La démocratie n’est pas finie, au sens où elle n’est pas achevée et où elle est encore capable de nous surprendre. Elle ne retrouvera sa force qu’en admettant ses faiblesses : des maux qui ne sont pas passagers, mais constants et irréductibles. Des maladies chroniques, qui tiennent à son essence et à l’humanité même. Mais qui peuvent connaître des pics mortels. Il nous faut donc connaître et affronter ces maladies, pour revenir, non à une santé parfaite, mais à la vie humaine, avec ses créations et ses joies, dont la démocratie est une condition.
Quelles sont ces maladies ? Avant tout, une violence intérieure aux relations humaines, contre laquelle la démocratie est la seule à lutter, face à des régressions toujours possibles. Cette violence prend des formes nouvelles accentuées par les ébranlements de l’époque : le soupçon ou le cynisme, renforcés par Internet ; le racisme, nourri par le terrorisme; l’ultralibéralisme, aggravé par la mondialisation.
La démocratie qui affronte ces maux, peut seule les guérir, dans une crise qu’elle saura dépasser à condition de la comprendre. Elle se ressaisira alors et s’élargira dans le monde et à tout le monde.
Philosophe, spécialiste de Bergson, professeur à l’École normale supérieure et membre du Comité consultatif national d’éthique, Frédéric Worms est intervenu à l’occasion de la sortie de son dernier livre, Les maladies chroniques de la démocratie (Desclée de Brouwer, 2017), lors d’un débat animé par Jérémie Peltier.
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