Dix millions de personnes vivent seules en France. Leur part dans l’ensemble de la population est passée de 6 à 16 % entre 1962 et 2014, selon l’Insee. Si l’on ne considère que les 15 ans et plus, cette proportion a augmenté de 13 % en 1990 à 19 % en 2014. La hausse pourrait être moins forte à l’avenir, selon le centre d’observation de la société.
Avant l’âge de 20 ans, le taux de personnes seules reste marginal. Il s’accroît entre 20 et 24 ans pour approcher les 20 % et diminue ensuite pour atteindre un minimum de 14 % entre 40 et 54 ans. La proportion remonte ensuite du fait des séparations et des décès.
La progression du nombre de personnes seules résulte de quatre principaux facteurs.
– Le premier est lié à l’allongement de la jeunesse. Un nouvel âge de la vie s’est développé, entre le départ du domicile des parents et la formation d’un nouveau couple, phénomène résultant de l’allongement des durées de scolarité et des difficultés d’insertion dans le monde du travail. La part de jeunes résidant seuls a doublé entre les années 1960 et la fin des années 2000.
– Le deuxième est lié à l’instabilité des couples. Entre 30 et 50 ans, la part de personnes seules est supérieure chez les hommes : même s’ils se remettent plus souvent et plus rapidement en couple que les femmes, ceux-ci ont rarement la charge des enfants. Chez les femmes, cet effet se fait sentir pour les couples sans enfants et après 45 ans, avec le départ des enfants vivant au domicile de leur mère seule.
– La progression du maintien de personnes âgées à domicile constitue le troisième facteur. L’écart d’espérance de vie entre femmes et hommes fait que l’on compte beaucoup plus de veuves que de veufs. Et celles-ci sont logées de plus en plus tard en maison de retraite. A 80 ans, la proportion de femmes vivant seules est passée de 30 % dans les années 1960 à plus de 50 % aujourd’hui.
– Le quatrième facteur reste marginal : une part réduite de la population choisit de vivre seule tout au long de sa vie. La part des personnes n’ayant jamais vécu en couple à 35 ans est quasiment la même pour cette la génération née en 1948-1957 et la génération 1968-1977 (le taux passe de 12 à 13 %). L’idée de constituer un couple à un moment donné de sa vie et de fonder une famille reste fortement ancrée dans les mœurs.
De l’étudiant à la personne âgée vivant en milieu rural, la vie en « solo » regroupe des réalités qui n’ont pas grand-chose à voir. Pour certains, notamment les plus jeunes, elle constitue un espace de liberté avant de former un couple. Pour d’autres, elle est plus ou moins acceptée face au constat de l’échec du couple antérieur. Pour les plus âgés enfin, elle est subie suite à un décès ou faute de pouvoir fonder un couple.
La part de personnes vivant seules continuer à croître, mais plusieurs éléments poussent à une stabilisation. Déjà, la progression est moins forte depuis une dizaine d’années.
Plusieurs facteurs jouent. Chez les plus jeunes, la hausse du prix des logements conduit un certain nombre à devoir rester chez leurs parents ou y retourner en cas de problèmes financiers. Les difficultés d’insertion sont déjà anciennes et les durées de scolarité n’augmentent plus : le phénomène d’allongement de la jeunesse semble marquer une pause. Chez les plus âgés, l’écart d’espérance de vie entre femmes et hommes diminue et il est aussi possible que le maintien à domicile progresse moins qu’avant : les politiques dans ce domaine ont commencé à se développer dès les années 1960. Même si on y est pas encore, on peut aussi penser que les séparations à l’âge adulte finissent par plafonner.
Il est trop tôt pour parler d’inversion de tendance. L’arrêt de la progression du « vivre seul » limite la baisse de la taille des ménages et a des conséquences dans le domaine du logement
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