Drogues, tabac, et alcool : où en sommes-nous en France depuis 20 ans?

La consommation régulière d’alcool et de tabac diminue sur longue période, celle de cannabis et de cocaïne progresse mais concerne une population bien plus faible, rapporte le Centre d’Observation de la société. La consommation de substances psychoactives (drogues illicites, tabac et alcool) évolue en fonction des transformations des modes de vie. Les comportements des femmes et des hommes se rapprochent lentement, même si un écart persiste et l’attention au corps s’élève avec le niveau d’éducation. Le cannabis et la cocaïne se diffusent, on prend moins souvent d’alcool à midi, etc. Des effets de génération jouent aussi : notamment pour le vin qui décline. C’est l’inverse pour le cannabis.

Un quart des 18-75 ans fument tous les jours, 29 % régulièrement ou occasionnellement. Cette proportion a baissé dans les années 1970 et 1980 du fait des hommes. En 1974, 60 % d’entre eux étaient fumeurs ! La part a augmenté chez les femmes dans les années 1980 puis est demeurée assez stable. Depuis les années 1990, les choses évoluent peu. La hausse du prix du tabac a peu d’effet sur le fait de fumer ou pas : depuis les années 2000, le tabagisme a progressé parmi les plus bas revenus et augmenté chez les plus aisés. En 2017, la part de fumeurs a diminué pour la première fois depuis 15 ans. Elle s’est stabilisée en 2018.

La consommation de drogues illicites progresse. L’usage régulier (au moins dix fois par mois) du cannabis est passé de 1,9 % des 18-64 ans en 2000 à 3,6 % en 2017. Un doublement, certes, mais cette pratique ne concerne qu’une fraction très réduite de la population : 2,2 % de la population fume du cannabis tous les jours, moins de 5 % des 18-25 ans sont dans ce cas. La consommation de cocaïne suit le même chemin même si une infime partie de la population est concernée. Dans les années 1990, moins de 0,5 % de la population disait en avoir pris au moins une fois dans l’année, contre 1,6 % en 2017.

Les Français boivent de moins en moins. Dans les années 1990, la baisse a surtout concerné les hommes, puis les femmes dans les années 2000. La part de consommateurs quotidiens est tombée de 24 % à 11 % entre 1992 et 2017. Côté âge, c’est l’inverse du cannabis : seuls 2 % des 18-25 ans consomment tous les jours de l’alcool. La consommation d’alcool a progressé entre 2014 et 2017 chez les hommes. Depuis dix ans, elle ne diminue plus.

Les pratiques « de masse » comme l’alcoolisme ou le tabagisme connaissent une forme de stabilisation dans les années récentes alors que les drogues illicites se développent mais dans une très petite fraction de la population. Du côté des drogues licites, autant le danger du tabagisme fait l’objet de messages explicites (notamment sur les paquets) et d’une politique de hausse des prix, autant les pouvoirs publics demeurent silencieux en matière d’alcool qui serait responsable de plus de 40 000 décès par an, selon Santé publique France, soit 12,5 fois plus que les accidents de la route. Pour ce qui est du cannabis, le débat porte sur sa dangerosité et de plus en plus de voix s’élèvent pour sa légalisation comme c’est déjà le cas dans un certain nombre de pays. A l’évidence les politiques publiques ont échoué. D’une manière générale les politiques publiques naviguent entre l’exigence de santé publique et le libre arbitre individuel, en fonction du degré de dangerosité estimé du produit. Pas si simple à trancher.

observatoire français des drogues et des toxicomanies

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