L’agitation politique sur la fusion des régions bat son plein à l’assemblée : on rebat les cartes à chaque instant comme pour mieux faire illusion !
La vision jacobine de la recomposition des territoires, comme la réorganisation de l’action publique à l’aune des fusions, sont affligeantes! Une « aberration économique et sociale » pour Martine Aubry !
Quoi qu’il en soit le résultat en est une perte de proximité, une incertitude dans les projets, des divisions artificielles qui atteindront leur point culminant quand il faudra décider des capitales : bref une paralysie de l’action publique au moment où comme vient de le rappeler le Président de la République, la priorité devrait être la lutte contre le chômage, le redressement productif, l’investissement dans des projets d’avenir, la lutte contre les déficits….
En abordant le découpage des territoires avant d’aborder leurs compétences ou leurs moyens, on ne règle toujours pas ce qui devrait être l’essentiel de la réforme :
– la clarification sur qui fait quoi parmi les collectivités
– le rôle de l’Etat au niveau local
– la progression de la démocratie locale : on ne parle d’ailleurs plus maintenant de « décentralisation » mais de « réforme territoriale » !
Les collectivités locales s’enfoncent doucement dans les difficultés financières alors qu’elles assurent normalement 75% de l’investissement public.
On ne sait plus quel est le sens de cette “réforme”:
– faire des économies, personne n’y croit, tant on sait que l’harmonisation des politiques, des rémunérations …aura un coût
– la simplification de l’action publique : beaucoup l’attende, elle reste à venir et la réforme de l’Etat inconnue, et fusion est tout sauf simplification !
– la compétitivité des territoires : elle n’est pas liée à la taille, et les comparaisons européennes ont fait long feu !
Recomposer les territoires d’en haut relève d’une vision centralisatrice, qui ignore la diversité des territoires ; le faire exigerait au moins une vision qui n’oscille pas entre d’une part l’histoire ou une approche identitaire, et d’autre part, une prise en compte plus moderne du fonctionnement de ces territoires, tenant compte des réseaux , des infrastructures autour desquelles ils s’organisent : le télescopage des deux démarches aboutit aux incohérences où vont coexister des régions à deux ou dix départements, ou aux contours incompréhensibles!
Les décisions vont tomber, les rancœurs vont s’installer, les déceptions quant aux conséquences vont être douloureuses….Les conséquences politiques peuvent être redoutables !
Faut-il le rappeler que les limites administratives ne sont jamais adaptées à toutes les questions à traiter ; l’importance c’est la clarté dans les responsabilités des acteurs et leur capacité à coopérer et à fonctionner en réseau ! Ne perdons pas notre temps dans des redécoupages sans objet, illusoires, et imposés d’en haut!
Pour mémoire, l’engagement 54 de François Hollande en 2012 :
“J’engagerai une nouvelle étape de la décentralisation en associant les élus locaux. Je ferai voter une loi sur le renforcement de la démocratie et des libertés locales. Elle prévoira notamment l’abrogation du conseiller territorial et la clarification des compétences. Un pacte de confiance et de solidarité́ sera conclu entre l’Etat et les collectivités locales garantissant le niveau des dotations à leur niveau actuel. Je reformerai la fiscalité́ locale en donnant plus d’autonomie aux communes, aux départements et aux régions, en contrepartie d’une plus grande responsabilité. Une véritable péréquation sera mise en œuvre.”
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