Quel bilan peut-on faire du quinquennat de François Hollande ? Comment expliquer que les socialistes soient passés, en l’espace de cinq ans, d’une situation où ils avaient tant de pouvoirs nationaux et locaux à un risque de disparition ? Voilà les deux questions auxquelles un premier inventaire de la Fondation Jean Jaurès apporte des éléments de réponse, après huit mois de travaux
Il s’agit d’un exercice inédit, difficile mais salutaire pour qui veut comprendre ce qui s’est passé et penser l’avenir, et que malheureusement le PS se refuse à faire depuis un an.
Dresser un bilan, c’est d’abord apporter des éléments de réponse aux trois critiques principales qui ont été formulées sur les choix de politique publique : les engagements n’auraient pas été tenus, les valeurs du socialisme auraient été trahies et la France se serait affaiblie.
«Jamais candidat socialiste n’avait sans doute si peu promis» et pourtant Ce peu de promesses porte «les germes très puissants des déconvenues futures» : promesse non tenue de renégocier le TSCG alors qu’aucune «explication n’a été faite sur la construction européenne », une loi travail non prévue et jamais débattue devant l’opinion, maintien promis (après les baisses sous Sarkozy) et non tenu, des dotations aux collectivités…..
La promesse de l’inversion de la courbe du chômage concentre tous les regards, mois par mois, et plombe fortement la popularité du Président.
Sur la réforme territoriale, l’Intercommunalité à marche forcée contraire à celle pronée avec succès dans l’opposition avant 2012, la construction improvisée de régions de « taille critique », n’ont même pas été accompagnée de plus de décentralisation dans les compétences ou d’une extension de la démocratie locale.
Hollande avait dit sa volonté de rentrer dans les clous budgétaires. Mais les augmentations successives de l’allocation de rentrée scolaire, du SMIC, la création des emplois aidés, la retraite à 60 ans pour les carrières longues et le compte pénibilité donnent aux citoyens le visage d’un gouvernement qui crée des dépenses nouvelles, avec des hausses d’impôts qui viennent peser davantage sur la fiscalité des Français.
Le quinquennat de François Hollande a reproduit les difficultés que les socialistes ont toujours connues entre les moyens de « conquérir » le pouvoir et les moyens de l’ « exercer » . Le quinquennat a été une suite de ruptures rarement assumées : rupture « d’opinion », en 2012, liée au TSCG ou au « style présidentiel », rupture « politique », en 2014, lorsque «la majorité se rétrécit », « rupture idéologique » avec par exemple la déchéance de nationalité, …. À cela il faut ajouter la « cruelle chronique du quotidien », «la pratique chaotique du pouvoir » liée en plus à un président de la République qui « n’a trop souvent pas pu ou plus sûrement pas voulu imposer des choix, voire indiquer ses choix » …. Et quand ce « défaut d’autorité » s’associe à « un excès d’irresponsabilité collective » on voit où cela conduit : à un refus ou une incapacité d’assumer ce bilan devant les électeurs !
Plusieurs logiques se mêlent pendant ces 5 ans rendant la démarche politique peu claire : un reste de socialisme étatique, une social-démocratie espérée, un social-libéralisme plus ou moins accepté…. Auxquelles il faut ajouter une bonne part d’improvisation ! une part d’improvisation
Déficit public, comptes de la sécurité sociale, taux de marge des entreprises, créations nettes d’emplois, croissance… Tous ces voyants sont passés du rouge au vert, sauf l’emploi dont l’embellie est trop tardive, et forge un paradoxe : en cinq ans, « la situation de la France s’est davantage améliorée que celle des Français ».
Ce rapport est une première contribution utile à cet examen d’un quinquennat bien mouvementé ; il doit être lui-même critiqué pour permettre cet approfondissement indispensable. La tâche sera longue même si on voit déjà en contrepoints ce qui se passe avec Emmanuel Macron qui, à l’évidence en a déjà tiré certaines conclusions !
On trouve dans ce rapport outre un INVENTAIRE de Gilles Finchelstein :
- Des SYNTHÈSES sur Les choix de 2012 , la Politique économique et modèle social , l’enjeu européen, Les enjeux républicains et régaliens, les Enjeux sociétaux, « modèle éducatif et politiques culturelles », l’ »Environnement, écologie et transition énergétique », l’Exercice du pouvoir et la gouvernance
- Des PERSPECTIVES avec des Leçons pour la social-démocratie
- Des POINTS DE VUE sur La réforme des rythmes scolaires, La déchéance de nationalité, La loi travail, Le mariage pour tous, La réforme territoriale , L’intervention au Mali
- Des REPÈRES : L’opinion de 2012 à 2017, une Chronologie , une Bibliographie non exhaustive
Retrouvez le rapport inventaire-2012-2017-retour-sur-un-quinquennat-anormal
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