Juil 24

Il est urgent d’arrêter le gâchis de l’échec à l’université

L’entrée actuelle à l’université provoque un  immense gâchis ; moins de 30 % des étudiants obtiennent leur licence en trois ans, et il y a beaucoup trop d’échecs à la fin de 1ère année.  Et le paradoxe est criant entre un nombre croissant de bacheliers et d’échecs en licence.

 Gâchis Humain d’abord car il conduit de nombreux étudiants à perdre du temps, à rentrer dans la vie professionnelle sans véritable formation.

Gâchis Financier car il multiplie les enseignements sans résultats et dans le contexte des finances publiques on ne peut plus se permettre cette inefficacité, ce qui ne veut pas dire réduire argent public pour l’enseignement supérieur mais mieux l’utiliser.

Puisque « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde », disait Camus, Il faut aujourd’hui  mettre fin à deux scandales de sélection : « celle par l’échec et une autre liée au tirage au sort »., et définir une nouvelle organisation de l’entrée dans enseignement superieur.

Le bac a beaucoup changé avec de nouveaux parcours dans l’enseignement secondaire dont la création des bacs pro a sans doute été le point ultime

L’enseignement supérieur aussi a beaucoup changé avec des filières professionnelles, une diversité plus grande des 1ers cycles.

Ceci est plutôt positif, car cette diversité répond à une diversité des besoins, économiques et sociaux.

Mais le bac est resté le sésame unique, le lien unique entre ces deux mondes.

Quel sens y a-t-il à voir un bachelier S s’engouffrer dans un cycle court, pour assurer son parcours,  et un bac pro être contraint de rentrer dans des études longues faute de place; Le taux de réussite d’un bachelier professionnel en licence générale est en moyenne de 1,6 %. Il faut travailler sur une autre façon que celle consistant à les inciter à venir à l’université, sans accompagnement.

C’est une situation ancienne qui n’a pas trouvé de solution depuis 30 ans (j’y étais déjà confronté comme Président de l’université en 1986 !) faute de volonté politique de l’aborder avec courage et pédagogie ; le tirage au sort à porter à son paroxysme l’absurdité de la situation ; L’intérêt du système d’APB est de donner une grande visibilité à l’offre de formations dans le supérieur… mais il crée beaucoup d’incompréhension ! Ne nous trompons pas de combat : ce n’est pas d’APB dont il faut débattre, mais des règles et choix que l’outil ne fait qu’incarner.

Oui tout bachelier doit pouvoir faire des études supérieures, mais non, tous les parcours dans l’enseignement secondaire ne peuvent conduire dans tous les cycles supérieurs sans distinction ; Le droit légitime à un enseignement supérieur n’est pas le droit à toutes les filières !

Il faut mieux organiser l’orientation en réduisant Le décalage entre la vision qu’ont les jeunes de l’université et la réalité du terrain , en  informant mieux les jeunes sur les formations menant aux métiers d’un secteur qui les intéresse, et sur le contenu des formations qu’ils découvrent parfois trop tard.

Il devient impératif de définir des prérequis pour toutes les filières, construire des parcours individuels pour tous les étudiants ; le contrat de réussite étudiant envisagé par la nouvelle Ministre peut apporter des éléments de réponse

 L’instauration « transparente » de prérequis – compétences et connaissances attendues de l’étudiant pour chaque formation- doit être débattue. Ce prérequis peut être le type de baccalauréat obtenu par le lycéen.   Dans d’autres cas, on peut envisager de regarder le dossier scolaire de l’étudiant et le niveau dans certaines disciplines :  ce peut être aussi tout un socle de compétences transversales comme l’autonomie, le travail en groupe… Il ne faut pas se limiter aux capacités d’accueil, au type de baccalauréat ou à la mention obtenue. On peut aussi envisager la prise en compte d’autres critères comme les stages ou encore l’investissement associatif.

Il faut simultanément inventer du post bac, des unités de remise à niveau, pour répondre à cette diversité.

La Conférence des Présidents d’Université imagine quatre scénarios possibles. « Soit l’étudiant n’a pas tous les prérequis et on lui propose une licence avec un rythme adapté, de quatre ans par exemple au lieu de trois. Soit il n’a pas du tout le bon bac et on lui propose une année zéro, de remise à niveau » ; Troisième option : la création de licences professionnalisantes « permettant d’acquérir un métier » au bout trois ans. « Enfin, on peut imaginer un travail sur la formation tout au long de la vie. Le jeune entre en entreprise et est suivi par le service de l’orientation de l’université, et son entrée dans l’enseignement supérieur est différée ».

Il faut aussi répondre à ces étudiants qui s’inscrivent à l’université pour autre chose qu’un diplôme : attente de l’ouverture d’un concours, obtention d’un statut…. Il faut apporter une autre réponse à ces situations au demeurant compréhensibles

La concertation engagée par la nouvelle Ministre doit répondre a ces questions ; comment arrive-t-on dans l’enseignement supérieur et comment y réussit-on ? Il faudra alors prendre les bonnes décisions !

 

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