Parmi les personnes que l’on peut entendre à la télévision, on compte 62 % de cadres supérieurs contre 3 % d’ouvriers, note l’observatoire des inégalités. Cette représentation est en complet décalage avec la réalité sociale.
Les cadres supérieurs représentent près des deux tiers des personnes que l’on peut entendre dans les programmes de la télévision via la fiction, les divertissements et les programmes d’information, selon le « Baromètre de la diversité à la télévision pour l’année 2016 », publié par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), alors qu’ils constituent 9 % de la population totale. Les ouvriers (12 % de la population totale toujours selon les données du CSA) ne représentent que 3 % des personnes entendues à la télévision. Les retraités forment 32 % de la population, mais seulement 2 % des personnages de la télévision.
Cette représentation des catégories socioprofessionnelles est en complet décalage avec la structure sociale réelle. Elle construit une image d’une société déformée, largement plus favorisée que ce qu’elle est en réalité. La télévision constituant d’abord un divertissement, on préfère toujours y observer une situation sous un jour plus favorable. Quant à ceux qui parlent à la télévision, mieux vaut qu’ils sachent maîtriser le discours en public. La parole est donnée, dans l’immense majorité des cas, à ceux qui manient le mieux la parole, c’est-à-dire aux plus diplômés.
De ce fait, l’écart est énorme entre les catégories sociales Les cadres sont 21 fois plus présents que les ouvriers à la télévision et sept fois plus souvent qu’ils ne le devraient si le temps d’antenne était réparti en fonction de leur part dans la population. En soi, l’égalité de présence des catégories sociales à la télévision n’a pas grand sens, mais l’ampleur du déséquilibre est marquante. On peut difficilement penser que ce phénomène n’a pas de conséquences auprès de la population et des commentateurs sur la construction de l’image des catégories sociales et sur la représentation des intérêts de celles les moins favorisées. Enfin, il faut le noter, autant il existe un débat sur la présence des femmes et des minorités visibles à la télévision, autant la question de celle des différents milieux sociaux est totalement absente.
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