Deux mois après les élections législatives allemandes, qui se sont tenues le 24 septembre, les pourparlers entre les trois partis supposés former une coalition gouvernementale n’ont toujours pas abouti. Conservateurs, libéraux et verts peinent en effet à s’entendre, malgré la date butoir du 16 novembre fixée pat la chancelière
S’ils parviennent à un accord approuvé par les partis, les négociations officielles ou “négociations de coalition” pourront alors débuter, explique le correspondant à Berlin du Monde. Ils engageront ainsi “l’élaboration d’un ‘contrat de coalition'” dans l’espoir de former un gouvernement au plus tôt d’ici Noël
Ces trois partis n’ont jamais gouverné ensemble au niveau fédéral et (…) ne sont pas d’accord sur de nombreux sujets.
Première pierre d’achoppement : l’immigration, sujet évidemment sensible dans un pays qui a accueilli plus de 1 million de demandeurs d’asile depuis 2015. Les Verts maintiennent leurs exigences de campagne : ils souhaitent “lever l’interdiction du regroupement familial pour les réfugiés ayant obtenu une simple protection dite subsidiaire”. Mais les conservateurs bavarois de la CSU “furieux contre la dérive centriste d’Angela Merkel” s’y opposent, “soucieux de la montée du parti d’extrême-droite Alternative für Deutschand (AfD)”.
Vient ensuite la question explosive du climat climatique. Les Verts “ont dû revenir sur l’interdiction des moteurs à combustion qu’ils demandaient d’ici à 2030 et la fermeture des mines de lignite et de charbon” ; « Un pas vers leurs partenaires » en contrepartie de quoi “ils demandent aux autres partis des objectifs plus ambitieux en matière de réduction des émissions de CO2». Cette question pourrait bien faire achopper ces négociations car ce sont les membres du parti écologiste qui décideront finalement de la participation à la coalition.
Enfin, les discussions sur l’Europe constituent un troisième sujet de discorde. Les libéraux excluent l’idée de budget européen proposée par le président français, tandis que les conservateurs font preuve d’une certaine ouverture et les écologistes soutiennent pleinement l’idée.
Que se passera-t-il si les leaders des partis concernés ne parviennent pas à trouver de compromis ? Rien n’empêche en théorie Angela Merkel de chercher à constituer une autre majorité que celle initialement envisagée. Sauf que la chancelière a déjà plusieurs fois écarté l’idée de gouverner avec la gauche radicale de Die Linke ou avec l’extrême droite.
De leur côté, les sociaux-démocrates du SPD, deuxième formation du Bundestag et avec qui elle a déjà gouverné à deux reprises (2005-2009 et 2013-2017), refusent de renouveler une telle coalition. Le parti mené par Martin Schulz préfère siéger dans l’opposition après sa défaite aux législatives. Le SPD avait obtenu 20,5% des suffrages exprimés soit le plus mauvais score obtenu par le parti depuis la Seconde Guerre mondiale : mais de nouvelles élections lui seraient elles profitables ?
Un scénario pour le moins “risqué pour Angela Merkel”, dont la formation a également obtenu “un score historiquement bas en septembre”, poursuit le quotidien. En effet, “pour la chancelière, ce n’est pas seulement son prochain mandat qui dépend de la réussite de la coalition Jamaïque, mais aussi la poursuite de sa carrière politique
Ces éventuelles élections législatives anticipées seraient également convoquées “à la plus grande joie, sans doute, du parti extrémiste AfD . Avec près de 13% des voix, l’extrême-droite a fait une entrée historique au Bundestag. De ce fait, personne ne veut [de nouvelles élections !
Une question essentielle pour l’Europe ,tant on connaît l’importance de l’entente Franco Allemande pour la dynamique européenne
1 Commentaire
Auteur
Après l’échec de ce dimanche, Plusieurs scénarios s’offrent désormais à la cheffe du gouvernement allemand. Tout d’abord “la constitution ne fixant pas de limite pour la formation d’un gouvernement”, Angela Merkel pourrait “faire une nouvelle tentative de coalition” [La Libre]. Néanmoins, reprendre les négociations avec les mêmes partis est une tâche qui “s’annonce rude”, estime le quotidien belge.
Il existe aussi la possibilité de reformer la “grande coalition” avec le Parti social-démocrate (SPD), même si celui-ci “refuse depuis les élections du 24 septembre de gouverner à nouveau avec les conservateurs” [Les Echos]. Selon le quotidien économique, “la pression des électeurs allemands pourrait peser sur le SPD”, mais le parti “n’acceptera pas de participer à un gouvernement dirigé par Angela Merkel”.
Une autre option serait de former un gouvernement minoritaire, même si ce n’est “pas dans la logique institutionnelle allemande” [Le Figaro]. Jusqu’ici, Mme Merkel a toutefois “rejeté l’idée de se faire élire pour un quatrième mandat à la tête d’un gouvernement minoritaire” [Franceinfo].
Enfin, il est possible que les Allemands soient de nouveau appelés à voter début 2018. Cela pourrait arriver dans deux cas. D’abord si Angela Merkel venait à demander “une ‘motion de confiance’ au Bundestag et que celle-ci n’obtienne pas la majorité, ce qui autoriserait le président de la République à procéder à une dissolution” [Le Monde]. La deuxième possibilité est plus complexe. Il faudrait en effet que Mme Merkel n’obtienne pas la majorité au Bundestag après avoir été nommée chancelière par le président allemand. Les députés auraient alors “quatorze jours pour trouver un candidat”. Et si ce dernier ne devait à son tour pas obtenir de soutien majoritaire, alors Frank-Walter Steinmeier aurait la possibilité de convoquer de nouvelles élections. Un ultime recours qu’il préfère “ne pas imaginer” à ce stade [Le Monde].