Normandie : Pourquoi ne forme-t-on pas de jeunes pour être dentistes ?

Une étude récente  souligne « l’arrivée massive de professionnels diplômés à l’étranger » et précise qu’en 2015, “un professionnel sur trois nouvellement inscrits était diplômé à l’étranger “. Contrairement aux autres professions de santé (médicales ou paramédi­cales), les effectifs de cette profes­sion, avec 41.200 praticiens au début 2016, sont restés stables ces quinze dernières années.  La densité de ces praticiens a diminué, passant de 67 chirurgiens-dentistes pour 100.000 habitants en 2000 à 62 en 2016.

Conséquence d’un numerus clausus trop étroit ? on formait 1.938 dentistes en 1972, on en forme 1.200 aujourd’hui ! En tout cas la belle illustration qu’un effort de formation pourrait offrir des emplois à des jeunes ! Une belle illustration qu’on ne réduira pas les déserts médicaux simplement dans une logique de répartition de jeunes formés ailleurs !

Oui en France nous pouvons former plus de dentistes : en Allemagne il y avait en 2014, 85 dentistes pour 100.000 habitants, plus de 80 dans tous les pays du nord et seulement 64 en France, ce qui correspond à la moyenne européenne.

Notre Région Normande connaît en ce domaine un handicap considérable : en 2016, certains départements sont très bien dotés, comme les Alpes-Maritimes dont la densité est de 109 chirurgiens-dentistes pour 100.000 habitants. À l’inverse, la Normandie a des densités très faibles, autour de 40 dentistes pour 100.000 habitants, par rapport à une moyenne nationale de 62 dentistes pour 100.000 habi­tants.

La part des dentistes formés à l’étranger explose littéralement : 11,3% en Haute Normandie et 8,3% en Basse Normandie , les deux taux les plus élevés de France, en 2013.

 Elle est une des rares régions de France ou on ne forme pas de dentistes ( la carte jointe indique le nombre de places de formation): ce n’est pas que nos jeunes n’en sont pas capables , c’est que l’état n’a pas réparti correctement l’effort financier pour ces formations depuis trop longtemps.

Cette situation est parfaitement anormale, et il ne faut pas après s’étonner que tous les efforts des élus locaux pour combattre les déserts médicaux restent quasiment inefficaces.

Il ne faut pas après s’étonner que  Rouen ou Caen soient plutôt mal classées en terme d’attractivité pour les étudiants dans les classements nationaux.

Il ne faut pas s’étonner que des jeunes aux ressources financières modestes n’osent pas s’engager dans de telles études qui les éloignent réellement.

Aucun argument ne tient pour justifier une telle situation ! les besoins sont là, dans les territoires, mais aussi pour retrouver la prévention dentaire, aujourd’hui disparue, dans les écoles !

Les Normands paient leurs impôts et sont en droit d’attendre une juste répartition de l’effort financier national pour se soigner, pour financer ces formations.

Il existe déjà un numerus clausus qui permet à l’issue de la première année de médecine, à 56 jeunes (33 à Rouen et 23 à Caen), de s’orienter vers les études dentaires : pourquoi doivent ils partir vers Reims, Lille ou Paris, pour ceux de Rouen ou la Bretagne pour ceux de Caen… ?  Ils sont loin de revenir tous!

Un département dentaire au sein de la faculté de médecine au CHU de Rouen bénéficierait de locaux, de professeurs déjà en poste …, et les moyens humains de formation supplémentaire pour un tel département, sont assez modestes.

Des engagements ont déjà été pris !

Un premier pas a été franchi il y a quelques années avec l’ouverture sur le site de Saint Julien (CHU de Rouen), au Havre, ou à Caen, de fauteuils pour accueillir en stage de formation des étudiants de 5ème et 6ème année d’autres régions ! C’est un beau succès mais qui n’est qu’une étape, car beaucoup repartent !

Le contrat de plan Etat Région prévoit à la page 46, la « Création d’un département d’odontologie : aménagement de locaux universitaires (Martainville) », avec 1 million d’euros de prévu pour l’accueil dans les bâtiments de la faculté de Médecine Pharmacie

Les Normands attendent !!!

  • C’est un enjeu en terme d’attractivité pour la Normandie et la Métropole de Rouen, pour les habitants mais surtout pour que les jeunes restent dans notre REGION  
  • C’est un enjeu de santé publique a l’heure où la question des déserts médicaux préoccupe de plus en plus nos concitoyens !

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Pour aller plus loin  : Le Rapport 2016 de l’ONCD (P19) souligne les inégalités territoriales

Deux rapports assez complets sur la formation et la démographie  des dentistes : Sur La situation démographique des chirurgiens-dentistes dans le rapport 2013-2014 de l’Observatoire de la Démographie des Professions de Santé (p99 à 152) 

et l’État des lieux de la démographie des chirurgiens-dentistes »

Voir aussi Comparaison internationale des soins dentaires  

On trouvera ci après l’évolution du nombre de places en dentaire depuis 1970 , ou elle était de 2000 alors qu’elle n’est plus que de 1200 aujourd’hui

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