Après une pause, l’usage de la voiture recommence à progresser, constate le centre d’observation de la société. Entre le début des années 2000 et le milieu des années 2010, le nombre de kilomètres parcourus a stagné autour de 700 milliards par an, en rupture très nette avec la tendance précédente. Depuis 2013, le chiffre a augmenté de 43 milliards (+6 %). En 2016, nous en avons parcouru un total de 956 milliards 1 via un moyen de transport motorisé, 50 milliards de kilomètres de plus qu’en 2013.
En 2012, le litre d’essence valait en moyenne 1,7 euro contre 1,2 euro début 2016 : cette baisse a joué ainsi que la reprise, même modeste, de l’activité économique. Effet de rattrapage après 15 ans de stabilité ou sursaut plus durable ? Il est encore trop tôt pour le savoir. Depuis 2016, les prix des carburants se relèvent.
Les déplacements par train stagnent. Le transport interurbain, qui avait décliné au début des années 1990 et s’était stabilisé par la suite, repart à la baisse. Le développement des liaisons régulières par autocar et du covoiturage devrait encore peser dans les années qui viennent sur le rail.
Depuis 2002, la part de ménages équipés plafonnait autour de 82 %, elle a légèrement augmenté à 83 % en 2016. En même temps, le nombre moyen de km annuels par véhicule a de nouveau augmenté, de 12 700 à 13 300 entre 2013 et 2016 1(voir graphique).
Enfin, en 2016 le parc de voitures particulières a connu sa plus forte progression (+ 270 000 véhicules) de ces dix dernières années.
La voiture reste le mode de déplacement par excellence. Elle représente 79 % des 1 000 milliards de km parcours chaque année avec un véhicule motorisé. Son essor date de la Seconde Guerre mondiale : on comptait 1,7 million de véhicules 2 en circulation en 1946, trente ans plus tard ils étaient dix fois plus nombreux. La voiture a transformé la société, apportant une liberté de déplacement sans équivalent, élargissant l’horizon du marché du travail, des sorties, des vacances et de la sociabilité. L’accès à l’automobile est devenu un marqueur de l’autonomie et de la position sociale. Il y a un revers à cette médaille : l’auto coûte très cher à celui qui la possède ainsi qu’à la société du fait de l’ampleur de la pollution, des nuisances sonores, des accidents, etc. Dans les conditions actuelles de rejets polluants dans l’atmosphère, le niveau d’équipement des ménages des pays riches appliqué à l’ensemble de la planète n’est pas écologiquement supportable.
Les évolutions actuelles sont le fruit de différents facteurs qui s’opposent : Le développement de l’habitat périurbain, qui impose souvent l’équipement d’une deuxième voire d’une troisième voiture par ménage…mais dans l’hyper-centre des grandes villes, le renchérissement du stationnement rend la voiture de plus en plus onéreuse, notamment pour les jeunes ; le développement des réseaux de tramway, du covoiturage , du transports par autocar jouent à la baisse aussi. A l’opposé, la baisse du prix des carburants jusqu’en 2016 et la reprise de la croissance, même lente, ont assuré le rebond récent de l’usage de l’auto, mode de transport préféré, de loin, de la population.
Aux Etats-Unis, on compte 8 véhicules pour dix habitants contre 5,3 en France : il reste donc de la marge en matière d’équipement dans notre pays. La part de personnes équipées varie du simple au double en fonction des niveaux de vie . Même chose chez les jeunes : « Si la jeunesse retarde l’accès au permis et l’achat d’une voiture, ce n’est pas que le besoin ou l’envie d’automobile aient disparu, mais simplement qu’elle attend sur le bord de la route des conditions plus favorables », analyse le sociologue Yoann Demoli. A l’âge adulte, seule une poignée parmi les plus favorisés – souvent des célibataires citadins – se prive volontairement de l’auto. La critique de ce mode de transport reste l’apanage des populations les plus mobiles.
A l’avenir, beaucoup dépendra de l’urbanisme : de la localisation et du type de logements, de l’implantation des commerces ainsi que de l’accent mis en matière d’infrastructures routières ou de transports en commun. Il faudra à la fois prendre en compte les nuisances énormes liées à l’automobile et sa nécessité pour une partie de la population qui n’y accède pas. Les nouveaux modes de déplacements individuels, comme la voiture électrique, sont encore loin d’être accessibles aux ménages les moins fortunés, mais leur production à très large échelle devrait réduire leurs prix.
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