Présidentielles : la dette face aux taux d’intérêt et aux dépenses nouvelles !

La dette et les déficits publics sont de nouveau passés au second plan du débat public .

Et pourtant quelques données doivent être  rappelées à partir du dernier rapport de la cour des comptes , avant d’évoquer les 3 sujets d’avenir :

–          La Dette qui représentait 20% du  PIB en 1980 approche aujourd’hui  les 100% du PIB ; elle était de en 1633 milliards en 2010 pour atteindre  2097 milliards en  2015

–          Le Déficit qui était de 136 milliards en 2010 pour tomber à 77 milliards en 2015, mais cela reste un déficit !

–          Le poids de la dette dans le budget reste élevée même si  la charge d’intérêts de la dette de 46,5 milliards a de nouveau diminué en 2015 (de 2,6 Md€ par rapport à 2014, soit – 5,6%)

–          Les dépenses publiques ont représenté 57,0 points de PIB en 2015, après avoir culminé à 57,3 points de PIB en 2014. Le poids des prélèvements obligatoires diminue très légèrement en 2015 par rapport à 2014, à 44,7 points de PIB

–          l’État porte la plus grande part des déficits publics (3,3 points de PIB sur un total de 3,6 en 2015), Mais l’amélioration du déficit public provient pour moitié des administrations publiques locales.

–          Le solde public de la France en 2015 (- 3,5 points de PIB33) reste plus dégradé que celui de la plupart des pays de la zone euro (- 2,1 points de PIB) ou de l’Union européenne (- 2,4 points de PIB ; . Seuls quatre autres pays de l’Union conservent des soldes plus dégradés que la France : la Grèce (- 7,2 % de PIB), l’Espagne (- 5,1 % de PIB), le Portugal (- 4,4% de PIB) et le Royaume-Uni (- 4,4 % de PIB).

Trois problèmes devraient  être en débat  sur ce point pendant cette campagne :

–          Comment sont financées les dépenses nouvelles ? « la hausse programmée des dépenses militaires, les mesures annoncées concernant l’emploi, celles en faveur des jeunes, la modération de l’effort demandé aux communes et intercommunalités, la hausse du point de la fonction publique et les revalorisations annoncées des carrières de certains fonctionnaires vont pousser les dépenses à la hausse, à hauteur d’environ 0,3 point de PIB en 2017 », affirme des maintenant  la Cour.

–          Comment la remontée des taux va-t-elle impacter  le cout de la dette : La faiblesse des taux ces dernières années a permis de contenir le déficit . Pour la cour des comptes 40% de la réduction du déficit depuis 2011 résulte de la baisse des taux. La hausse d’un point des taux couterait 2,1 milliards d’euros  la première année et 4,9 la suivante … La hausse des taux va mettre certains états sous pression et la France n’y échappera pas.

–          Quel position par rapport à nos engagements européens : respecter les traités européens est parfois contesté mais ce n’est pas l’Europe qui crée la dette !

Face à cela que disent les candidats ?

Fillon a promis 100 milliards d’économies sur les dépenses publiques mais veut en même temps accroitre les dépenses régaliennes, et réduire fortement la fiscalité des ménages et des entreprises.

Macron ambitionne de faire baisser sur le prochain quinquennat de trois points de pourcentage le ratio des dépenses publiques par rapport au PIB, actuellement proche de 56,5 %, ce qui signifient environ 60 milliards d’euros d’économies.  …. Tout en le « faisant à un rythme acceptable et en préservant notre modèle social ».

Hamon ne s’est pas aventuré du tout sur ce terrain, lui qui ne prévoit pas de respecter de toute façon la règle européenne des 3 % de déficit, lui qui prévoit l’effacement de la dette, d’introduire un Revenu universel qui reste à évaluer mais taxe  les robots, et veux beaucoup investir dans la transition énergétique….Pour lui le niveau des dépenses publiques peut “aller un peu au dela de 57%”! il est tellement facile de vouloir “mutualiser” les dettes quand ce sont les autres pays qui paient !

Mélenchon , c’est un plan d’investissements de 100 milliards financé par emprunt ainsi que  173 milliards de dépenses publiques supplémentaires.  190 milliards d’euros de recettes, avec notamment la suppression du CICE et le redéploiement du pacte de responsabilité,   et la suppression de niches fiscales à hauteur de 38 milliards d’euros. Sa relance par la demande ne peut que peser sur les finances publiques !

Pour Le Pen quant à elle , il est surtout question de la baisse des impôts et de la baisse des dépenses liées à l’immigration, mais surtout l’extraordinaire violence que provoquerait la sortie de l’euro, avec ses conséquences en terme d’inflation et perte de pouvoir d’achat.

On le voit face à des données chiffrées que je rappelais au début, réelles, préoccupantes , les cadrages financiers sont encore très incertains….mais les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent !

Rapport cour des comptes

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4 Commentaires

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    • Friant Laure sur février 28, 2017 à 9:23 am
    • Répondre

    Il est bon de rappeler ces chiffres étourdissants en cette période troublée,
    où curieusement chacun s’applique à éviter cette déplaisante réalité.
    Merci pour cette synthèse très claire qui constitue un excellent outil de discussion.
    Je vais essayer d’apprendre par cœur ces chiffres de malheur,
    Bonne journée

    • Coruble Michel sur février 28, 2017 à 1:32 pm
    • Répondre

    La confusion et l’opacité des questions économiques, et surtout notre ignorance ne pouvant que profiter aux marchands de rêves et/ou d’illusions, je vous remercie pour ce travail de pédagogie sur la dette.
    L’envolée récente du taux d’intérêt de la dette française due à la seule éventualité de l’arrivée du Front national au pouvoir dit clairement la dépendance dans laquelle nous sommes vis à vis des marchés financiers. Il est aisé d’imaginer que les investisseurs n’accueilleraient pas mieux la victoire d’un Mélenchon ou même d’un Hamon. Or, la généreuse relance telle qu’elle est aujourd’hui claironnée par ces deux candidats dépend de la confiance dans nos capacités à rembourser qu’auront de nous les investisseurs. L’absence de confiance fera mécaniquement monter les taux d’intérêt ou pire encore détournera nos habituels investisseurs vers d’autres marchés jugés plus sûrs. Dès lors, si les investisseurs boudent les demandes de crédit de l’Etat français, qui paiera la relance, les fonctionnaires ou nos retraites ? La réalité est certes frustrante mais elle est bien là : la dette nous rend dépendant, l’augmenter c’est devenir plus dépendant encore. Le plus étrange c’est que ce sont ceux-là même qui prétendent à plus de souveraineté, qui veulent augmenter la dépense publique et donc creuser la dette de l’Etat… Comme je ne prétends pas être un fin économiste, je voudrais bien qu’ils m’expliquent.
    Michel Coruble

    • CHATAIGNER sur février 28, 2017 à 2:59 pm
    • Répondre

    Merci Dominique pour cette éclairante synthèse. Et à tes commentateurs dont j’apprécie le point de vue tout empreint de “Bon sens” . Une assurance vis à vis des “illusionnistes” qui pensent nous illuminer à défaut de nous gouverner. MC

    • jean-marc le duc sur mars 7, 2017 à 9:10 am
    • Répondre

    le piège des primaires s’est refermé
    1) Le puissant ensemble parti républicain (PR) + centre (UDI) a été condamné à soutenir Fillon soutenu lui-même en réalité par la manif pour tous au Trocadéro. Le parti républicain en sort éclaté.
    2)Le PS na vécu la même chose avec Hamon qui s’est tourné dès sa victoire vers Mélenchon et Jadot.
    Question : a quoi servent les partis?

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