Pour une politique du « compromis », pas du « consensus » !

OcompromisLe choix des mots en politique n’est pas innocent .

Le consensus est toujours bien perçu : il suffit de constater le niveau des côtes de popularité , aujourd’hui dans les sondages , de Macron ou Juppé par exemple.

La raison en est simple : Trop de différences sont artificielles , purement politiciennes et incomprises de nos concitoyens, bien éloignés des professionnels de la politique; De plus dans notre culture républicaine et démocratique , bien des valeurs sont partagés par le plus grand nombre : alors pourquoi se quereller ?

Mais il est vrai aussi que le débat , la discussion sont le combustible nécessaire de la démocratie ; chacun a droit d’avoir son opinion et chacun a le droit aussi d’en changer; Et comme le dit fort bien la philosophe Chantal Mouffe, « obtenir un consensus en politique est par principe impossible ». La politique ce n’est pas la science, ce n’est pas LA vérité unique ;Nier les différences c’est  conduire au conflit, et c’est justement  la démocratie qui doit empêcher la violence du conflit.

Le consensus c’est ne retenir que ce qui réunit et ignorer ce qui divise. Relativement  facile lorsqu’on reste au niveau de généralités mais plus difficile lorsqu’on passe à la pratique, à la mise en œuvre .

Mais gouverner c’est agir et donc  « c’est choisir » comme disait Pierre Mendès France. Et dans la pratique , les critiques , les propositions sont multiples ; les lobbies sont nombreux ; les rapports de force variables, les contextes sont donc mouvants.

La démocratie pour agir doit trouver une solution « majoritaire » ( ce que certains aux extrêmes oublient trop souvent !) et donc faire émerger une solution qui dépasse les contraires c’est à dire trouver un compromis : ceci demande du temps et exclut le coup médiatique permanent , ceci demande de partir du réel sans a priori idéologique !

L’ignorer c’est soit s’illusionner, soit se contenter de belles paroles. C’est finalement aussi se complaire dans la culture, plus confortable d’opposition !

Les exemples abondent : on voudrait plus d’égalité mais c’est prendre à ceux qui ont, pour donner à ceux qui n’ont pas; on voudrait plus de fraternité, mais chacun doit prendre sa part du collectif ; on voudrait plus de liberté mais qui peut ignorer qu’elle s’arrête à la gêne de l’autre !

La politique est équilibre ; elle est le choix permanent, entre des contraires : il ne s’agit pas de les ignorer (consensus) mais de les dépasser pour les concilier (compromis)

A cet égard ne pas tenir un engagement n’est pas nécessairement condamnable si on peut en expliquer le sens , les raisons , s’il n’est pas perçu comme une tromperie lorsqu’il a été pris ; c’est aussi admettre les limites de la démocratie représentative , qui ne peut s’appuyer exclusivement sur le choix fait au moment de l’élection

C’est aussi le sens que l’on peut donner au” parler vrai” avant une élection ou pendant l’exercice du pouvoir !

 

 

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2 Commentaires

    • Yoann Ridez sur avril 25, 2016 à 5:24 pm
    • Répondre

    oh quel bel hymne aux grands partis, qui eux seul peuvent guider le troupeau de béotiens que nous sommes, nous petits citoyens…

    on dirait presque que les socialistes sont obligés de déballer des trésors d’ingéniosité pour essayer de ( se ?) convaincre que François Hollande peut encore représenté les français…

    bien sur la gauche (sans le PS qui avec Valls et Macron s’est décrédibilisé) est trop divisée et qu’une plateforme programmatique n’est pas encore tout à fait identifiée (bien que beaucoup à déjà été rédigé dans les années passées) mais 2017 n’est pas encore tout à fait demain et les débats actuels (Nuit Debout et autre…) nous laisse espérer qu’une autre voie est possible
    Et sinon entre les fachistes et ceux qui prennent un costumes de républicains ou de socialistes pour diriger leurs carrières, je ne sais pas si j’ai envie de choisir ;on finira dans le même mur….

    1. Je ne crois pas à une démocratie sans parti! maintenant que ces partis ne fonctionnent plus aujourd’hui est une évidence ! si une autre voie est possible , elle ne peut qu’être “portée ” devant le suffrage universel , ce qui suppose une organisation collective , et donc des “partis”

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