L’illectronisme (illetrisme + électronique) peut accroître la vulnérabilité sociale face à la dématérialisation

« La lutte contre l’illectronisme contraction des termes illettrisme et électronique ( devient un enjeu de politique publique comparable à la lutte contre l’illettrisme ». Dans une étude consacrée à cette question, l’INSEE révèle différents visages de cette réalité.

Elle vient après le rapport du défenseur des droits sur la dématérialisation et les inégalités d’accès aux services publics et l’étude de l’UNCASS auprès des CCAS.

15% des personnes de plus de 15 ans n’ont pas utilisé internet au cours de l’année 2019. Une personne sur quatre ne parvient pas à s’informer en ligne et une sur cinq est « incapable de communiquer » sur internet. Au total, c’est 17% de la population qui est en situation d’illectronisme.

Non-équipement et non-usage vont le plus souvent de pair.

Les personnes âgées, isolées, peu diplômées, aux revenus modestes apparaissent plus exposées à ces phénomènes et souffrent, bien souvent, de problématiques complémentaires d’équipement : 64 % des 75 ans ou plus et 41 % des personnes sans diplôme ne se sont pas connectées au cours de l’année

les jeunes de 15 à 29 ans n’échappent  à l’illectronisme  et même si seulement 3 % d’entre eux sont rangés dans cette catégorie , près d’un sur cinq ne maîtrise pas au moins une capacité numérique de base (information, communication, logiciel ou résolution de problème)

Bien que le niveau global de compétences numériques en France soit « semblable » à la moyenne européenne, « en 2019, 38 % des usagers manquent d’au moins une compétence numérique de base et 2 % sont dépourvus de toute compétence »

Sur l’ensemble de la population, « le défaut de compétence le plus répandu concerne l’usage de logiciel (35 %) devant la recherche d’information (11 %), la résolution de problèmes (8 %) et la communication (7 %) ».

« Parmi les usagers d’Internet, 33 % n’ont ainsi pas été en mesure de se renseigner sur des produits et services et 49 % de rechercher des informations administratives », révèle l’étude. Alors que communiquer via Internet paraît quasi-incontournable dans le monde professionnel et personnel , 14 % des usagers d’Internet n’ont ni envoyé ni lu de courriels et 54 % n’ont pas communiqué via les réseaux sociaux.

Cette fracture numérique pose la question de l’égalité des citoyens face aux services publics alors que d’ici 2022, « 100 % des démarches administratives pourront être effectuées depuis Internet – sauf première délivrance des documents d’identité officiels ». Pour accompagner les Français les plus éloignés du numérique, l’État devrait amplifier son plan national pour un numérique inclusif, à travers  l’outil France Connect Aidants, qui permet à un professionnel habilité de « faire des démarches en ligne à la place d’une personne ne parvenant pas à les faire seule », ou avec la distribution, par des aidants et agents des administrations, de Pass numériques (carnets de plusieurs chèques) qui donnent accès, aux personnes en difficulté avec le numérique, à des services d’accompagnement numérique.

Ce phénomène massif de précarité numérique explique les difficultés que pose la dématérialisation des services publics, relevées par le Défenseur des Droits comme par l’Unccas dans son enquête auprès des CCAS. En 2018, 89% des CCAS/CIAS déclaraient que leur travail était impacté par le phénomène.

Lire l’enquête  unccas_enquete-accueil-aides-facultatives-2019

Dossier de presse du défenseur des droits sur la dématérialisation

rapport du défenseur des droits

Sommaire de la note de l’INSEE : usage internet

  1. L’illectronisme peut accroître la vulnérabilité sociale
  2. Une personne de 75 ans ou plus sur deux n’a pas accès à Internet à son domicile
  3. 15 % de la population n’a pas utilisé Internet au cours de l’année dont 64 % des 75 ans ou plus
  4. 38 % des usagers d’Internet manquent d’au moins une compétence numérique, 2 % n’en ont aucune
  5. Une personne sur quatre ne sait pas s’informer et une sur cinq est incapable de communiquer viaInternet
  6. Des compétences clivées suivant l’âge, le diplôme et le type de ménage
  7. Des disparités territoriales d’équipement et de compétences
  8. Les compétences des Français dans la moyenne de l’UE
  9. Encadré – Capacités et compétences numériques
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1 Commentaire

    • Pierre Héroux sur novembre 14, 2019 à 9:41 am
    • Répondre

    Avec la dématérialisation des procédures, on demande aux usagers d’acquérir des compétences (nouvelles) leur permettant d’accéder au service.
    Sans ces compétences, le service devient inaccessible. Le service n’est plus assuré.
    Cette dématérialisation s’est accompagnée de “rationnalisation” des moyens humains.
    Les services publics avec un accueil humain capable de répondre aux besoins particuliers, parfois hors procédures prévues par les plateformes, se sont raréfiées et par là même éloignées des usagers, notamment dans les zones peu denses, accentuant se sentiment d’abandon et de déclassement.

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