Nov 05

La fusion des académies : un processus regrettable, mais inévitable !

Le premier Ministre a confirmé que la fusion des académies serait faite au 1er janvier 2020. Ce qui n’était encore exprimé qu’à titre expérimental pour celles de Rouen et Caen, deviendra ainsi la règle à cette date pour toute la France. (cf. le dossier de presse sur la réforme de l’Etat)

C’est évidemment regrettable pour plusieurs raisons :

D’abord celles souvent liées aux fusions administratives. On découvre aujourd’hui le coût explosif des fusions des régions : coûts accrus pour les personnels dont il faut harmoniser les statuts, coûts dans les déplacements en frais de transport et en temps de travail perdu, coûts liés à l’immobilier inadapté …sans compter les pertes d’efficacité, de réactivité, d’innovation, ou de fonctionnement démocratique, liées à l’éloignement.

Pour notre région cette fusion va à l’encontre des combats menés depuis 50 ans pour combler notre retard en matière de formation avec la création de l’académie de Rouen et de nombreux lycées, la création des universités de Rouen (1966) ou du Havre (1984). Ce combat a permis bien des avancées mais n’est pas fini !

Le recteur était à la fois l’interlocuteur des acteurs de l’éducation, le porte-parole du Ministre de l’Education Nationale, mais aussi l’émissaire de l’académie, auprès de lui, dans l’expression des besoins. Dans un territoire trop grand, il n’aura ni la connaissance, ni la proximité pour continuer à le faire.

Cette fusion était devenue inévitable depuis la « réforme des territoires », que Ségolène Royal appelle dans son récent livre, « ce que je peux enfin vous dire » (p152), « l’une des pires du quinquennat « , « faite à la serpe », « dans une espèce de frénésie incompréhensible », entraînant « des pertes de repères familiers d’autant plus indispensables, que dans une période de mondialisation accélérée, il est indispensable de maintenir la force des liens de proximité  » et d’ajouter qu’il s’agit là d’une  » très profonde souffrance devant tant de cynisme, de brutalité, de bêtises d’arrogance  » dans cette façon de faire.

Mais l’actuel gouvernement ne veut pas de nouveau re-demenager les territoires, sauf s’ils l’expriment de façon consensuelle comme l’Alsace, et la fusion des académies est devenue inévitable après celles des services extérieurs de l’Etat, des agences régionales de santé(ARS), des fédérations sportives ou encore de nombreuses associations. La distinction entre académie régionale et les autres académies, ou bien l’idée de super recteur, ne pouvaient tenir très longtemps.

C’est d’autant plus inévitable que les nouvelles régions, compte tenu de leur compétence en matière de formation, ont besoin d’un seul interlocuteur « Education Nationale », en l’occurrence le Recteur d’académie.

Il faut donc « faire avec », en prenant les dispositions nécessaires pour limiter les effets négatifs de cette réorganisation. J’en vois deux essentiellement :

– La première est de déconcentrer au niveau des départements (les DASEN) l’essentiel des décisions et du suivi des établissements, le dialogue avec les élus locaux, faisant ainsi du Recteur un animateur ou un coordonnateur, plus qu’un décideur. Certaines régions mettent en place d’ailleurs une déconcentration de la gestion des lycées au niveau des territoires départementaux.

– La seconde direction à prendre est de renforcer l’autonomie de gestion des établissements, au plan financier et pédagogique, au travers de vrais projets d’établissements, contractualisés et évalués, et d’une direction renforcée. Pour les écoles maternelles et élémentaires cela repose inévitablement la question de leur direction.

Le paradoxe sera ainsi, sous prétexte au départ de renforcer les régions et de faire disparaître les départements, d’aboutir à l’inverse en renforçant le territoire départemental, mais c’est indispensable pour garder cette proximité qui fait l’acquit principal de la décentralisation engagée depuis 1982.

Le rapport Weil sur la réorganisation territoriale de l’Education Nationale

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