Hollande renonce, la gauche en perdition : quel sens aux primaires ?

imagescakt1uliFrançois Hollande a eu l’honnêteté et le courage de partir : c’est plus facile de s’accrocher au pouvoir que d’y renoncer, comme il a su le faire : « le pouvoir, l’exercice du pouvoir, les lieux du pouvoir et les rites du pouvoir ne m’ont jamais fait perdre ma lucidité ».

L’heure du bilan viendra, et un nécessaire inventaire sera fait , mais il faudra en prendre le temps. Qui peut croire qu’on peut tout changer , ou tout réussir en 5 ans ?

Surprenant tous ces commentaires : Hollande “courageux”, “élégant ” , “lucide” ….. Venant de médias ou de responsables politiques de droite ou de gauche, qui ont alimenté un “Hollande bashing ” pendant des mois .

Quoi qu’il en soit , l’heure va être à la “primaire de gauche ” qu’il faut bien appeler hélas en fait, “primaires du PS”

Le renoncement de François Hollande est dû  au constat qu’il a fait, de l’échec du rassemblement dans le cadre d’un processus de primaires qu’il a , sans doute, à tort, accepté. « Aujourd’hui, je suis conscient des risques que ferait courir une démarche, la mienne, qui ne rassemblerait pas largement autour d’elle ». « je ne peux me résoudre même à la dispersion de la gauche, à son éclatement, parce qu’elle priverait de tout espoir de l’emporter face au conservatisme et pire encore, face à l’extrémisme ». Et maintenant ?

Le constat est sans appel Macron , Mélanchon , Jadot , Pinel….et celui qui sera au mieux le candidat du PS, vont se présenter devant les électeurs ! C’est de fait l’éclatement du système des partis de gauche !

Aujourd’hui la primaire de gauche se transforme en mini congrès du PS avec ses batailles d’arrière-boutique , ses “querelles de clans”, et sans orientation ( extraordinaire “cahiers des présidentielles” avec par exemple, le retour du service militaire sans que les adhérents n’ aient été associés à cette proposition ). La primaire devient un débat interne au PS avec simultanément , des candidats extérieurs à cette primaire  qui font, selon les sondages, plus que lui. Elle risque fort de se transformer en “procès du quinquennat”.

Le PS ne peut s’en prendre qu’à lui-même; il n’a pas été à la hauteur ;  il a laissé se développer , cristalliser une opposition entre deux lignes , en ne faisant pas des choix clairs, en tenant deux discours différents dans l’opposition et au pouvoir . Valls a renforcé un peu maladroitement , cette fracture en parlant de deux gauches “irréconciliables “.

Le PS n’est plus en situation de porter le rassemblement et la primaire ne peut plus porter une dynamique de rassemblement pour l’élection. On peut le regretter, mais le dire n’est que constater une réalité. Le cycle d’Epinay ouvert en 1971, se ferme , et le PS est abandonné à ses contradictions, pris en étau et aucune synthèse n’y remédiera !

Aujourd’hui on voit bien à travers les différents candidats et au sein des candidats à la primaire, deux orientations se dessiner : c’est aux électeurs de gauche de trancher , ce sera au 1er tour qu’on le verra. Un nouveau parti , de nouveaux leaders en sortiront peut être?

Pour ma part je reste convaincu que la gauche peut être porteuse de progrès , si elle sait concilier l’efficacité économique dans un monde global, et justice pour moins d’inégalités . C’est une vraie révolution !

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2 Commentaires

    • CHATAIGNER sur décembre 5, 2016 à 11:39 am
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    Merci une fois encore Dominique pour ton analyse éclairée et lucide de la situation politique de ce qui se veut la
    la “gauche”… une gauche écartelée , qui compte dans ses rangs nombre de conservateurs “obscurantistes”.
    Le monde est profondément changé, bousculé, mais les attentes et propositions demeurent celles des XIX et XXème S. qui n’ont réussi nulle part…
    Va, la société vivra ce qu’elle aura construit. Une cure d’une autre cuvée sera (! ?…) sera peut-être la réponse aux facilitateurs du “hollande bashing”. Qui vivra verra. MC

    • Coruble Michel sur décembre 6, 2016 à 11:03 am
    • Répondre

    “Une vraie révolution” annoncez-vous en conclusion, “révolution”, “révolution”… n’est-ce pas ainsi qu’Emmanuel Macron a également intitulé le livre dans lequel il s’attache à donner sa vision de ce que pourrait être une politique progressiste de Gauche ? Et la clairvoyante analyse que vous faites des primaires et de ses effets pervers ne me paraît guère éloignée de celle du fondateur du mouvement “En marche”…. ?

    Si François Hollande a échoué, au moins du point de vue qu’en a aujourd’hui une large majorité de français, c’est bien qu’il s’est trouvé contraint et ce dès la primaire de 2012, à naviguer entre les courants socialistes divergents, entre ceux qui pensent que la défense des plus faibles passe par des stratégies économiques traditionnelles de type lutte des classes et ceux qui pensent qu’on ne peut tendre vers les utopies sociales qu’en les articulant avec une prise en compte des réalités de l’économie mondialisée. L’époque est à la radicalité des positions tranchées, des phrases chocs et des slogans simplistes, l’intelligence dialectique de F. Hollande, son goût sans doute abusif de la synthèse n’a été compris d’aucun bord.

    Alors, vous avez raison, le choix est bien là et le premier tour de la présidentielle nous dira l’orientation dominante pour l’avenir à Gauche. Au prix de cinq années avec une Droite dure et régressive…

    Michel Coruble

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