Quelques réflexions et éléments de satisfaction suite aux élections européennes du 26 mai

Emmanuel Macron avait fait un « pari un peu fou » avant les élections : arriver devant le rassemblement national : il ne l’a pas gagné à moins de 1% près ! Mais qu’importe, le RN a régressé par rapport à 2014 en passant de 24,86% à 23,31%, même s’il reste dans l’absolu, encore trop élevé. A cette époque il distançait le parti au pouvoir de 10 points !  Finalement RN et Renaissance auront chacun 23 élus au parlement dès le Brexit mis en œuvre. Aux inquiétudes avant les élections et même jusqu’à l’annonce des premiers résultats à succéder une forme d’« espoir européen »

Il est à noter que malgré tout ce que l’on annonçait, après la séquence des gilets jaunes, les poussées populistes en Europe, le résultat de la liste Renaissance est plutôt satisfaisant après deux années d’exercice du pouvoir, pour une élection de mi-mandat toujours défavorable au pouvoir en place.

Enfin la forte remontée de la participation est encourageante même si elle peut encore progresser : cette amélioration de la participation est sans doute en partie la conséquence d’un engagement présidentiel fort et d’une meilleure lisibilité des enjeux avec des listes nationales.

Que dire sur le bouleversement du clivage droite gauche et l’affaiblissement des deux grands partis traditionnels : le RN a existé bien avant Macron et c’est vraiment un mauvais procès de lui reprocher de constater que c’est l’adversaire principal, en France comme en Europe

Croire que ce bouleversement de grande ampleur ne serait que la conséquence du pouvoir d’un homme, Emmanuel Macron, et de sa seule capacité à instrumentaliser des masses considérables d’électeurs et les dirigeants des ex grands partis dits de gouvernement, est d’une stupidité totale. C’est en effet au niveau des théoriciens bas de gamme de l’univers complotiste, une manière de se défausser de ses propres responsabilités sans rien remettre en cause de ses orientations et de ses pratiques !

Macron n’a tué ni la droite ni la gauche, ce sont les électeurs qui ont choisi ; il a su être clair sur les nouveaux enjeux que perçoivent bien les électeurs, sur le climat ou la sécurité par exemple, et faire de l’Europe l’axe principal de son projet en 2017, dans un contexte ou la Chine, les Etats Unis ou la Russie ne cherchent qu’à l’affaiblir

France Insoumise (6,3%) et Les Républicains (8,2%) ont pâti de leurs ambiguïtés souverainistes comme de celles sur la démocratie représentative ou encore sur l’autorité de l’Etat lors des conflits des gilets jaunes

Le PS a ignoré son histoire européenne, lui qui avait porté avec force les traités de Rome ou de Maastricht pour rechercher des alliances avec ceux qui faute de pouvoir rejeter l’Europe veulent renégocier les traités avant même de pouvoir agir ; son opposition systématique à Macron le met par ailleurs en porte à faux avec bon nombre de responsables socio démocrates en Europe.

J’espère que les Gilets jaunes les plus radicaux, tireront de cette séquence la conclusion que les Français ne sont pas prêts à jeter par-dessus bord la démocratie représentative.

À l’inverse les 3 gagnants se sont clairement positionnés sur le changement climatique, les migrations, le terrorisme ou encore la capacité de l’Europe à tenir tête à ses principaux rivaux, qui sont clairement apparus aux électeurs comme les enjeux principaux de ces élections

Le RN a continué à surfer sur la montée des populismes en Europe, mais a donné une voix à cette partie des Français craignant ou refusant une évolution du monde qui leur paraît se faire à leurs dépens.

Les verts toujours plus à l’aise dans les élections européennes ont porté clairement un choix pro-européen et la priorité du climat, même si avec 13,47% des voix ils ne renouvellent pas leur meilleur score de 2009 avec Cohn Bendit ; ils ont permis à l’électorat, jeune et préoccupé par les questions environnementales, d’exprimer ses angoisses et ses attentes, abandonnant les vieux partis de gauche

Mais le plus significatif c’est que on retrouve en France bien des similitudes avec ce qui s’est passé ailleurs en Europe, ouvrant de nouvelles perspectives, même si les enjeux nationaux ont souvent pris le pas … et, si quelques complotistes en voulaient la preuve, Macron n’existe pourtant pas dans tous les pays : ce n’est pas lui qui a fait chuter les conservateurs en Angleterre ou le SPD en Allemagne !!

La Victoire des pro européens est incontestable, et la vague nationale-populiste n’a pas tout emporté, et elle restée  morcelée ; elle est contenue aux Pays-Bas, au Danemark, en Allemagne ou encore en Espagne, même si trois grandes économies européennes ont tout de même placé ce courant europhobe en tête : le Royaume-Uni où le parti du Brexit de Nigel Farage atteint 31,7 % des voix, l’Italie où la Lega a viré en première position (34,3 %) comme le Rassemblement national (RN) en France (23,3 %).

 Il y a à travers ces élections, la volonté de passer d’une traditionnelle alternance PPE-PSOE à une nouvelle majorité : Au Parlement européen, les socialistes (S&D) et les démocrates-chrétiens (PPE) n’ont plus la majorité et ne cumulent plus que 43% des voix (contre 54% en 2014 et 66% en 1999) : ils ne sont plus en situation d’assurer l’élection du futur président de la Commission européenne, qui doit être ‘élu’ à la majorité des membres du Parlement. Gageons que ceci puisse être porteur de changements dans le fonctionnement de nos institutions européennes et redonne à la France une place de premier plan en Europe.

 Et puis bien sur la percée écologiste un peu partout et pas seulement en France traduit une réelle préoccupation sur la question du réchauffement climatique.   Elle est portée aussi par de nombreuses forces politiques et pas seulement par les partis verts fort différents d’un pays à l’autre

Certains veulent projeter les résultats de ces élections sur les municipales à venir. Ce serait une erreur car les enjeux sont différents même si ces résultats peuvent aider à construire des rapports de force nouveaux ! En ce sens il y a des vainqueurs et des vaincus !

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