Le risque inondation et le changement climatique dans l’estuaire de la Seine : quel diagnostic ? quelle action ?

crue_1910_rouen_14Le risque inondation correspond à la rencontre, sur un même espace, d’un aléa et d’enjeux humains, économiques ou environnementaux. Dans l’estuaire de la Seine, les inondations répondent à des causalités variées aux temporalités plus ou moins rapides : montée lente des eaux avec des inondations par débordement du cours d’eau suite à une crue ou par remontée de nappe ; montée rapide des eaux avec des inondations par submersion marine liée à de violentes tempêtes ou par ruissellement lié à de très forts orages.

Les niveaux d’eau de l’estuaire de la Seine ( la portion de la Seine soumise à la marée, sur 160km, depuis le barrage de Poses jusqu’à la mer) sont en effet sous l’influence de différents facteurs naturels :

i) l’hydrologie, notamment le débit de la Seine, de ses affluents et le niveau des nappes ;

ii) l’astronomie, avec la marée et sa propagation ;

iii) les surcotes océaniques et estuariennes liées à des phénomènes météorologiques (vent, pression atmosphérique).

L’importance de chaque facteur dans la survenue d’une inondation est plus ou moins forte selon son intensité et le secteur de l’estuaire considéré. Leur combinaison déterminera la typologie des inondations, qui présentent une dynamique mixte marine/continentale

Pour aider à la mise en cohérence de l’ensemble de ces travaux et intégrer au mieux les spécificités estuariennes dans la gestion du risque inondation sur l’estuaire de la Seine, le GIP Seine-Aval a piloté une étude visant à définir l’occurrence et les niveaux d’eau à prendre en compte pour la gestion du risque inondation dans l’estuaire de la Seine

Le présent fascicule regroupe les éléments de connaissance mobilisables par les acteurs concernés par la gestion des inondations en estuaire de Seine. Il s’articule autour de quatre axes déterminants pour une bonne appréhension de cette problématique, à savoir :

1) la description des inondations historiques et la définition d’une typologie des événements selon les paramètres déclencheurs ;

2) la mobilisation des observations hydro-météorologiques pour le calcul des périodes de retours, que ce soit pour les niveaux d’eaux en différents points de l’estuaire, les principaux forçages  responsables des inondations (débits fluviaux, niveaux marins, surcotes océaniques, surcotes estuariennes) ou les événements (niveau d’eau atteint) ;

3) la définition de niveaux d’eau de référence pour la gestion des inondations, qu’ils soient associés à des événements historiques ou à la simulation de scénarios théoriques ;

4) la synthèse des connaissances sur les effets prévisibles liés aux changements climatiques, avec un focus sur l’impact lié à l’élévation du niveau marin.

Quelle démarche pour l’action publique ? EPRI, TRI, SNGRI, PGRI, SLGRI !

La directive européenne   du 23 octobre 2007, dite directive inondation, a été transposée dans le droit français par la loi du 12 juillet 2010. Elle a induit une rénovation de la politique française sur la gestion du risque inondation à travers un triple objectif :

• Initier un processus de reconnaissance du risque partagé ;

• Introduire la notion d’événements extrêmes (ou de faible probabilité), de l’ordre du millénal ;

• Permettre une appréciation préliminaire du risque, ainsi qu’une capitalisation de la connaissance avec un objectif d’amélioration continue.

Son application suit un cycle de révision de 6 ans et s’appuie sur différents outils. L’évaluation préliminaire des risques inondation (EPRI) est une première approche simplifiée des risques. Elle est fondée sur une méthodologie homogène systématisée au niveau national et la prise en compte d’informations locales.

  La délimitation de territoires à risque important d’inondation (TRI) permet la sélection des territoires où les enjeux de population et d’emplois potentiellement exposés sont les plus importants, avec une prise en compte éventuelle de la sinistralité.

Ces territoires seront prioritaires pour concentrer les efforts portés par les pouvoirs publics. Le long de l’estuaire de la Seine, deux TRI ont été retenus : le TRI du Havre (aléa ‘submersion marine’et aléa ‘débordement et ruissellement’) et le TRI de Rouen-Louviers-Austreberthe (aléa ‘débordement’ et aléa ‘ruissellement’) .

Une cartographie des surfaces inondables et des risques d’inondation est réalisée sur chaque TRI. Elle vise à apporter des éléments quantitatifs permettant d’évaluer plus finement la vulnérabilité d’un territoire pour trois niveaux de probabilité d’inondation (forte, moyenne, faible).

 La Stratégie nationale de gestion des risques d’inondation (SNGRI) fixe un cadre national à la démarche. Elle affiche trois grands objectifs prioritaires :

 1) augmenter la sécurité des populations exposées ;

2) stabiliser à court terme et réduire à moyen terme, le coût des dommages liés à l’inondation ;

3) raccourcir fortement le délai de retour à la normale des territoires sinistrés ;

ainsi que quatre orientations stratégiques :

1) développer la gouvernance et les maîtrises d’ouvrage ;

 2) aménager durablement les territoires ;

3) mieux savoir pour mieux agir ;

4) apprendre à vivre avec les inondations

En cohérence avec le SNGRI, un plan de gestion des risques inondation (PGRI) est réalisé à l’échelle de chaque grand bassin hydrographique. Sur le bassin Seine-Normandie, le PGRI propose des dispositions génériques, ainsi que des dispositions spécifiques aux TRI.

La stratégie locale de gestion des risques inondation (SLGRI) est la déclinaison à l’échelle du TRI des objectifs fixés par le PGRI. Elle identifie des mesures pour réduire les conséquences négatives des inondations à l’échelle de son périmètre. Ces mesures concourent à la réalisation des objectifs fixés par le PGRI, notamment des mesures de prévention, de protection et de sauvegarde adaptées aux territoires concernés. L’approbation de ces stratégies locales est prévue fin 2016.

L’hydrodynamisme, et en particulier les niveaux d’eau en estuaire de Seine, sont régis par l’interaction entre l’hydrologie du bassin versant, les conditions marines et les conditions météorologiques. Dans le contexte actuel de changement climatique, l’évolution de chacun de ces forçages va modifier l’ensemble du fonctionnement de l’estuaire et notamment les aléas ‘débordement’ et ‘submersion’. Les résultats de modélisation des effets du changement climatique sur l’hydrodynamisme de l’estuaire constituent des éléments utilisables par les gestionnaires, pour aider à la caractérisation de l’évolution à moyen-long terme de ces aléas.

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1 Commentaire

    • Pascal sur août 16, 2016 à 3:28 pm
    • Répondre

    Sur que les inondations dans certaines parties du monde provoquent des drames bien plus grand qu’en France ou tout au moins dans le nord (mon pays natal). C’est clair que les autorités publiques ont tout intérêt à faire leur maximum pour éviter les catastrophes. Merci pour cette chronique utile

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