En démocratie, l’abstention est regrettable mais ne remet pas en cause la légitimité de l’élection

La croissance de l’abstention interpelle : comment certains de nos concitoyens peuvent ils se priver d’un droit qui a été obtenu de haute lutte , que certains pays ne connaissent toujours pas et nous envient , que les femmes n’ont que depuis 1944!

Les abstentionnistes représentent une population diversifiée : il y a bien sûr les abstentionnistes pour raison exceptionnelle, les abstentionnistes qui se désintéressent de la chose publique , ou qui pensent que ça ne sert à rien, les abstentionnistes qui ne veulent pas choisir, …..et pourtant voter ne prend que quelques minutes! Il est difficile de faire un diagnostic précis des motivations de l’abstention mais c’est en tout cas un révélateur supplémentaire de l’individualisme croissant !

Pour un second tour ou un référendum , on peut comprendre que l’électeur refuse l’alternative proposée : qu’il vote alors blanc ou nul!

Pour un premier tour l’offre est diversifiée ( jusqu’à 25 candidats dans une circonscription), les candidatures sont libres ! Lors de ces dernières Elections les percées rapides de Melenchon ou de Macron montrent d’ailleurs que la vitalité démocratique est réelle, le renouvellement des élus possibles….

La succession des 6 épisodes récents avec les primaires , les présidentielles et les législatives a pu créer une certaine lassitude , ou l’impression que tout est joué dans la mesure ou d’une élection à l’autre la cohérence des résultats est apparue nettement !

On peut toujours imaginer des modalités pour aider la participation :

  • il y a bien sûr rendre le vote obligatoire
  • On peut organiser le vote en semaine
  • On peut développer le vote électronique ou par correspondance
  • On peut regrouper des Elections comme les présidentielles et les législatives
  • On peut aussi modifier le mode de scrutin en instaurant un peu de proportionnelle pour éviter le rouleau compresseur du scrutin majoritaire ; E Macron s’y est engagé ! Les majorités de droite ou de gauche précédentes ne l’ont pas fait préférant profiter en alternance de la prime majoritaire . Mais ne nous faisons pas d’illusions , les scrutins proportionnels sont ceux où l’abstention est la plus élevée car moins personnalisée.

Le processus électoral ne peut en tout cas être contesté en raison de l’abstention , tout comme la légitimité de son résultat car ce serait alors la démocratie elle-même, qui serait remise en cause.

Croire que le vote ne sert à rien , c’est se priver d’un moyen (pas le seul) de peser sur son propre avenir, c’est se priver du droit de contester des décisions prises par ceux qui ont été élus.

Il est insensé de qualifier l’abstention de “grève générale civique ” de la considérer comme une “énergie disponible” comme vient de le faire Jean Luc Melenchon. Un élu de la République doit encourager la participation démocratique et ne pas glorifier l’abstention, car le vote reste un acte fondamental du citoyen !

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2 Commentaires

  1. Il faut néanmoins s’interroger sur la démocratie et sa déclinaison particulière que représentent nos institutions quand 6 électeurs inscrits sur 10 ne se déplacent pas … Sans compter ceux qui n’ont pas même pris la peine de s’inscrire (j’ai vu quelque part une estimation de trois millions de personnes). Evidemment, cela ne peut pas remettre en cause dans l’instant la légitimité de ceux qui sont élus, même dans ces conditions. Je partage ce point de vue avec toi Dominique.
    Cela me parait en revanche devoir relativiser fortement l’adhésion au discours et au programme de ces élus et du coup, plutôt que l’appliquer sans autre question, nécessiter la mise en place d’un débat permanent entre les élus et le peuple ainsi qu’au sein de l’assemblée nationale. Cela suppose donc, pour commencer, de ne pas gouverner par ordonnances. Cela suppose des élus qui ne soient pas hors sol, qui soient accessibles, le mieux étant qu’ils vivent parmi ceux qui les ont élus.
    Cela ne sera évidemment pas. Simplement parce que “En Marche” va devenir un groupe parlementaire autour d’un homme et de son embryon de programme… C’est le seul ciment de ce groupe qui, s’il renonce à encenser l’homme et sa parole, sera très vite écartelé, plus encore que ne l’a jamais été la gauche et plus particulièrement le parti socialiste.
    Et nous nous reposerons dans quelques temps la question de l’abstention qui se sera encore renforcée puisque nous l’aurons écartée en prétendant que les élus sont légitimes ainsi que leurs programmes, même s’ils sont manifestement de plus en plus coupés d’un peuple qui, délaissant le chemin des urnes, montre qu’ils ne les considère plus que comme un mal peut-être nécessaire mais dont il vaut mieux s’abriter le plus possible…

    • Cécile-Anne Sibout sur juin 21, 2017 à 7:41 am
    • Répondre

    Article intéressant, comme d’habitude.
    N’oublions toutefois pas que les votes blancs et nuls sont comptabilisés comme des abstentions. Autrement dit certains “abstentionnistes” se sont quand même déplacés (au passage j’ai remarqué au 2e tour, le 20 juin, que dans mon bureau de vote, il n’y avait que 2 piles, car 2 candidats en présence : pas de 3e pile pour les électeurs qui auraient éventuellement souhaité voter blanc)

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