Un sondage récent de l’IFOP pour Acteurs Publics, nous apporte quelques éléments sur la décentralisation vue par les Français, qui ne sont pas nécessairement ceux auxquels on pouvait s’attendre. Ils différent quelque peu de l’approche qu’en avaient les élus locaux à travers les états généraux de la démocratie territoriale organisés par le Sénat il y a quelques mois, et éclairent peut être une partie du choix des Alsaciens
D’abord la décentralisation, c’est-à-dire le transfert de compétences aux collectivités locales (région, département, communes), se traduit pour 71% des personnes interrogées plutôt par des surcoûts engendrant une augmentation des impôts locaux. Seuls 29% pensent à l’inverse qu’il a permis des économies dans la gestion des services publics.
Il est intéressant de relever que cette perception transcende largement les affiliations partisanes: ainsi, 65% des proches de la gauche et 77% des sympathisants de droite envisagent d’abord un bilan financier négatif. Ce regard s’explique certainement par une exigence désormais plus soutenue de l’opinion quant à la maîtrise des budgets publics, y compris à un niveau local.
La raideur du jugement progresse avec l’âge (la part des personnes considérant que la décentralisation a entrainé des surcoûts passe ainsi de 60% parmi les 18-24ans à 79% au de là de 65ans).
Dans cette perspective, les attentes des Français concernant l’avenir de la décentralisation et le contenu du Futur projet de loi portent logiquement de façon prioritaire sur les éléments à même de conduire à une meilleure maîtrise des finances publiques des collectivités.
Ainsi, 40% des personnes interrogées réclament qu’on leur impose Des règles plus strictes en matière comptable et financière, et une Proportion équivalente souhaite que la loi puisse permettre des économies, par des moyens plus adaptés aux enjeux locaux. Egalement citée par souci d’économie, la réduction du nombre de Fonctionnaires territoriaux arrive en quatrième position (évoquée par 35% des interviewés).
L’un des objectifs au cœur du projet de décentralisation, depuis que celui-ci a vu le jour au début des années 80, à savoir la prise de décision au plus près de la réalité des territoires, figure en bonne place dans les priorités (mentionné par 38% des répondants). Mais c’est le seul dans la liste des items testés par l’IFOP. Le renforcement des services publics locaux (21%),Plus encore celui de la capacité d’investissement des Collectivités locales(16%) ou encore des pouvoirs des Elus locaux(14%),certainement associés par l’opinion à un risque d’accroissement de la dépense publique, sont relégués parmi les dernières priorités des Français. Notons pour terminer que la réforme souvent évoquée d’une meilleure lisibilité des compétences de chaque échelon local n’est abordée que par 24% des interviewés.
Invités à distinguer les domaines d’action publique qui doivent relever d’une compétence locale et ceux qu’il est préférable de confier au pouvoir national, les Français semblent adopter une attitude plutôt jacobine. En effet, sur une majorité de sujets testés, c’est à l’Etat que Les personnes interrogées souhaitent attribuer la compétence. On relève en particulier que pour quatre domaines d’action, la quasi-unanimité des interviewés estime qu’ils doivent relever du niveau national: La recherche (94%), la justice (92%), la santé (88%) et l’éducation (84%), (alors même que pour ce dernier domaine, les collectivités jouent un rôle important dans les faits aujourd’hui,) l’opinion privilégiant certainement sur ces sujets l’égalité entre les Français et les territoires, à des formes plus décentralisées d’intervention.
Il est par ailleurs frappant de constater que pour certaines thématiques, au sujet desquelles les gouvernements successifs sont régulièrement considérés comme étant en échec, les personnes interrogées continuent majoritairement de vouloir laisser les manettes à l’Etat: l’emploi (63%), la sécurité (71%), ou encore la dépendance (60%). Même la formation professionnelle, pourtant compétence dépendant aujourd’hui largement des régions, devrait ainsi constituer une compétence nationale (57%).
Les domaines dans lesquels les collectivités pourraient exercer des compétences sont minoritaires et relèvent davantage dans l’esprit des Français d’une gestion de situations spécifiques, liées aux particularismes territoriaux qu’il s’agit de bien connaître avant de prendre une décision, ou encore d’une affectation la plus fine possible des subsides financiers. Il s’agit de l’urbanisme(78% considèrent que ce domaine doit être une compétence locale),des transports (71%),du logement (69%),de l’insertion et de l’accompagnement social (64%),ou encore des aides au développement des entreprises (51%).
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