Penser le logement dans 20 ans, c’est d’abord penser à nos modes de vie, plus qu’à la construction

Le logement s’inscrit par nature dans une longue durée : on construit pour durer et ce qu’on construit organise l’espace à long terme. Il est donc courant d’imaginer l’avenir du logement en termes de volumes à construire, de rythme des chantiers, de budgets à mobiliser.

 Ce rapport de Terra Nova a voulu mener   un exercice différent, centré d’abord sur les manières d’habiter plutôt que sur la construction et le bâti. Comment habiterons-nous dans 20 ans ? Formulé de cette manière, le sujet se présente de manière à la fois plus restreinte et plus vaste. Plus restreinte, parce qu’il laisse de côté de nombreux sujets techniques fondamentaux pour le logement, comme le financement, les normes réglementaires, les techniques de construction etc. Mais plus large parce qu’il invite à observer les croisements entre les manières d’habiter et des évolutions de nos modes de vie : la redéfinition de la vie familiale, le vieillissement de la population, le changement du travail, le développement de la mobilité, l’apparition de l’économie du partage etc.

Ces dernières années, ce sont des pratiques nouvelles comme la colocation ou les locations temporaires qui ont changé le marché du logement, plus que des évolutions liées à l’architecture ou à la construction. Mais comment savoir quel impact nos modes de vie auront sur notre manière d’habiter ? Il ne suffit pas de mettre en évidence des tendances déjà engagées comme l’augmentation de la population, le vieillissement, la concentration de la création d’emploi dans les centres métropolitains etc. Il faut encore comprendre comment ces tendances s’inscrivent dans le territoire, provoquent des effets de concentration ou de dispersion de l’habitat, c’est-à-dire créent des situations localement tendues pour l’accès au logement et des zones plus détendues.

Or, en France, le contraste est particulièrement important entre les territoires en développement, qui ne sont pas tous des centres urbains, et les zones moins denses, qui ne manquent pas toutes d’attractivité.   D’un côté, les métropoles risquent de ne plus être accessibles à une part croissante de la population, en raison du coût d’accès trop élevé au logement en ville-centre. De l’autre, le mouvement d’étalement urbain qui permet de loger les citadins aux alentours des métropoles entraîne des coûts d’infrastructure particulièrement lourds et n’est pas soutenable d’un point de vue environnemental.

Comment nous organiser pour préserver nos ressources, garder la ville ouverte à tous et adapter les logements à de nouveaux styles de vie ? Comment favoriser l’inclusion sociale par le logement ? Comment développer l’habitat durable ? Les habitants chercheront demain à habiter de logements plus adaptables à leurs contraintes et à leur style de vie. Utopie ? Des innovations s’orientent déjà dans cette direction. Un urbanisme favorable à la mixité des usages permet par exemple de mieux valoriser des espaces occupés de manière discontinue ou temporaire. On peut aussi imaginer des mises en commun plus systématiques de certains espaces dans les habitations collectives, grâce aux nouvelles technologies.

Des aspirations et des pratiques nouvelles vont aussi changer les comportements comme le montrent les exemples de projets participatifs : l’habitat partagé peut apporter une réponse au besoin d’espace dans la ville dense. Notre avenir proche n’apparaît donc pas comme un horizon uniforme. Malgré les contraintes qui conditionnent nos choix à vingt ans, plusieurs scénarios d’avenir sont possibles.

  La métropolisation et son impact sur le reste du territoire, l’occupation du territoire entre densité et desserrement , les évolutions du travail et l’individualisation des horaires, la localisation de l’activité économique et son impact sur les mobilités , le vieillissement de la population , les changements de la vie familiale , l’affirmation dans la vie quotidienne d’un paradigme du partage et de la coopération , la transition écologique dans les transports, la construction et l’occupation des logements , l’entrée de la révolution numérique dans les logements  ….Ont conduit à formaliser dans ce rapport, quatre scénarios pour débattre des choix à privilégier : “la concentration métropolitaine”, “la saturation urbaine”, “la révolution du partage” et “le réseau des métropoles”.

En pondérant diversement chacune de ces variables, on parvient à des scénarios assez contrastés, dont seul le dernier, « le réseau des métropoles », montre qu’il est possible de corriger les déséquilibres de notre rapport au territoire national.

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