Avec ses espaces maritimes et littoraux, la France possède un patrimoine naturel remarquable et un potentiel de développement socio-économique important. Je l’ai souvent évoqué ici lorsque le présidais la commission permanente du conseil de façade Manche EST Mer du nord. Avec le Brexit la gestion de cet espace maritime va devenir encore plus cruciale. C’était déjà difficile compte tenu de nos différences culturelles et institutionnelles, mais au moins les directives européennes nous donnaient un cadre commun ; sans elles ?????
L’excellence de la recherche océanographique de la France est reconnue à travers le monde, certaines filières industrielles comme la construction navale, le transport de marchandises et le nautisme sont en pointe, son pavillon est reconnu pour la qualité, la technicité et le sérieux de ses navires et de ses équipages, sa marine nationale est présente sur toutes les mers, des mutations ou des impulsions sont lancées pour des secteurs historiques ou émergents. Sa compétence en matière de gestion d’espaces naturels marins protégés est largement reconnue dans le monde.
La mer et le littoral font l’objet de nombreux usages. Ils sont également soumis à de nombreuses pressions du fait de l’urbanisation, l’artificialisation des sols, du changement climatique, des pollutions terrestres ou de l’impact des activités. Pour que la mer et le littoral soient des lieux d’échanges, de richesses, de partage, de connaissances et de culture, la France s’est engagée depuis le début du millénaire dans une politique maritime prenant en compte simultanément la préservation du milieu marin, patrimoine commun de la nation, le développement économique des activités maritimes et littorales, et favorisant une gestion intégrée entre la terre et la mer.
L’océan compte parmi les 17 objectifs des Nations unies pour le développement durable, et dans le contexte de l’élaboration de la politique maritime intégrée de l’Union européenne, la France s’est dotée, en février 2017, d’une stratégie nationale pour la mer et le littoral. Cette stratégie donne un cadre de référence pour les politiques publiques concernant la mer et le littoral et, plus généralement, pour tous les acteurs de l’économie maritime et des littoraux.
La stratégie nationale pour la mer et le littoral fixe quatre grands objectifs de long terme, complémentaires et indissociables : la transition écologique pour la mer et le littoral ; le développement de l’économie bleue durable ; le bon état écologique du milieu marin et la préservation d’un littoral attractif ; le rayonnement de la France.
Elle donne un cadre d’action au travers quatre orientations stratégiques : s’appuyer sur la connaissance et l’innovation ; développer des territoires littoraux et maritimes durables et résilients ; soutenir et valoriser les initiatives et lever les freins ; promouvoir une vision française au sein de l’Union européenne et dans les négociations internationales et porter les enjeux nationaux.
Pour faciliter la prise de décision et s’adapter au contexte de chaque façade maritime, des documents stratégiques de façade vont définir une stratégie de développement durable de l’économie maritime et une planification des espaces maritimes.
Ces documents sont soumis à la consultation des instances et du public, du 4 mars au 4 juin 2019. Ils comprennent :
1) le diagnostic : la situation de l’existant, les enjeux et une vision pour l’avenir de la façade souhaité en 2030,
2) la définition des objectifs stratégiques du point de vue économique, social et environnemental et des indicateurs associés. Ils sont accompagnés d’une carte des vocations qui définit, dans les espaces maritimes, des zones cohérentes au regard des enjeux et objectifs généraux qui leur sont assignés,
3) les modalités d’évaluation de la mise en œuvre du document stratégique,
4) le plan d’action.
Pour notre façade « Manche EST –Mer du nord » rendez vous ici .
La façade maritime Manche Est-mer du Nord s’étend sur 1 022 km, de la frontière belge au golfe anglo-normand, en limite de la Bretagne. Elle compte 7 des 26 départements métropolitains de bord de mer et 2 des 8 régions littorales : Hauts-de-France et Normandie.
Zone exiguë et ventée, aux forts courants et eaux peu profondes, cette façade maritime accueille le quart du commerce mondial et les deux tiers du trafic portuaire français. Elle présente la plus forte concentration de navires de pêche français et européens et constitue le second bassin conchylicole européen. Cette façade abrite plus de la moitié des projets identifiés d’énergies marines renouvelables en France. 30 % de sa zone maritime est couverte par des aires marines protégées et elles comptent plusieurs sites emblématiques comme les deux caps, la baie de Somme, les plages du débarquement ou la baie du mont-Saint-Michel. Elle fournit près de 20 % de la production nationale de granulats marins. Elle est le lieu d’activités militaires en mer, de bases navales et aéronavales ainsi que de plusieurs sites industriels de défense.
Plus que tout autre façade, Manche Est-mer du Nord insère son activité et ses coopérations dans une vision internationale, bouleversée en profondeur par la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (Brexit).
À l’horizon 2030, la façade Manche Est-mer du Nord s’affirme comme une porte de l’Europe. Ses ports ouvrent l’économie du continent sur le monde. Elle dispose de places portuaires développant des coopérations qui renforcent leur compétitivité économique et mettent en œuvre une stratégie globale de positionnement des ports français dans le Range nord-européen.
Les conditions de sécurité de la navigation et la prévention des pollutions accidentelles du milieu maritime dans le premier détroit du monde sont atteintes à travers la pérennisation de l’organisation de l’action de l’État en mer et la consolidation des moyens de surveillance de la navigation, de contrôle à quai des navires, d’intervention et d’assistance en mer. La façade conforte la sûreté de ses places portuaires et de ses espaces maritimes dans un contexte d’accroissement du risque terroriste et de durabilité du phénomène migratoire.
La protection de l’environnement marin et le bon état écologique des milieux constituent une opportunité pour la réussite des évolutions économiques et industrielles de la façade. Sa ressource en granulats marins est stratégique pour les nouveaux projets de travaux publics (à terre ou en mer) . Par la diversification des activités de pêche, la façade maritime assure le maintien des ressources vivantes et leur exploitation raisonnée, depuis l’approvisionnement jusqu’à la commercialisation. La façade maritime promeut son fort potentiel touristique littoral auprès des métropoles européennes proches.
Les conditions d’un développement durable de l’économie maritime sont intégrées aux démarches de planification spatiale et d’aménagement des territoires. Activités et coopérations s’insèrent dans une vision internationale de l’espace de la Manche et de la mer du Nord.
Dans l’attente d’une éventuelle reconnaissance comme une unité spécifique de gestion européenne, la façade Manche Est-mer du Nord se doit d’anticiper les conséquences du Brexit. Le report des zones de pêche dans les eaux européennes, assorti de l’émergence prochaine de zones à énergies marines renouvelables, ainsi que le trafic et l’activité portuaires, nécessitent l’intégration d’une vision neuve dans la coordination des politiques transfrontalières.
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