Pologne, Hongrie …..Visegrad ! résistance ou le ver est-il dans le fruit ?

rtemagicc_groupe_visegrad_200L’Europe c’est aussi des pays comme la Pologne ou la Hongrie dont les positions étonnent parfois, avec des valeurs loin de ce qui fait l’Europe ; ce fut le cas récemment sur deux points d’actualité.

Le Parti conservateur au pouvoir en Pologne souhaitait durcir la législation concernant la pratique de l’avortement, pourtant déjà très restrictives. Ce projet de loi a d’emblée entraîné une mobilisation importante au sein de la société polonaise, mais également à travers toute l’Union européenne, où des rassemblements ont eu lieu à Bruxelles, à Paris…

Fort heureusement, le gouvernement polonais a reculé sous la pression populaire, et en restera au statu quo. Bien que ce dernier soit  loin d’être suffisant pour garantir l’émancipation des femmes, il faut néanmoins voir cela comme une victoire du camp progressiste dans un contexte politique particulièrement complexe pour ce grand territoire de l’Europe médiane.

En Hongrie, par un référendum, sur les réfugiés, Victor Orban voulait faire valider ses idées très extrémistes , mais n’a pas réussi son coup.  La société civile hongroise organisée s’est mobilisée en appelant au boycott des urnes, ce qui a eu pour effet que seul 39,8% des électeurs ont voté. Ce résultat, en dessous du quorum de 50% de participation nécessaire d’après la Constitution hongroise pour donner quitus à la consultation, ne permet pas de valider ce référendum.

Après la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989, qui aurait pensé que l’on verrait quelques 27 années plus tard se construire un mur de barbelés de 175 kms entre la Hongrie et la Serbie voisine, pour ne faire référence qu’à celui-là…

Le groupe de Visegrád désigne un ensemble de quatre pays d’Europe centrale : la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie. Formé en 1991 à la fin de la Guerre froide, il a d’abord permis à ses membres de faciliter leur intégration au sein de l’Union européenne et de l’OTAN. Depuis quelques mois, cette plateforme gagne en notoriété et en influence, utilisée par ses membres pour défendre des positions communes. Le groupe de Visegrád prône par exemple une politique restrictive en matière d’immigration ou encore une Europe faisant la part belle aux souverainetés nationales.

Ce groupe  trouve son origine historique dans une rencontre entre les rois de Bohême, de Hongrie et de Pologne, en 1335, dans la ville hongroise de Visegrád .  C’est dans cette même ville de Visegrád que se rencontreront, le 15 février 1991, les nouveaux dirigeants de Hongrie, Pologne et Tchécoslovaquie, afin de lancer le processus d’intégration européenne. De trois membres, le groupe passe à quatre lorsqu’en 1993 la Tchécoslovaquie se scinde en deux pays distincts : la République tchèque et la Slovaquie

Relativement inconnu jusqu’ici, le groupe de Visegrád ne cesse de gagner en notoriété depuis l’automne 2015, dû surtout à la proximité idéologique des actuels dirigeants hongrois, polonais, slovaque et tchèque  et ce, en dépit de leurs divergences partisanes. Farouche défenseur du Marché unique et des quatre libertés de circulation (des personnes, des biens, des marchandises et des services), le groupe de Visegrád prône en revanche un rapatriement de compétences au niveau national et un renforcement du Conseil européen au détriment de la Commission. Les pays membres du groupe de Visegrád sont par exemple contre la révision de la directive sur les travailleurs détachés.

Plusieurs divergences notables existent entre les quatre membres  , car seule la Slovaquie fait partie de la zone euro. Le pays se tient par conséquent à l’écart des inquiétudes régulièrement émises par la Hongrie, la Pologne et la République tchèque, selon lesquelles la zone euro aurait vocation à devenir le noyau dur de l’Europe au détriment des autres Etats membres.

Sur le plan collectif, la principale limite dans l’influence croissante du groupe de Visegrád vient de son poids économique encore relativement restreint. Si le V4 représente environ 64 millions d’habitants – un chiffre très proche de la population de la France, de l’Italie et du Royaume-Uni – son économie demeure plus éloignée des grands pays d’Europe occidentale. D’autant plus que ces quatre pays font partie des principaux récipiendaires des fonds structurels européens : 83 milliards d’euros pour la période 2014-2020 pour la seule Pologne. Critique du fonctionnement de l’Union européenne et défenseur des souverainetés nationales, le groupe de Visegrád n’a toutefois pas intérêt à voir l’UE péricliter ou à réclamer une sortie de l’Union sur le modèle du Royaume-Uni.

Pour en savoir plus  sur le groupe de Visegrad

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