Fév 27

Législatives en Estonie : un scrutin sur fond d’Ukraine et de niveau de vie ?

aaaaeston979 910 Estoniens sont convoqués aux urnes ce dimanche 1er mars   pour renouveler les 101 membres du Riigikogu, chambre unique du Parlement. Ces élections législatives interviennent un an (4 mars 2014) après la démission du Premier ministre Andrus Ansip (Parti de la réforme, ER) qui a dirigé l’Estonie durant 9 ans (2005-2014). A la suite du retrait du chef du gouvernement, une nouvelle coalition gouvernementale a vu le jour. Formée par le Parti de la réforme et le Parti social-démocrate (SDE) de Sven Mikser, elle est dirigée par Taavi Roivas.

Le Riigikogu, chambre unique du Parlement, compte 101 membres, élus tous les 4 ans au scrutin proportionnel au sein de 12 circonscriptions plurinominales comprenant au minimum 6 sièges et au maximum 13. Le mode de scrutin est proportionnel et les électeurs peuvent choisir l’ordre des candidats sur leur bulletin de vote.

4 partis politiques sont actuellement représentés au Riigikogu selon une note de la fondation Schuman :

–  le Parti de la réforme, du Premier ministre Taavi Roivas, compte 33 députés ;

–  le Parti du centre possède 26 sièges ;

–  l’Union pour la patrie-Res Publica (IRL), alliance de deux partis conservateurs, compte 23 députés ;

– le Parti social-démocrate (SDE), ancien Parti populaire des modérés créé en 1990 et parti de l’actuel président de la République Toomas Hendrik Ilves , possède 19 sièges.

imagesXNMHVSWW Les questions de défense dans un contexte de guerre en Ukraine, le niveau de vie et par conséquent celui des salaires constituent les principaux thèmes de la campagne électorale.

Le Parti de la réforme est au pouvoir en Estonie depuis 2005. Il aime à se donner l’image d’un parti compétent qui gère au mieux le pays. Il peut pour cela s’appuyer sur les indicateurs économiques : la croissance s’élève à 2,7% (2% prévus en 2015) ; la dette publique s’établit à 10,4% du PIB (la plus faible de la zone euro – 96% en moyenne – et 85,4% dans l’Union européenne) et le déficit public est négatif (- 0,1% pour 3,3% en moyenne des Vingt-huit). Enfin, le chômage touche 6,9% de la population active.

Le Parti du centre a choisi de se rassembler derrière son dirigeant Edgar Savisaar (il est à la tête du parti depuis 1991), un choix qui le condamne sans doute à 4 nouvelles années dans l’opposition puisque tous les autres partis excluent de s’allier avec le leader centriste.

Le dirigeant social-démocrate Sven Mikser a beau affirmer qu’il ne faut pas avoir peur d’Edgar Savisaar, il refuse toute coopération avec le Parti du centre. La situation économique et sociale constitue pour Sven Mikser le véritable enjeu des élections. Le Parti social-démocrate propose d’augmenter le salaire minimum, à 800 € en 4 ans. Il pense compenser cette mesure auprès des entreprises par une baisse de trois points (de 33% à 30%) des charges sociales pour les sociétés situées en dehors de Tallinn

Pour l’Union pour la patrie-Res Publica (IRL) dont le slogan pour la campagne électorale est « Un meilleur système fiscal, une meilleure éducation, un meilleur emploi, un meilleur salaire », la sécurité économique constitue le premier enjeu de la campagne électorale, suivi par l’amélioration de niveau de vie des travailleurs.

Le Parti populaire conservateur (EKRE), issu de la fusion en 2012 de l’Union du peuple et du Mouvement patriotique, dirigé par Mart Helme et actuellement non représenté au parlement, a fait de la lutte contre l’émigration l’un de ses chevaux de bataille.

Les Verts, conduits par Aleksander Laane, promettent de sortir 100 000 personnes de la pauvreté, de réduire l’émigration et d’accroître la natalité. Le sujet est sensible dans un pays qui a perdu 3 600 habitants en 2014 (la République balte compte 1 312 300 habitants).

 Selon une enquête d’opinion réalisée par l’institut TNS Emor , le Parti de la ré­forme arriverait en tête de ces  élections . Avec 25% des suffrages, il devancerait le Parti du centre, qui en recueillerait 22%. Le Parti social-dé­mocrate obtiendrait 18% et l’Union pour la patrie-Res Publica 15%.

Le Parti populaire conservateur (EKRE) est crédité de 5% des voix et le nouveau Parti libre d’Estonie, de 8%. Un nombre de partis plus important qu’habi­tuellement pourraient donc franchir le seuil de 5% du total national des suffrages exprimés et entrer au parlement. Ce résultat pourrait bouleverser l’équilibre actuel, au point d’empêcher la reconduction de la coa­lition qui rassemble le Parti de la réforme et le Parti social-démocrate

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