Quelle commission européenne pour les années à venir ? un équilibre difficile pour une politique plus cohérente, plus audacieuse

Après les élections européennes, l’heure est venue de renouveler la commission qui doit entrer en fonction le 1er novembre 2019

Le processus a commencé en juillet, au Parlement européen, avec l’élection de Mme von der Leyen à la tête de l’exécutif européen. Au mois d’août, les États membres ont ensuite eu pour tâche de désigner leurs candidats (un par État membre) pour constituer le collège de commissaires (Le Royaume-Uni a décidé de ne pas en proposer en raison de son départ de l’UE, prévu le 31 octobre).

Les nominations par chaque État rendent difficile la mise en œuvre de la parité voulue par la nouvelle Présidente

Tous les candidats aux postes de commissaires européens sont désormais connus. Le Parlement européen  doit maintenant les  confirmer à ce poste en les auditionnant du 30 septembre au 8 octobre ;  A la suite de ces auditions, les eurodéputés auront la possibilité de faire connaître leur désapprobation à la nomination d’un ou de plusieurs candidats. Si ces derniers ne sont pas remplacés, les parlementaires pourront retoquer le collège de commissaires dans son ensemble. Le vote d’approbation, condition sine qua non à leur entrée en fonction, aura lieu pendant la session plénière du 21 au 24 octobre.

Présidée par l’Allemande Ursula von der Leyen, la future Commission européenne doit entrer en fonction le 1er novembre 2019.

Voici ci-après la liste des candidats désignés pour composer la future Commission européenne, telle que les présente Touteleurope. Deux sujets font déjà l’objet de débats : les Ecologistes s’estiment lésés, tandis qu’un portefeuille associant l’immigration au “mode de vie européen” fait polémique…

Cette liste comprend 9 membres du Parti populaire européen (PPE, centre droit) et 9 membres sociaux-démocrates (S&D, gauche)”, sept membres libéraux-centristes (Renew Europe) et, un membre écologiste (Verts-ALE) et un souverainiste (CRE)”. Ele est presque paritaire avec 13 femmes et 14 hommes. Elle reprend 8 commissaires sortants.

La nouvelle présidente allemande a en outre désigné trois vice-présidents exécutifs, postes qui impliquent la responsabilité d’un portefeuille étendu.

La Danoise Margrethe Vestager (centriste libérale), en plus de retrouver son portefeuille à la Concurrence, “est désormais vice-présidente en charge du numérique et devra conduire la délicate refonte de la responsabilité des plates-formes” des GAFA.

Le Néerlandais Frans Timmermans (Socialiste) sera quant à lui chargé de “façonner un ‘green deal’ (‘pacte vert’) – avec la tutelle sur la politique climatique, l’énergie, l’agriculture.

Le Letton Valdis Dombrovskis (PPE) sera en charge de l’économie et de l’emploi.

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Allemagne – Ursula von der Leyen : Proche d’Angela Merkel, ministre fédérale de 2005 à 2019 aux portefeuilles de la Famille et de la Jeunesse, du Travail puis de la Défense, elle est la première femme à avoir été élue au poste de présidente de la Commission européenne par le Parlement européen, le 16 juillet 2019.
Autriche – Johannes Hahn ; Commissaire sortant à l’Elargissement et à la Politique européenne de voisinage, il a été de 2007 à 2010 ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche de son pays.
Belgique – Didier Reynders : Continuellement présent dans les gouvernements belges depuis 1999, il a tour à tour été ministre des Finances, puis des Affaires étrangères et de la Défense. Convoitant la présidence du Conseil de l’Europe en juin 2019, il s’incline face à la Croate Marija Pejčinović Burić.
Bulgarie – Mariya Gabriel ; commissaire sortante. Députée européenne élue en 2009, puis réélue en 2014, elle devient commissaire européenne à l’Economie et à la Société numérique en 2017. En 2013, au Parlement européen, alors qu’elle coordonne le groupe PPE à la Commission des droits de la femme et de l’égalité des genres, elle est lauréate du prix du Député européen de l’année, catégorie “égalité des genres”.
Chypre – Stélla Kyriakídou ;Psychologue de formation, elle est députée chypriote depuis 2006, poste auquel elle a été réélue deux fois. De fin 2017 à début 2018, elle a également été présidente de l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe.
Croatie – Dubravka Šuica ; Après avoir été maire de Dubrovnik dans les années 2000, elle fait partie des premiers députés européens croates, en étant élue en 2013. Elle est réélue à ce poste en 2014.
Danemark – Margrethe Vestager ; commissaire sortante .A la suite d’une carrière nationale en tant que ministre de l’Education et des Affaires ecclésiastiques de 1998 à 2001, puis de l’économie ainsi que de l’Intérieur de 2011 à 2014, elle devient cette même année commissaire à la Concurrence de la commission Juncker. Ses actions contre les pratiques fiscales d’Apple en Irlande ou encore contre les abus de position dominante de Google en font une figure emblématique de l’UE.
Espagne – Josep Borrell . Membre de l’exécutif espagnol de 1991 à 1996, sa carrière prend une dimension résolument européenne lors de son élection au Parlement européen en 2004, qui le propulse directement à la présidence de l’assemblée jusqu’en 2007. Après un retour au gouvernement espagnol en qualité de ministre des Affaires étrangères en 2018, le Conseil européen le désigne Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité en juillet 2019 (ce qui en fait un membre du collège de commissaires, sous réserve d’approbation de ce dernier par le Parlement européen).
Estonie – Kadri Simson ; Ministre des Affaires économiques et des Infrastructures de 2016 à 2019, elle réalisera, si sa candidature est retenue, son premier mandat européen.
Finlande – Jutta Urpilainen; De 2008 à 2014, elle est présidente du Parti social-démocrate de Finlande (SDP), tout en étant à partir de 2011 ministre des Finances. Concurrencée à la tête du parti par Antti Rinne, actuel Premier ministre finlandais, elle perd son poste de présidente du SDP en 2014 et quitte ses fonctions gouvernementales la même année.
France – Sylvie Goulard : Diplômée de l’ENA, elle démarre une carrière de haute fonctionnaire au ministère des Affaires étrangères en 1989. A partir de 2001, elle devient conseillère politique du président de la Commission européenne de l’époque, l’Italien Romano Prodi. Puis elle est élue eurodéputée en 2009, un mandat au cours duquel elle contribuera notamment à l’élaboration des sanctions contre les Etats ne respectant pas les règles budgétaires européennes (“Six-Pack”). Réélue au Parlement européen en 2014, elle quitte son poste en 2017, devenant ministre des Armées après l’élection d’Emmanuel Macron. Sa présence au gouvernement ne dure cependant qu’un mois : Sylvie Goulard décide de quitter l’exécutif après l’ouverture d’une enquête préliminaire la concernant, en lien avec l’affaire des assistants parlementaires – présumés fictifs – du MoDem. Une démission qu’elle explique par sa volonté de pouvoir démontrer sa “bonne foi”.
Grèce – Margaritis Schinas : Après avoir été député européen de 2007 à 2009, il est porte-parole en chef de la Commission européenne depuis 2014 et est donc loin d’être étranger à cette institution et à son fonctionnement.
Hongrie – László Trócsányi : Ancien ambassadeur de Hongrie en Europe de l’Ouest de 2000 à 2014 (Belgique, Luxembourg puis France), ce juriste devient ministre de la Justice en 2014. Jusqu’à son élection, en mai 2019, au Parlement européen, après avoir conduit la liste du Fidesz, le parti de Viktor Orbán. Spécialiste de droit constitutionnel, il a également fait partie de la Cour constitutionnel hongroise de 2007 à 2010 ainsi que de la Commission de Venise, organe consultatif du Conseil de l’Europe de 2005 à 2013.
Irlande – Phil Hogan ; Commissaire sortant à l’Agriculture et au Développement rural, il a d’abord eu une carrière politique en Irlande, ayant été ministre de l’Environnement, du Patrimoine et des gouvernements locaux avant d’entrer dans la Commission Juncker en 2014.
Italie – Paolo Gentiloni ; Membre du Parti démocrate (PD) italien, Paolo Gentiloni a été président du Conseil des ministres de 2016 à 2018. Il occupait auparavant la fonction de ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale dans le gouvernement Matteo Renzi, en 2014.
Lettonie – Valdis Dombrovskis ; Vice-président de la Commission européenne sortante, chargé de l’Euro et du Dialogue social, il est aussi, depuis 2014, commissaire à la Stabilité financière, aux Services financiers et à l’Union du marché des capitaux. Précédemment, il avait occupé le poste de ministre des Finances letton de 2002 à 2004. Puis, après un mandat de parlementaire européen, il avait été Premier ministre de 2009 à 2014, dirigeant trois gouvernements successifs.
Lituanie – Virginijus Sinkevičius ; Âgé d’à peine 28 ans, il sera, si sa candidature est retenue, le seul membre de la future Commission dont le parti (l’Union lituanienne agraire et des Verts) est affilié aux écologistes au Parlement européen. D’abord élu à la Seimas, le parlement lituanien, en tant que député en 2016, il est depuis 2017 ministre de l’Economie.
Luxembourg – Nicolas Schmit ; Il a été ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Immigration du gouvernement de coalition de Jean-Claude Juncker (PPE) de 2009 à 2013, lorsque ce dernier était encore à la tête de son pays. Il a ensuite rempilé en tant que ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Economie sociale et solidaire dans la coalition menée par le libéral Xavier Bettel, de 2013 à 2018.
Malte – Helena Dalli : Ministre du Dialogue social, de la Consommation et des Libertés civiles dans le premier gouvernement du social-démocrate Joseph Muscat (2013-2017), elle accède au portefeuille des Affaires européennes et de l’Egalité dans le second gouvernement qu’il dirige, à partir de 2017.
Pays-Bas – Frans Timmermans ; commissaire sortant et Spitzenkandidat des sociaux-démocrates aux élections européennes de 2019, il aurait donc aimé diriger la Commission européenne. Les chefs d’Etat et de gouvernement lui ont néanmoins promis qu’il conserverait son statut de vice-président. Dans la Commission Juncker, il avait la charge de l’Amélioration de la législation, des Relations inter-institutionnelles, de l’État de droit et de la Charte des droits fondamentaux. Poste qui l’a amené à défendre l’Etat de droit en Europe et à provoquer l’ire de certains Etats de l’Est, notamment de la Hongrie de Viktor Orbán. Avant d’être membre de la Commission, il a été Secrétaire d’Etat puis ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas de 2007 à 2014.
Pologne – Janusz Wojciechowski ; Député polonais, puis député européen de 2004 à 2016, il est ensuite appelé à la Cour des comptes européenne. Fin août 2019, il est proposé par son parti Droit et Justice (PiS) comme futur commissaire européen de la Pologne, en remplacement de Krzysztof Szczerski, qui refuse d’endosser le portefeuille de commissaire à l’Agriculture.
Portugal – Elisa Ferreira ; Economiste et femme politique, elle dirige depuis 2016 la Banque du Portugal, banque centrale du pays. Auparavant, elle a été ministre dans les deux gouvernements dirigés par le social-démocrate António Guterres (actuel Secrétaire général des Nations unies). De l’Environnement de 1995 à 1999, puis de la Planification jusqu’en 2002. Elle a également été eurodéputée de 2004 à 2016.
République tchèque – Věra Jourová ; Commissaire européenne sortante à la Justice, aux Consommateurs et à l’Égalité des genres, elle a aussi été quelques mois ministre du Développement régional de son pays avant d’occuper ce poste.
Roumanie – Rovana Plumb ou Dan Nica ; La Roumanie a deux candidats car elle est la seule, avec le Portugal initialement, à avoir respecté la demande d’Ursula von der Leyen de proposer deux personnalités, une pour chaque sexe, afin de pouvoir constituer une Commission paritaire. Tous les autres Etats membres ont préféré proposer une seule personne, plutôt que deux noms. Rovana Plumb est actuellement ministre des Fonds européens du gouvernement social-démocrate de Viorica Dăncilă et Dan Nica député européen. Pour garantir la parité, Ursula von der Leyen pourrait choisir Mme Plumb. Mais les scandales de corruption dans lesquels elle est impliquée en Roumanie pourraient sérieusement compromettre son accession au poste de commissaire. Même si Mme von der Leyen la choisissait, les députés européens pourraient lui barrer la route.
Slovaquie – Maroš Šefčovič ; Diplomate de carrière, il est commissaire européen depuis 2009. Depuis l’année suivante, il fait partie des vice-présidents de l’institution. Chargé des Relations interinstitutionnelles et de l’Administration sous José Manuel Barroso, puis chargé de l’Union énergétique sous Jean-Claude Juncker.
Slovénie – Janez Lenarčič ; Également diplomate, il a notamment occupé plusieurs postes à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), tel que directeur du Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme (2008-2011). Depuis 2016, il est représentant permanent de la Slovénie auprès de l’Union européenne.
Suède – Ylva Johansson ; Ministre suédoise du Travail depuis 2014, elle a aussi occupé la fonction de ministre de l’Education de 1994 à 1998, puis des Affaires sociales et des Personnes âgées de 2004 à 2006.
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