Avr 12

Ado Vasseur nous a quittés

Ado Vasseur était Directeur de l’école de musique de Déville et du Centre Culturel Voltaire ; il vient de nous quitter et j’ai eu l’honneur de lui rendre hommage hier . Je présente ici quelques extraits de cet hommage, concernant son parcours:

« ……. C’est en 1920 que tu es né dans le nord à Anzin. Ton père cheminot, syndicaliste engagé, militant politique actif, t’a fait vivre intensément la vie publique parfois difficile des années 1934 ou 1936; ta mère essayait de t’en préserver à ce que tu me disais.

Le 18 juin  40, ça ne s’oublie pas, tu fêtais tes 20 ans! Trop jeune de quelques mois pour partir en Allemagne, tu réussis quelques mois plus tard à y échapper, au prix de quelques complicités

Tu rencontres Andrée avec qui tu te maries en décembre 1941. Et puis la même année, le saxophoniste, le petit Secrétaire du théâtre d’Anzin, que tu étais, fait la connaissance de celui qui marquera ta carrière professionnelle, Paul Douai alors Directeur de ce théâtre d’Anzin.

Pendant 20 ans tu formeras avec lui une équipe exceptionnelle. Appelés alors par le maire de Rouen, vous partirez tous les deux prendre en 1945, la direction du théâtre cirque de la ville.

Il vous faut faire cohabiter dans ce lieu,  le cirque, le catch, les meetings politiques, le théâtre lès opérettes, les concerts…

Pas facile mais c’est la reconstruction, le renouveau du théâtre, de la musique après la guerre. Tu accueilleras alors avec lui de nombreux artistes, les plus grands ténors, des noms aussi prestigieux que Louis Armstrong ou Sydney Bechet, des chanteurs aussi divers qu’Edith Piaf, Jacques Brel, des comédiens comme Gérard Philippe. Combien d’artistes te seront reconnaissants par la suite de les avoir aidés comme tu savais le faire, à exprimer leurs talents

Et puis c’est l’incroyable rupture. En 1961, alors que se profile la reconstruction et la direction du théâtre des arts, la ville de Rouen arrête votre contrat. C’est un moment de rupture qui provoque manifestation et pétitions chez les Rouennais mais même le soutien résolu de Raoul Leprettre n’empêchera pas la fin de cette époque.

Il vous faut rebondir, tout reconstruire et tu le fais en t’en t’engageant dans la décentralisation avec la création de l’expansion artistique, qui avec un chapiteau, une équipe d’artistes part sur tout le territoire de la Seine Maritime pour diffuser théâtre et musique 

Pas facile d’être toujours itinérant !

En 1965, mon prédécesseur à la mairie de Deville, Michel Cozette, te propose un double challenge : construire et créer le théâtre qui deviendra le centre culturel voltaire, et créer l’école municipale de musique et de théâtre.

Pendant 40 ans tu dirigeras ces deux établissements, auxquels s’ajouteront bientôt après, le théâtre Charles Dullin et le théâtre de Pont Audemer.

Comme directeur tu as toujours refusé de te laisser enfermer comme tu disais entre les directeurs « tout artiste » et les directeurs « commerçant ». Tu savais qu’on ne peut dépenser sans compter, et qu’il faut en permanence innover. Se divertir n’était pas pour toi un plaisir coupable, et tu partageais avec Malraux que la culture pouvait être une partie du bien être courant.

En 2008, à 88 ans tu souhaites passer la main. Tu auras permis à bien des générations de jeunes ou moins jeunes de bénéficier de tout ce qui a fait ta vie la culture populaire. Tu auras forme à la musique, au théâtre, tant de générations.

En 1988, quand je suis arrivé à Deville, je n’oublierai jamais l’accueil que tu m’as réservé avec tes amis Lucien Picard, Robert Wandelle et Jean Dubois.

J’ai beaucoup appris à tes côtés, tu m’as fait rencontrer de nombreux artistes qui t’aimaient tous, tu m’as fait comprendre bien des aspects de notre vie politique locale, de notre vie culturelle, que tu connaissais mieux que quiconque.

Nous sommes devenus amis et je n’oublierai pas tous ces moments d’échange vécus ensemble. Je n’oublierai pas nos rencontres à Cannes ou tu passais tes vacances d’étés entre deux saisons ; je n’oublierai pas ces parties de pétanque que tu as si souvent gagnées car tu étais un maître en ce domaine ; je n’oublierai pas ces sorties en bateau que tu aimais tant ou ces repas partagés avec tant de plaisir.

……..

 Ado tu étais un homme discret, la marque des grands, qui vivait avec passion tout ce que tu faisais. Tu nous laisses un bel héritage collectif et nous t’en sommes infiniment reconnaissants.

Merci Ado ! « 

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