Fév 02

N’instrumentalisons pas en France, la victoire de Syrisa en Grèce !

imagesCAO96SLKLa victoire électorale de Syriza est  la victoire de la démocratie. Le « peuple » s’est exprimé et appelle de ses vœux un changement ; il incombe aux élus d’en tenir compte. Cette victoire a été acquise sur la promesse de maintenir la Grèce au sein de l’UE et de l’Eurozone, mais aussi d’alléger la pression de l’austérité. Le mandat de Syriza, c’est de trouver avec l’Europe une solution qui fasse moins mal et permette enfin au pays de se redresser.

C’est entendu, tout le monde aime Syriza. Du moins en France. Même Marine Le Pen, que l’étiquette « d’extrême-gauche radicale » généralement attribuée au mouvement grec, n’effraye pas. Et ce n’est pas illogique que chacun s’y retrouve un peu, puisque Alexis Tsipras lui-même n’a pas attendu pour aller chercher à droite, chez les souverainistes, son allié de gouvernement.

Duflot, Melenchon et Laurent rêvent maintenant d’un destin à la Syrisa : mais qu’est ce qui les réunit, si ce n’est de diviser encore un peu plus la gauche pour des intérêts partisans inavoués si ce n’est contre le PS, sans aucun programme construit !

La baisse généralisée des revenus, la désagrégation des services publics, la dilapidation du patrimoine national, au nom de la nécessité pour chacun de payer ses dettes, a rendu la Grèce exsangue, l’a humiliée… La France n’a pas pour l’instant connu le dixième de cette politique d’austérité.

Reste que la victoire de Syriza pèse sur le devenir de l’Europe tout entière.  Quel que soit le compromis auquel parviendront, vraisemblablement, la Grèce et ses créanciers, la victoire du rassemblement anti-austérité, intervient à un moment ou beaucoup après la BCE, et plusieurs chefs de gouvernement autour de François Hollande et Matteo Renzi , demandent une inflexion de la politique européenne pour plus d’investissements, plus de croissance.

La Grèce a progressé comme je l’indiquais ici : après 6 années de récession, l’économie grecque   renoue  avec la croissance grâce à une moindre baisse de la consommation des ménages et à la reprise du tourisme. De même, le déficit public représente 0,2% du PIB alors qu’il s’élevait à 15% il y a 5 ans … Et il n’est pas inimaginable de renégocier les conditions de la dette existante (échéance – taux d’intérêt) et les contreparties exigées par les créanciers (réformes – engagements).

D’autres réformes restent indispensable pour réduire la corruption ou le travail noir, pour que l’Eglise ou les grands propriétaires fonciers , les armateurs paient leur juste part des contributions fiscales

Des concessions qui ne seraient pas encadrées par un accord de stabilisation signé avec l’UE mettraient en péril le programme d’assouplissement monétaire annoncé le 20 janvier par la BCE et créeraient des précédents, incitant d’autres pays membres à reporter leurs propres réformes.

il n’est pas certain qu’en plaçant les relations avec Berlin au centre des négociations sur la dette et en alimentant ainsi une forme d’anti germanisme, Alexis Tsipras ait choisi la meilleure tactique ; d’autres pays d’ Europe du Nord notamment, partagent les mêmes points de vue et la solidarité européenne n’a rien à gagner d’une opposition entre l’Europe du Nord, qui serait raisonnable, et l’Europe du sud , qui serait dispendieuse.

L’issue ne peut être que la perspective d’un compromis pour alléger la charge d’une d’une dette grecque trop lourde. La véritable victoire de Syriza réside dans son pragmatisme pour y parvenir.

Ne créons pas de nouvelles illusions sans avenir dans notre pays en l’instrumentalisant !

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