Alors que l’Italie doit faire face, bien seule, à des vagues migratoires considérables, et que le nombre de morts est considérable, l’Europe, les Etats européens en fait , avait un devoir d’aboutir : hélas !
Touteleurope.eu fait une revue de presse sans concession que je souhaite porter à votre connaissance
« Après l’immense émotion qu’a suscité la mort en mer de migrants au large des côtes italiennes, l’Union européenne a tenu hier un ‘sommet extraordinaire’ afin de trouver des solutions rapides pour éviter que de telles tragédies ne se reproduisent à nouveau. La presse française fait le bilan des décisions prises et déplore un accord “minimal”.
L’Humanité, très sévère, titre “l’Union européenne passe des lamentations au lamentable”. Le site critique le fait que les mesures qui seront prises viseront les bateaux de migrants au lieu de changer la politique migratoire actuelle.
Libération se joint à ce jugement, qualifiant cette réunion de “sommet européen à la sauvette” dont les mesures persistent dans le contrôle des frontières, alors que l’urgence est de sauver les réfugiés.
Euronews est aussi largement déçu et se moque du “gros étalage de moyens” militaires et financiers pour un “faible engagement politique”.
Bref, pour la correspondante à Bruxelles du Point, ce sommet extraordinaire n’était au final que “beaucoup de bruit pour rien”.
Seul Le Figaro se contente de décrire les faits sans les juger. L’article rapporte que les ministres des Affaires étrangères européens réunis hier se sont tous mis d’accord pour tripler le budget de l’opération Triton, qui passera ainsi de 2,9 à 9 millions d’euros par mois. Une mesure qui doit permettre de “prévenir de nouveaux drames de l’immigration en Méditerranée” et de lutter contre les trafics humains qui ont mené aux dramatiques naufrages de migrants.
Le site note d’ailleurs, dans un autre article, la satisfaction de l’agence Frontex suite à ces mesures. Le directeur exécutif de l’agence a en effet déclaré : “Je suis heureux de dire que le chiffre des moyens promis a dépassé nos attentes. Ces moyens contribueront à l’extension importante de nos opérations dans la Méditerranée. Nous allons intensifier nos efforts pour prévenir de futures tragédies”.
Pourtant, “aucun accord n’a été trouvé pour élargir le champ opérationnel de la mission et permettre aux navires de Triton de sortir des eaux territoriales afin d’aller plus près de la Libye”, précise L’Obs.
En outre, le sommet s’est soldé sur un échec quant à la question de l’accueil et la prise en charge des migrants à leur arrivée sur le territoire européen. L’Obs explique que le plan d’action initial proposait aux Etats d’accueillir au moins 5 000 personnes ayant déjà obtenu le statut de réfugiés, dans le cadre d’un projet de réinstallation destiné aux Syriens, pour les dissuader de tenter la traversée. Or, aucun chiffre n’est mentionné dans la déclaration finale.
Le Monde évoque “le manque de solidarité entre Européens”.
Ne voulant pas inciter plus de migrants à venir sur son sol, le principal objectif de l’UE est de s’attaquer aux bateaux de migrants.
Ainsi, les dirigeants ont demandé à la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini de “commencer immédiatement les préparatifs en vue d’une possible mission militaire”, relate Le Point.
Toujours dans cette optique, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Belgique et la France ont déjà annoncé une participation accrue aux opérations conduites par l’agence Frontex en mettant du matériel militaire à disposition (navires, hélicoptères etc.)
Le président français François Hollande a annoncé de son côté qu’une résolution serait présentée à l’ONU pour pouvoir détruire les bateaux des trafiquants en mer Méditerranée et qu’il chercherait l’appui du président russe Vladimir Poutine.
Le Monde constate la déception du Parlement européen, quelle que soit la formation politique : ainsi, le groupe du PPE (conservateur) “appelle à une politique d’asile commune aux Vingt-Huit et à l’instauration d’un système de quotas contraignant pour répartir les réfugiés entre tous les pays”.
Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a lui aussi confié sa déception : “J’aurais voulu que nous soyons plus ambitieux mais cela n’a pas été possible […] Mais les conclusions nous permettent de poursuivre notre réflexion et vous allez voir le résultat vers la mi-mai”.
Euronews rapporte que la Commission devra en effet présenter sa stratégie sur l’immigration le mois prochain et répondre ainsi au mécontentement des organisations humanitaires.
Amnesty international a dénoncé “une réponse terriblement insuffisante et honteuse à la crise des migrants” [La Tribune].
Dans Les Echos, un diplomate de l’Europe de l’Est tente de défendre l’UE en affirmant : “C’est un sommet pour délivrer un message politique, pas un sommet pour finaliser des solutions à un problème qui mettra très longtemps à être résolu”. Des propos jugés “crus” par le journal!
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