Lire des livres d’histoire pour comprendre le présent !

L’été donne lieu à bien des activités ; Trois livres d’histoire politique à lire, et recommandé par la Fondation Jean Jaurès : Le Parti socialiste d’Epinay à l’Elysée 1971-1981, Le «modèle» suédois : Les gauches françaises et l’impossible social- démocratie, “François Mitterrand”

ps epinayLe Parti socialiste d’Epinay à l’Elysée 1971-1981 par Noelline Castagnez Gilles  Morin

Cet ouvrage collectif analyse la façon dont le Parti socialiste s’est préparé à exercer le pouvoir à différentes échelles, du national à l’international. Il évalue ses programmes, de Changer la vie de 1972 au Projet socialiste de 1980, au regard des nouveaux enjeux sociétaux et de la crise.

Le congrès d’Épinay en juin 1971, au-delà du mythe, inaugure une décennie exceptionnelle pour le socialisme français. Face à une droite qui lui nie toute légitimité, et à un frère ennemi communiste toujours dominateur, le Parti socialiste de François Mitterrand prône l’union de la gauche, se met en ordre de bataille et conquiert le pouvoir en dix ans.

Le rassemblement des siens et son ouverture, aussi bien aux Chrétiens qu’aux héritiers de Mai 1968, comme les contacts renoués avec le monde culturel et intellectuel, peuvent expliquer son succès qui, pourtant, n’était pas écrit. La double victoire présidentielle et législative de mai-juin 1981 a masqué les rivalités internes entre les courants et leurs animateurs (Chevènement, Rocard, Poperen…). Elle invite donc l’historien à s’interroger sur le potentiel réel de cette décennie.

Noëlline Castagnez et Gilles Morin (sous la dir. de), Le Parti socialiste d’Epinay à l’Elysée, Coll. Histoire, Presses universitaires de Rennes, juin 2015.

suede pngLe « modèle » suédois : Les gauches françaises et l’impossible social- démocratie par Gilles Vergnon

Gilles Vergnon interroge l’influence du modèle réformiste suédois sur les différents courants des gauches françaises, des années 1930 jusqu’à nos jours. Au miroir d’une expérience gouvernementale de gauche unique en Europe par sa pérennité et son apparent succès, le livre propose « en creux » une histoire des projets réformistes en France.

Gouvernée sans interruption de 1932 à 1976 par la social-démocratie, la Suède a longtemps suscité un vif intérêt sur la scène politique française, particulièrement à gauche, mais pas seulement. Dans les années 1970, de nombreux livres, articles et émissions de télévision, lui sont ainsi consacrés. Tous s’interrogent sur l’existence d’un « modèle » suédois : un modèle d’économie mixte, de compromis social, ou d’alternative au capitalisme selon les auteurs. C’est l’époque où Georges Pompidou, interrogé en juin 1969 par L’Express sur l’existence éventuelle d’un « pays modèle » en matière de rapports sociaux, répond : « Disons la Suède, avec un peu plus de soleil. »

À l’heure où l’on parle beaucoup de « tournant social-démocrate » des socialistes français, le livre revient sur l’influence de ce « modèle » dans un parcours des années 1930 à nos jours, et s’interroge finalement sur le sens et la possibilité d’un tel transfert.

 Gilles Vergnon, Le « modèle »suédois. Les gauches françaises et l’impossible social-démocratie, Coll. Histoire, Presses universitaires de Rennes, avril 2015.

FMitterrand“François Mitterrand” par Michel Winock  

«Prince de l’ambiguïté», personnalité ondoyante, maître de l’équivoque, François Mitterrand a souvent déconcerté ses contemporains : vichyste et résistant, homme de droite devenu chef de la gauche, anticommuniste allié aux communistes, dénonciateur de la Ve République dont il finit par incarner comme personne les formes et les usages les plus discutables. Cet homme doublement enraciné dans sa Saintonge natale et dans son fief du Nivernais, aussi féru de littérature et d’histoire que de politique, sut cultiver le secret, dérouter ses partisans et se montrer un jouteur de première force, combatif mais patient, stratège jamais découragé par l’échec.

Chez Mitterrand, le privé et le public paraissent si intimement noués que l’un n’est intelligible qu’à la lumière de l’autre. Michel Winock les met en miroir pour explorer la vérité d’un enfant du siècle, qui a traversé les époques, les milieux et les idées sans jamais en renier aucun.

Devenu Président, François Mitterrand a marqué en profondeur la vie politique française. Figure originale d’un monarque de gauche, il réussit à imposer l’alternance et, par là, à consolider la Constitution. S’il échoue à réaliser les espérances socialistes, il ouvre à la France le nouvel horizon de la construction européenne.

Dans la maladie, cet épicurien fit preuve jusqu’à la fin d’un stoïcisme digne d’admiration. Honni ou adulé, il reste un grand homme politique du XXe siècle. Complexe, séduisant, attachant, détesté, il a suscité des fidélités inconditionnelles et des rancunes indélébiles. Plus on le découvre et plus on mesure ce qu’il a d’insaisissable.

Michel Winock, François Mitterrand, Collection NRF Biographies, chez Gallimard

 

 

 

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