Les conservateurs de Droit et justice (PiS) devraient être reconduits au pouvoir en Pologne demain lors des élections

Demain 13 octobre, 30 millions de Polonais renouvellent les membres des deux chambres du Parlement (460 députés et 100 sénateurs) ainsi que l’a annoncé le président de la République.

Les Polonais ne semblent pas souhaiter changer l’équipe qui les gouverne, selon la Fondation Schuman. Les forces de l’opposition ont beau promettre de ne pas abandonner ou de ne pas amender les différentes mesures sociales prises par le PiS au cours des 4 dernières années, les électeurs se montrent peu motivés pour se tourner vers un autre parti, ou peu convaincus de la nécessité, dans ce contexte, de changer de gouvernants tant le PiS demeure plus crédible sur le terrain social que chacun de ses adversaires.

 Le PiS, qui exerce un fort contrôle sur les médias, transformés pour certains en outils de propagande, est d’ores et déjà parvenu à imposer les grands thèmes de la campagne électorale : les bénéfices sociaux et la politique à adopter à l’égard des personnes LGBT.

Selon une enquête d’opinion de l’institut IBRiS, le PiS devrait recueillir 42,4% des suffrages le 13 octobre, devant la Coalition civique (KO), qui rassemble la Plateforme civique (PO) et Moderne (Nowoczesna) 22,7%, Lewica (La Gauche), coalition de plusieurs partis de gauche dont l’Alliance démocratique de gauche (SLD), Wiosna et Razem, 13,1% ; la Coalition polonaise, qui regroupe le Parti populaire (PSL) et Kukiz’15, 5,6%.

 Au cours des 4 dernières années, le PiS, aidé par un contexte de bonne conjoncture économique (la croissance du PIB a progressé en moyenne de 4% chaque année depuis 2015), a déployé un vaste et généreux programme d’aides sociales. Il a honoré ses promesses de campagne de 2015 en mettant en place une allocation mensuelle de 500 zlotys (125 €), appelée 500+, versée pour chaque enfant aux familles percevant les plus faibles revenus et à partir du deuxième enfant dans les familles recevant le salaire moyen (5 000 zlotys, 1 300 €). Pour les élections à venir, cette mesure a été élargie à tous les enfants. Le gouvernement a également alloué un 13e mois de pension aux retraités baissé le taux de l’impôt sur le revenu de 18 à 17% et augmenté les aides sociales versées aux personnes handicapées et aux agriculteurs. En outre, depuis le 1er août dernier, les salariés âgés de moins de 26 ans ne paient plus d’impôt sur le revenu, une mesure prise pour lutter contre l’exode des jeunes, très important en Pologne.

Pour les 4 années à venir, le PiS promet d’augmenter le salaire minimum, de reconduire le 13e mois de pension alloué aux retraités

Le PiS mène donc une politique qui mêle redistribution sociale et conservatisme, répétant que son seul objectif est que chaque Polonais puisse bénéficier de la transition. De nombreux Polonais lui en sont très redevables et le mépris que manifestent certains membres de l’opposition à l’égard du PiS ne fait que consolider l’assise de ce dernier au sein de son électorat. Parti très conservateur, le PiS attire notamment des électeurs ruraux, peu diplômés et peu fortunés. Cet électorat est important en Pologne où seuls 30% des habitants vivent dans de grandes villes.

Le parti est notamment conservateur sur les sujets de société. Il a rendu plus difficile le droit à l’avortement et se pose en « rempart » contre les personnes LGBT en qui il voit une menace contre les valeurs familiales catholiques, soit, selon le PiS, l’identité polonaise. Il a également fait adopter plusieurs réformes qui ont porté atteinte à l’indépendance de la justice qui ont amené l’Union européenne à déclencher en décembre 2017 l’article 7 du traité sur l’Union européenne contre Varsovie, une première dans l’Union. Cependant, cette procédure ne semble pas avoir affaibli le PiS qui a d’ailleurs promis de poursuivre ses réformes en cas de victoire le 13 octobre.

Face à lui, l’opposition est divisée.

Aux élections européennes, le PiS a recueilli 45,38% des suffrages et 38,47% des voix se sont portés sur l’opposition, avec une participation a élevée (45,68%), ce qui aurait dû favoriser les forces de l’opposition.

En raison du résultat des élections européennes et des divisions qui ont suivi, la PO a annoncé la fin de la Coalition européenne le 18 juillet dernier. La PO, dirigée par Grzegorz Schetyna, n’a jamais surmonté le départ de Donald Tusk en 2014 pour la présidence du Conseil européen. Il a cru, à tort, que la société polonaise se libéraliserait plus vite qu’elle ne le fait. Son discours parle donc surtout aux citoyens les plus fortunés, urbains et diplômés, soit une minorité de la population. Pourtant, la PO promet de ne pas revenir sur les différentes mesures sociales qui ont été prises le PiS au cours des 4 dernières années

Il est difficile pour les forces de gauche de faire entendre leur voix alors que le PiS occupe le terrain social et que les populations les plus pauvres sont par ailleurs les plus âgées et les plus conservatrices.

 5 partis politiques sont représentés à la Diète (Sejm): – Droit et justice (PiS), parti conservateur du Premier ministre sortant  fondé le 13 juin 2001, compte 235 députés et 61 sénateurs ; – la Plateforme civique (PO), créée en mars 2001, possède 138 sièges à la Diète et 34 au Sénat ; – le Parti populaire (PSL), parti centriste et agrarien, le plus ancien parti politique de Pologne, compte 38 députés et 1 sénateur ; – Kukiz’15, parti populiste créé en 2015 par Pavel Kukiz, chanteur de rock, acteur et candidat malheureux à l’élection présidentielle possède 42 sièges à la Diète ; – .Moderne (Nowoczesna), parti libéral fondé en 2015 par l’économiste de la Banque mondiale Ryszard Petru compte 28 députés.

 Les Polonais élisent également leur président de la République au suffrage universel direct tous les 5 ans. Andrzej Duda a été élu le 24 mai 2015 avec 51,55% des suffrages, s’imposant devant le chef de l’Etat polonais sortant, Bronislaw Komorowski (PO) (48,45%).

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