61 ans, ancien Premier ministre (2009-2010).
2) Jiri Dienstbier (CSSD), 43 ans, vice-président du Parti social-démocrate, soutenu par un groupe de 28 sénateurs et défend une plus grande intégration européenne ;
3) Milos Zeman (Parti des droits des citoyens, SPOZ), 68 ans, ancien Premier ministre (1998-2002).
4) Premysl Sobotka (ODS), 68 ans, vice-président du Sénat, soutenu par un groupe de 41 députés et 23 sénateurs.
5) Karel Schwarzenberg (TOP 09), 74 ans, actuel ministre des Affaires étrangères, soutenu par un groupe de députés. Il se veut le seul réel opposant au président sortant Vaclav Klaus ;
6) Zuzana Roithova (Union chrétienne-démocrate-Parti du peuple, KDU-CSL), 59 ans, députée européenne et ancienne ministre de la Santé (janvier-juillet 1998)
7) Tatana Fischerova (indépendante, mais soutenue par le Parti des Verts, CZ), 65 ans, comédienne. Ancienne députée de l'Union de la liberté-Union démocrate (US-DEU) entre 2002 et 2006, elle a fondé en 2008 l'association Klicové hnuti (Le mouvement clé) qui prône une indépendance totale de la politique, de l'économie et de la sphère culturelles.
8) Vladimir Franz (indépendant), 53 ans, compositeur et peintre ; il veut "mobiliser la société civile, pour que les gens réfléchissent davantage, lisent entre les lignes et ne permettent à personne de leur tondre la laine sur le dos";
9) Jana Bobosikova (Souveraineté, SBB), 48 ans, ancienne directrice de la rédaction de l'information de la télévision publique et ex-députée européenne (2004-2009) nationaliste et opposée à l'Union européenne.
La gauche tchèque est quelque peu divisée pour ce scrutin présidentiel. Jiri Dienstbier, candidat officiel du Parti social-démocrate, est fortement concurrencé au sein de l'électorat de gauche par Milos Zeman, qui a dirigé le parti d'opposition entre 1993 et 2002 avant de la quitter il y a 5 ans. Les analystes s'interrogent sur ce que feront les sympathisants du Parti communiste de Bohème et Moravie (KSCM) lors du 1er tour.
Jan Fischer et Milos Zeman ont également été pointés du doigt en raison de leur adhésion à l'ancien Parti communiste de Tchécoslovaquie (KSC) qui a dirigé la Tchécoslovaquie de 1948 jusqu'à la révolution de velours fin 1989. Le premier en a été membre de 1980 à 1989 et le second entre 1968 et 1970 (année où il en a été exclu).
A un mois de l'élection, Jan Fischer et Milos Zeman figuraient en tête des enquêtes d'opinion. Le candidat indépendant recueillait 25 % des suffrages au 1er tour de scrutin, tandis que celui du Parti des droits des citoyens obtenait 25,6 % des voix.Le social-démocrate Jiri Dienstbier arrivait en 3e position avec 10,6 % des suffrages.
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