Le racisme n’augmente pas contrairement à ce que l’on pourrait penser ; c’est ce qui ressort d’un sondage réalisé en 2018 dans le cadre du rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) ou des statistiques du Ministère de l’intérieur, que rapporte le centre d’observatioon de la société
La part de personnes qui estiment qu’il existe des « races supérieures à d’autres » est quasiment constante depuis 2002, autour de 10 %. La proportion de personnes qui pensent que « toutes les races se valent » a baissé légèrement entre la fin des années 2000 et le début des années 2010 et atteint 56 % en 2018. Ceci au profit de ceux qui pensent que les races n’existent tout simplement pas, dont le pourcentage a doublé entre 2002 et 2018, de 16 % à 34 %.
A la question « êtes-vous raciste vous-mêmes ? », la moitié de la population indique « pas du tout », proportion qui fluctue entre 40 % et 50 % depuis le début des années 2000 et qui a augmenté de 2013 à 2016. La part de ceux qui répondent « un peu » ou « plutôt » raciste change très peu, autour de 25 %-30 %, et il diminue depuis 2013.
On peut balayer ces données d’un revers de main en se disant qu’il est facile de déclarer que l’on n’est pas raciste alors qu’on l’est en pratique. L’évolution compte davantage que le niveau.
Rien ne semble indiquer une poussée de racisme dans l’opinion. Si les valeurs se sont durcies dans ce domaine, ce serait plutôt il y a une quinzaine d’années. L’élévation du niveau de diplôme et le renouvellement générationnel poussent plutôt à l’ouverture aux autres. La dégradation de la situation économique peut jouer en sens inverse, même si son impact n’est pas simple à mesurer
Le type de majorité politique a aussi un effet que les politologues qualifient de « thermostatique » : on déclare davantage de tolérance quand la droite gouverne et d’intolérance quand c’est le tour de la gauche, comme si les sondés voulaient éviter les excès dans un sens ou dans l’autre.
Parallèlement le ministère de l’Intérieur recense chaque année les crimes, délits ou contraventions de 5e classe à caractère raciste. Ceux-ci, relativement stables dans les années 1990, ont triplé au début des années 2000, de 500 à 1 500 par an, puis ont oscillé autour de ce niveau. S’il y a eu progression, elle date d’une quinzaine d’années. Dans les années récentes, on a enregistré une baisse assez nette en 2016, puis une stabilisation autour de 1 000 cas.
Difficile donc de tirer de la hausse des faits une progression du racisme, ou en tous cas récemment : le chiffre de 2018 (1 137 actes recensés) est même inférieur à celui de 2002.
Avec les condamnations on observe les cas sanctionnés les plus graves. Les données du ministère de la Justice font état d’une baisse depuis le milieu des années 2000, suivie d’une stabilisation.
Quel que soit l’indicateur retenu, on n’assiste pas à une flambée de racisme en France. La chronique médiatique des faits divers ne correspond pas nécessairement à l’évolution sociale.
Néanmoins prudence dans ces chiffres : ils peuvent d’une part cacher des violences racistes qui ne sont pas exprimées et comptabilisées comme telles ; Une grande partie du phénomène reste non mesurée. Inversement, comme pour l’insécurité en général, quand une société est plus attentive à un phénomène social, elle fait apparaître au grand jour des actes qui hier étaient passés sous silence. Et puis, les moyennes globales peuvent masquer la progression du racisme vis-à-vis de catégories spécifiques.
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