Juin 11

L’Espagne explore une voie nouvelle (?) et originale (?) en Europe : réussira-t-elle ?

Pedro Sanchez   est arrivé au pouvoir après la chute du conservateur Mariano Rajoy, par une coalition d’opposants à la corruption, mais totalement hétérogène, sans orientations politiques communes ; il  a formé rapidement un gouvernement, avec une stratégie utile à examiner, par rapport à ce qui se passe en Europe, en Allemagne, en Italie, en France..

  Pedro Sanchez a choisi des ministres pro-européens et majoritairement féminins ; il a formé un gouvernement   de centre-gauche, un mélange de socialistes chevronnés et d’experts indépendants. La nomination au poste stratégique de ministre des Affaires étrangères du catalan Josep Borrell, un vétéran, une « figure historique » du PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol) en est un bon exemple. Il  a souvent été aussi en première ligne pour contrer les séparatistes catalans.

Tout comme l’est la nomination de l’ancienne « directrice du budget de l’UE, Nadia Calviño», au ministère de l’Economie.

 La nomination de 11 femmes sur 17 ministres est elle aussi, dans un autre registre, significative. La désignation de Carmen Calvo, ancienne ministre de la culture (2004-2007), comme vice-présidente et à la tête du ministère de l’Egalité, résonne comme un enjeu prioritaire pour le gouvernement, trois mois après l’exceptionnelle grève générale féministe d’une ampleur inédite

 C’est une façon de rassurer les marchés sur l’engagement de l’Espagne en faveur de la discipline budgétaire : »au nom de la stabilité » P. Sanchez « s’est engagé à conserver le budget de l’État 2018 élaboré par les conservateurs, en passe d’être examiné par le Sénat. Mais surtout, en plein Brexit , avec l’évolution préoccupante en Italie, un tel gouvernement pro-européen est rassurant pour les Européens.

Faut-il y voir le fait que les politiques économiques s’inscrivent de plus en plus dans un contexte européen, tandis que les questions de société sont une façon plus nette de se démarquer ?

Mais le gouvernement de Pedro Sanchez est le plus minoritaire depuis le rétablissement de la démocratie puisque le parti socialiste ne dispose que de 84 députés sur 350 au Parlement. Il va évoluer en fonction de la marge de manœuvre que voudront bien lui laisser le parti de gauche radicale Podemos, les nationalistes basques et les indépendantistes catalans, qui ont soutenu la motion de censure contre M. Rajoy.

La fin de la judiciarisation du conflit politique en Catalogne peut apaiser les tensions mais le respect de la constitution ne pourra être suffisante pour les basques comme pour les indépendantistes catalans. A l’été 2016, c’est Podemos qui avait fait échouer la formation d’un gouvernement de gauche en Espagne sous le prétexte de la question catalane, conduisant à de nouvelles élections favorable aux conservateurs, par défaut

Pedro Sanchez a ignoré les appels répétés de Podemos pour former une coalition, optant plutôt pour un gouvernement minoritaire, sans ouverture à une droite modérée ou républicaine. Evidemment cette situation le fragilise grandement.

Nous découvrons ici une 4ème stratégie en Europe après la « grande coalition des partis » en Allemagne, la grande explosion des partis en France, l’alliance des partis contraires en Italie, voici le gouvernement minoritaire,  en Espagne ! A suivre ….en attendant de nouvelles élections !

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