Mai 10

10 mai 1981: formidable moment d’espoir, mais aussi source intarissable de désillusions!

Cette victoire de l’alternance était si attendue qu’elle était un peu aveuglante !

Elle intervenait après un septennat qui avait échoué sur l’économie avec la montée du chômage malgré les plans successifs de Raymond Barre et une croissance du déficit commercial…mais qui avait plutôt réussi sur les réformes sociétales : loi sur l’avortement , abaissement de la majorité….

L’attente était grande dans l’opinion, d’un changement à la fois pour « aérer la démocratie », une sorte de « dégagisme » comme on dit aujourd’hui, et pour répondre à la croissance d’un chômage que l’on avait jamais connu, et qui inquiétait les Français.

Les réussites ont été au rendez-vous sur le premier aspect: libération des radios locales , abolition de la peine de mort, fête de la musique , fin de l’ORTF….il y a bien eu quelques dérapages de sectarisme dans les médias, dans les discours : Jack Lang vantait le passage de la France « de la nuit à la lumière » ; Quilès voulait que des « têtes tombent » dans les médias ou les administrations….Outrances plus liées à cette grande ambition de «changer la vie » que par une démarche effective.

L’échec est très vite arrivé en économie avec l’explosion des déficits: mesures sociales non financées induisant une explosion des déficits budgétaires, relance de l’économie par la demande dans une économie en pleine ouverture des frontières, amenant une explosion du déficit commercial, une inflation accrue pénalisant les plus modestes….

L’engagement européen de François Mitterrand a alors conduit au tournant inévitable de la rigueur et à la fin de la parenthèse du 10 mai 1981.

Il est vrai que cette victoire est arrivée en France sur une ligne politique totalement opposée à celle qui était menée dans tous les pays européens : libéralisation de l’économie, ouverture des frontières, privatisations….

Le deuxième septennat de François Mitterrand avec Michel Rocard s’est déroulé dans un contexte très différent avec des réformes réussies comme le RMI, la dévaluation compétitive chère à Pierre Bérégovoy pour maîtriser l’inflation avec succès , ou avec le traité de Maastricht encrant solidement la France dans l’Europe.

Mais le PS n’a jamais tiré véritablement les leçons des succès et des échecs de François Mitterrand . Il n’a jamais véritablement intégré dans sa réflexion la mondialisation de l’économie et les conséquences de la construction européenne…,,Il a même pris ses distances avec la construction européenne à partir du référendum de 2005 . Ceci le maintient dans un double discours, un discours quand il est dans l’opposition et un discours quand il est au gouvernement, ce qui atténue chaque jour un peu plus sa crédibilité.

Seul le cynisme ou l’habileté de François Mitterrand pouvaient lui faire dire à Épinay « celui qui n’accepte pas la rupture avec la société capitaliste celui-là ne pas être adhérent au PS »….. Apres 1981 un tel discours est devenu impossible rendant profond le fossé entre « socialisme de gouvernement » et « socialisme de rupture»

Incontestablement le 10 mai 1981 a été le début d’une période nouvelle pour la gauche , et le slogan « changer la vie » n’a pas été qu’un slogan….même si les « changements ». n’ont pas été tous, ceux que les Français attendaient !

A n’en pas douter : une élection d’alternance, décisive , pleine d’espoirs et d’illusions !

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