Non, le « big is beautiful », n’est pas systématiquement vrai !

big-brother-_Une tendance de nos sociétés est de croire que  « big is  beautiful ». Dans la mondialisation il faudrait être grand, gros, pour réussir. Rien n’est moins vrai et j’ai déjà évoqué ici cette question.

La question de la visibilité est sans doute la plus nouvelle dans notre monde globalisé : pour être vu à l’échelle du monde il faudrait avoir une grande taille ; Complexe implicite par rapport à un pays comme la Chine ou tout est évidemment d’une autre taille : mais franchement prenons l’inverse , croit-on que l’on voit mieux les universités chinoises de notre pays parce qu’elles accueillent 200000 étudiants ? Ou encore, a-t-on une meilleure visibilité de tel ou tel territoire parce qu’il porte plusieurs millions d’habitants ? C’est très réducteur de croire qu’il faut « peser » pour être vu. D’autres éléments comptent au moins autant, comme la rareté, l’exception, le caractère novateur, la capacité à agir …

Certains arguments de ce « big is  beautiful » méritent d’être entendus comme la capacité de financement, la nécessaire répartition des couts fixes, ou encore le marché potentiel…Oui un nombre d’actes minimum est nécessaire pour une bonne pratique chirurgicale mais il faut aussi prendre en compte la proximité dans les problèmes de sante….

Mais d’autres arguments doivent   aussi, à l’inverse, être pris en compte comme les couts cachés de la grande organisation, sa faible réactivité, son inertie face à l’innovation, l’éloignement ou les difficultés de l’exercice démocratique qui sont trop souvent oubliés. Faut-il rappeler que la qualité, la performance, l’image,  ne sont pas le plus souvent une question de taille ;  il en est de même d’un développement durable qui s’accommode parfois très mal de la grande taille.Ne cherche t on pas à recréer des structures de quartier dans les grandes villes pour essayer de faire vivre la démocratie.

Tous les domaines sont concernés : les universités qui seraient trop petites, oubliant que les 10 premières des palmarès mondiaux sont toutes des petites universités, les régions qui seraient trop petites, les communes qui seraient trop petites, les commerces qui seraient trop petits pour survivre, les entreprises qu’il faudrait faire grossir confondant souvent  leurs tailles en terme d’effectifs avec la taille des marchés sur lesquels elles opèrent.  Des milliers de vaches et chèvres agglutinées dans d’immenses entrepôts deviendraient le « must », comme le serait ces immenses poids lourds ou porte containers, incapables bien sûr d’aller jusqu’à l’utilisateur final sans d’immenses ravages pour l’environnement.

A-t-on oublié notre incapacité à contrôler les grandes institutions financières ou certaines entreprises et qu’elles étaient « too big to fail », trop grosses pour qu’on puisse les laisser faire faillite, car elles auraient entraîné l’économie avec elles. La crise des dettes européennes met à présent en lumière des acteurs économiques « too big to tax », à qui leur dimension mondiale permet de se réfugier derrière des comptes impénétrables pour ne payer d’impôts nulle part. Confrontés à ces acteurs économiques qui quittent la table sans payer, les Etats doivent s’endetter auprès des marchés ou pressurer des citoyens captifs.

 Ce  que je réfute ce n’est pas de se poser la question de la « bonne taille » , c’est l’argument de principe implicite « plus c’est grand, mieux c’est ». C’est en partie la raison de certaines de mes critiques sur la réforme territoriale qui pose trop souvent la taille comme une finalité imposée d’en haut, ou rapprochements imposés la encore d’en haut, d’universités qui oublient la question de la place de l’étudiant

Lorsqu’on parle fusion, regroupement, mettons tout sur la table, sans à priori idéologique, Mais vraiment l’approche « systématique » par la taille est une approche dépassé face aux logiques de réseau , de coopération, d’innovation, de mutualisation !

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