Emmanuel Macron (23,9%) et Marine Le Pen (21,4%) se sont qualifiés à l’issue du premier tour de l’élection présidentielle. Aucun des deux grands partis dits de gouvernement ne sera donc présent au second tour.
Face à ce résultat historique, la presse étrangère souligne la vitalité démocratique de la France et voit en Emmanuel Macron le candidat qui peut sauver l’Europe. « Toute l’Europe » fait une revue de la presse européenne utile, que je reprends ici.
L’Union européenne, soulagée, apporte son soutien à Emmanuel Macron
En Europe, même si “les principaux leaders internationaux sont restés discrets le 23 avril après le résultat du premier tour de l’élection présidentielle”, au sein des institutions bruxelloises et en Allemagne, c’est le soulagement, estime La Croix. “Bruxelles tremble avec Le Pen mais garde confiance en la victoire finale de Macron”, titre ainsi La Vanguardia. “L’UE a confiance dans un ‘printemps européisant’ après le choc du Brexit et l’élection de Trump (…) C’est la quatrième élection en Europe qui freine le populisme”, écrit le journal espagnol.
Ainsi, “Jean-Claude Juncker a félicité Emmanuel Macron dans la soirée” [La Croix], à l’instar de la Haute Représentante de l’UE pour les Affaires étrangères, qui se réjouit de “voir les drapeaux de la France et de l’UE saluant le résultat d’Emmanuel Macron [qui] montrent l’espoir et l’avenir de notre génération”, dans un tweet cité par Le Monde. Le négociateur du Brexit, Michel Barnier, évoqué par le quotidien, apporte également son soutien au candidat d’En Marche ! : “Patriote et européen, je ferai confiance le 7 mai à Emmanuel Macron. La France doit rester européenne !”.
En Allemagne, Martin Schulz, le leader du Parti social-démocrate, appelle à ce que “tous les démocrates en France s’unissent pour que la nationaliste ne devienne pas présidente “[Le Monde], avant de prévenir :“nous ne pouvons pas sous-estimer la mobilisation dont Macron a besoin pour remporter le second tour” [The Guardian, Royaume-Uni]. La chancelière allemande, Angela Merkel, à travers son porte-parole, a également exprimé son soutien au candidat centriste, espérant “que tout se passe bien pour les deux prochaines semaines”. Sigmar Gabriel, ministre social-démocrate des Affaires étrangères s’est quant à lui félicité : “Je suis certain qu’Emmanuel Macron sera le prochain président de la France. Formidable pour l’Europe”, rapporte The Guardian.
La presse européenne “reprend son souffle”
En Europe, la surprise et le poids d’une élection historique se mêlent à un sentiment de soulagement. “Aujourd’hui une nouvelle ère commence”, assène ainsi le quotidien allemand Die Welt. “Le système politique dans son ensemble est effondré ; l’histoire de France est en mouvement. Et 2017, qui devait marquer la victoire du populisme en Europe, témoigne de sa force, mais prépare peut-être sa défaite”, analyse par ailleurs le titre italien Corriere Della Sera.
“Soulagée, l’Europe respire avec la victoire du jeune Macron”, écrit dans son éditorial El Mundo (Espagne) en écho au quotidien allemand Bild qui titre : “l’Europe reprend son souffle”. “Sur les marchés financiers et dans le camp de l’économie on peut déjà entendre un léger soupir de soulagement” qui s’est traduit par une hausse du cours de l’euro dans la nuit, “arrivant au plus haut niveau en cinq mois”, poursuit le journal. Die Welt (Allemagne) est plus mitigé. Bien qu’il salue un “répit heureux” en soulignant “l’étonnante vitalité de la démocratie française”, le journal s’interroge à propos du score important du Front national : “Les idées de Marine Le Pen auraient-elles largement pénétré les esprits de la classe moyenne française ? La candidate du Front national a en effet reçu beaucoup plus de voix que lors de l’élection de 2012”.
La presse européenne attend maintenant la campagne pour le second tour, qui verra s’affronter un “perdreau de la politique démocratique française et la pro du combat politique extrême” [Le Soir]. Et les éditorialistes de souligner l’opposition profonde des deux candidats. “Cela va faire du second tour de l’élection une confrontation directe entre deux visions opposées du monde”, souligne ainsi l’hebdomadaire britannique The Economist. “Homme contre femme, libéraux contre extrême droite, ouverture contre repli, plus d’Europe contre aussi peu que possible, ami de l’Allemagne ou ennemi”, liste Bild. Seul point commun ? “L’un comme l’autre de ces deux gagnants du premier tour ont tout d’abord pour particularité de représenter des mouvements qui n’ont jamais gouverné” relève Le Temps (Suisse).
Emmanuel Macron, le “jeune” candidat qui fascine
Des deux candidats, Emmanuel Macron est celui qui fascine le plus la presse européenne. Celui qui “avait saisi l’esprit du temps” en “fondant son propre ‘mouvement’ politique” sans “aucune expérience électorale” [BBC], “s’est fait le champion du libre-échange, de la mondialisation et de l’Union européenne à un moment où la peur de l’avenir était synonyme de protectionnisme et où l’euroscepticisme gagnait du terrain” [The Guardian]. Le jeune candidat “âgé seulement de 39 ans” [El Mundo] a eu de la chance, estime encore la BBC : “que les deux principaux partis organisent des primaires où des candidats situés aux extrêmes de leurs camps respectifs a aidé. Et que la campagne de François Fillon explose avant même qu’elle ne commence à la faveur du scandale (…) a aidé encore plus”. Son succès reste cependant un mystère pour The Guardian. Le candidat prône en effet “le sourire et l’optimisme” dans “un des pays les plus pessimistes du monde, dont la population est épuisée par des décennies de chômage de masse et par des attaques terroristes répétées”.
Face à la victoire de M. Macron, El Pais (Espagne) voit “l’heure des insurgés du centre en réponse aux populismes. Ce ne serait pas la démocratie qui est en crise, mais les partis traditionnels”. Mais pour le quotidien belge Le Soir, “le véritable défi électoral du leader d’un mouvement aux contours si peu précis, sera le fameux troisième tour, celui des législatives”. Regardant lui aussi les prochaines échéances électorales, le quotidien Italien Corriere Della Sera affirme : “la vie pour Macron ne sera pas facile (…) s’il parvient à l’Elysée, il aura besoin d’une majorité à l’Assemblée nationale pour gouverner. Et il est très difficile pour les petits partis nouveau-nés de le faire seuls. Il se dirige vers un gouvernement de coalition”.
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