Mai 07

La terre ne se cultive pas sans eau, l’eau ne se gère pas sans la terre !

ImagesCAEB29IAL’eau est en interaction étroite avec la terre. Elle doit donc être gérée et utilisée de manière optimale par l’agriculture française pour que celle-ci puisse durablement relever les nombreux défis auxquels elle est confrontée : renforcer notre autonomie alimentaire, fournir une eau potable de qualité, préserver les milieux et les équilibres naturels, permettre les autres usages (industriels, domestiques..) et s’adapter au changement climatique.

L’ampleur et la complexité de ces enjeux de société appellent la mise en œuvre de solutions globales et pérennes au niveau des territoires. Les mutations contemporaines des modes de production agricoles ont des conséquences sur le cycle naturel de l’eau et sur les équilibres de cette ressource. L’occupation de l’espace rural et les procédés d’exploitation des terres influencent la quantité et la qualité de l’eau disponible sur un bassin versant. Les relations entre l’eau et l’agriculture constituent donc un enjeu majeur de société.

C’est le sens d’un nouveau rapport du Conseil Économique Social et Environnemental « la gestion et l’usage de l’eau en agriculture » au plan national, même si Les chemins à emprunter sont différents selon les territoires et leurs enjeux. Il n’y a pas d’opposition fondamentale entre l’indispensable développement de l’agriculture, le maintien de la qualité de l’eau et la préservation des milieux aquatiques. Cette transition ne peut se faire sans mesures adaptées pour accompagner les agriculteurs et les autres acteurs socio-économiques. La reconquête progressive, et donc collective, des équilibres environnementaux est un vecteur d’innovations sociales et techniques, permettant une gestion sécurisée sur le long terme des biens communs vitaux que sont l’eau et l’alimentation. Il ne s’agit pas d’établir de quelconques responsabilités, mais de rechercher des solutions efficaces pour relever les défis actuels et à venir.

Les principales préconisations :

FAIRE DE LA POLITIQUE DE PROTECTION DES CAPTAGES D’EAU POTABLE UN LEVIER POUR LA RECONQUÊTE GLOBALE DE LA QUALITÉ DES EAUX

– Conforter cette politique et en faire un enjeu d’aménagement du territoire

– Agir sur les zones les plus sensibles des aires d’alimentation des captages par une priorité renforcée aux systèmes générant le moins de pollutions diffuses : agriculture biologique, forêt, agroforesterie, une sortie rapide de l’utilisation des produits phytosanitaires de synthèse, une compensation financière en contrepartie d’exigences durables plus fortes et d’obligations de résultats quantifiés.

METTRE EN PLACE UNE GESTION INTEGRÉE DE LA PARCELLE AU BASSIN VERSANTET RECHERCHER L’EFFICIENCE ÉCONOMIQUE ET ÉCOLOGIQUE DES EXPLOITATIONS

– Permettre à chaque exploitation de déterminer une stratégie agro-écologique en développant les procédés agronomiques pour réduire l’emploi des intrants de synthèse et en renforçant leur appropriation et la formation grâce à des financements provenant d’une redevance progressive sur les engrais azotés minéraux et de l’augmentation de celle la redevance sur les phytosanitaires

 - Réduire les sources de pollution principales en renforçant le lien entre systèmes de production et services écologiques en soutenant les exploitations agro-écologiques à bas niveaux d’intrants pour favoriser des transferts d’expériences, en produisant des références agronomiques, économiques et écologiques et en veillant à la cohérence territoriale des réglementations et à leur appropriation par les agriculteurs

– Mieux intégrer l’hydraulique agricole dans la gestion hydrologique des bassins

– Définir le cadre juridique et financier du « remembrement écologique »

– Valoriser durablement dans les territoires les apports de l’agro-écologie

RÉDUIRE LES VULNÉRABILITÉS DE L’AGRICULTURE AUX ALÉAS MÉTÉOROLOGIQUES ET FAVORISER LES ADAPTATIONS AU CHANGEMENT CLIMATIQUE

– Choisir des productions et des systèmes adaptés aux conditions pédoclimatiques pour prévenir les conséquences des sécheresses et inondations

– Anticiper les effets du changement climatique en favorisant la résilience des productions agricoles

PRIVILÉGIER L’IRRIGATION EFFICIENTE ET PARTAGER ÉQUITABLEMENT LA RESSOURCE

– Inscrire l’irrigation dans les équilibres territoriaux du grand cycle de l’eau en généralisant la définition des priorités d’usages et la répartition des volumes prélevables entre catégories d’utilisateurs et en inscrivant les transferts de ressource dans une approche d’aménagement du territoire

– Optimiser et mieux répartir l’eau d’irrigation disponible en organisant la répartition équilibrée du volume prélevable agricole, en intégrant dans une politique nationale la création des « retenues de substitution » , et en réservant les financements publics à des programmes territoriaux visant en priorité des pratiques agro-écologiques des productions alimentaires et/ou à fort taux d’emplois

– Moderniser et mettre en place des systèmes de gestion collective adaptés au territoire en maintenant en zone agricole protégée les territoires desservis par un réseau collectif d’irrigation, en limitant les prélèvements (modernisation des réseaux, développement de systèmes de tarification innovants, régulation des acteurs locaux)

AMÉLIORER LES CONNAISSANCES ET RENDRE PLUS COHÉRENTE LA GOUVERNANCE

– Intensifier les actions de recherche transversales et les stratégies d’accompagnement liées – Faire de l’échelle hydrographique l’unité d’action locale

– Rendre plus préventive et incitative l’action des agences de l’eau

– Poursuivre le rééquilibrage des contributions des différents types d’usagers et rechercher une meilleure équité pour les financements publics

– Assurer un pilotage national et rendre plus efficace la police de l’eau

– Articuler la politique de l’eau avec les politiques communautaires, dont la PAC

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