Déc 05

Denis Mukwege , lauréat du Prix Sakharov 2014 : Un gynécologue qui se bat pour les droits des femmes

  • 20141009PHT73527_landscape_600_300Le Prix Sakharov décerné par le Parlement européen a été attribué cette année à Denis Mukwege de la République démocratique du Congo pour son combat pour la protection des femmes.

Ce chirurgien gynécologue congolais, surnommé le « Juste qui répare les femmes » dans son pays  a ouvert un centre de soins dans le sud-Kivu, région de République démocratique du Congo en proie à de violents combats depuis plusieurs années, où il a soigné plus de 40 000 femmes et petites filles victimes de violences sexuelles depuis 1996.

Le viol est utilisé comme une véritable  arme de guerre dans de nombreux conflits armés de par le monde, et Denis Mukwege le sait bien. Pour lui « Chacun de nous doit comprendre que le viol n’est pas simplement  une relation sexuelle non consensuelle. Dans un contexte de conflit, le viol est utilisé comme arme d’humiliation, pour déshumaniser les femmes. Le viol d’une femme ou d’un enfant devant tout le monde et en détruisant leurs organes génitaux n’a rien de sexuel, c’est une humiliation, une destruction vicieuse.

Le viol a les mêmes conséquences,  et peut être des conséquences plus graves, que les armes classiques. D’abord, il provoque le déplacement massif de la population. Ensuite, tout comme les armes classiques, le viol détruit la population ennemie. Certaines de ces femmes ne pourront plus avoir d’enfants. Et même si elles le peuvent, leur fertilité est très faible. Enfin, ces conséquences peuvent se transmettre de génération en génération. Ces femmes continueront à vivre et à contaminer les gens du village, si elles sont atteintes d’une maladie sexuellement transmissible. Elles pourraient aussi transmettre la maladie à leurs enfants. Celles qui tombent enceintes auront des enfants sans filiation, ce qui contribue à la destruction du lien social.

La communauté internationale doit tracer une ligne rouge sur l’utilisation des armes chimiques, nucléaires ou biologiques. Nous, hommes et femmes, devons demander cette ligne rouge pour le viol, une arme pas chère, accessible et très destructrice. »

Le prix Sakharov pour la liberté d’expression , nommé en l’honneur du scientifique et dissident soviétique Andrei Sakharov, fut créé en 1988 par le Parlement européen pour honorer les personnes ou les organisations qui ont consacré leur existence à la défense des droits de l’homme et des libertés. EN 1988, Nelson Mandela en fut le premier lauréat

 La remise de ce prix « pour la liberté de pensée », qui récompense une action remarquable dans le domaine de la défense des droits de l’homme et des libertés fondamentales, porte certes un nom russe. Le nom de ce prix semble doucement ironique à l’heure actuelle, mais moins quand on sait que ce scientifique était considéré comme un dissident en Union soviétique durant la Guerre froide.

 Faisant appel aux valeurs fondatrices de l’Union européenne, il nous rappelle ainsi que la liberté de conscience s’acquiert, qu’elle semble relever de l’évidence mais qu’elle n’en demeure pas moins fragile. Et qu’il faut parfois se battre pour la préserver. Les députés européens l’ont parfaitement compris, et certains d’entre eux ont déjà exprimé leur volonté d’engager l’Union européenne dans ce combat.

 Malala Yousafzai a remporté le prix l’année dernière pour son combat pour l’éducation des filles au Pakistan.

 

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