Quel pouvoir en Slovaquie aura t on  après les élections législatives ?

Les Slovaques sont appelés aux urnes ce 29 février prochain pour renouveler les 150 membres du Conseil national de la République, chambre unique du Parlement.

Les électeurs voteront ils pour des partis qui tentent de limiter la démocratie, de compromettre les idées démocratiques ou bien se tourneront ils vers des partis qui s’opposent à ces pratiques ? .

Ce scrutin, selon la Fondation Schuman se déroule dans une ambiance de protestation contre les autorités en place – et notamment contre la classe politique – accusées de corruption d’une part et de menace de vote en faveur des nationalistes d’extrême droite rassemblés au sein du Parti populaire-Notre Slovaquie (LSNS).

Cette atmosphère a également entraîné la création et la percée de nouveaux partis qui ont mis la lutte contre la corruption au cœur de leur combat et qui se posent comme des adversaires au pouvoir en place, et notamment de Direction-Démocratie sociale (SMER-SD) de Robert Fico et du Premier ministre sortant Peter Pellegrini

Ce scrutin est organisé 2 ans après l’assassinat du journaliste Jan Kuciak et de sa fiancée Martina Kusnirova, tous deux âgés de 27 ans, le 21 février 2018. Jan Kuciak enquêtait sur les soupçons de fraude aux subventions européennes organisées par la mafia italienne en Slovaquie avec l’aide de proches du gouvernement

Selon les derniers sondages, Direction-Démocratie sociale arriverait en tête avec 17% des suffrages, suivie du Parti des gens ordinaires et des personnalités indépendantes-Nouvelle majorité (OL’aNO-NOVA), 13,3%, des extrémistes de droite du Parti populaire-Notre Slovaquie (LSNS), 12,2%, et de Slovaquie progressiste/Ensemble-Démocratie civique, 9,3%. 4 autres partis seraient présents dans le prochain parlement avec plus de 5% des suffrages.

Au regard de ces résultats, Direction-Démocratie sociale, qui a déclaré qu’il ne s’allierait en aucun cas avec le Parti populaire-Notre Slovaquie, devrait avoir des difficultés pour former un gouvernement.

Si 10 partis dépassent le seuil de 5% des suffrages, obligatoire pour entrer au parlement comme les sondages l’indiquent, il sera très difficile de gérer la traduction politique de élections législatives.

Direction-Démocratie sociale domine la vie politique slovaque depuis 14 ans et reste donc le premier parti du pays et le favori du scrutin.

Sa campagne électorale met en avant les résultats économiques du gouvernement, et notamment la faiblesse du taux de chômage (4,92%).   Direction-Démocratie sociale fait campagne sur son programme social et vient de faire voter le versement d’un 13e mois de pension aux retraités, en moyenne de 460 €, le doublement de l’allocation versée aux familles avec enfant, et la suppression des frais de péage d’autoroutes pour les véhicules supérieurs à 3,5 tonnes. Le parti souhaite mettre en place des mesures pour que les médecins formés en Slovaquie restent dans le pays en obligeant ceux qui veulent émigrer à rembourser leurs frais de scolarité.

Le Parti populaire-Notre Slovaquie (LSNS) se présente comme le principal adversaire de Direction-Démocratie sociale, et se pose en défenseur de l’identité et de la souveraineté slovaque. Économiquement positionnée à gauche sur l’échiquier politique, il se bat contre la « criminalité des Roms », la présence des musulmans en Slovaquie, l’influence des Etats-Unis et de l’Union européenne dans le pays, le « pouvoir des sionistes » et tout ce qui peut menacer les valeurs de la famille traditionnelle. Le parti souhaite établir une flat tax (impôt à taux unique fixé à 15% pour la TVA, l’impôt sur le revenu et l’impôt sur les sociétés), contrer le « pouvoir de la finance » et remettre l’économie dans les mains des Slovaques, sortir le pays de l’OTAN, exclure « les personnes qui ne veulent pas travailler » du système des allocations sociales et organiser un référendum sur la sortie de l’euro. Le parti se présente comme le successeur de Parti du peuple, parti fasciste qui a dirigé la Slovaquie entre les deux guerres mondiales.

Les partis de l’opposition libérale ont échoué à constituer une coalition. On rappellera pourtant que Slovaquie progressiste/Ensemble-Démocratie civique a remporté les élections européennes de mai 2019 en s’imposant avec 20,11% des suffrages devant Direction-Démocratie sociale 15,72% et le Parti populaire-Notre Slovaquie 12,07%.

Le Conseil national de la République comprend 150 membres élus pour 4 ans au scrutin proportionnel sur des listes bloquées au sein d’une seule circonscription nationale.

8 partis politiques sont représentés dans l’actuel Conseil national de la République :
– Direction-Démocratie sociale (SMER-SD), parti social-démocrate du Premier ministre sortant, possède 49 sièges ;
– Liberté et solidarité, parti libéral fondé en 2009 compte 21 députés.
– le Parti des gens ordinaires et des personnalités indépendantes, parti de droite créé en octobre 2011 possède 19 sièges ;
– le Parti national (SNS), parti nationaliste et populiste, compte 15 élus ;
– le Parti populaire-Notre Slovaquie (LSNS), parti nationaliste d’extrême droite, possède 14 sièges ;
– Nous sommes une famille (Sme Rodina), parti populiste de droite, compte 11 élus ;
– Most-Hid (qui signifie « pont »), parti libéral fondé en 2009 par des membres du Parti de la coalition hongroise, compte 11 députés ;
 – le Parti conservateur (SKS), possède 10 élus.

Les Slovaques élisent également leur chef de l’Etat au suffrage universel direct. Zuzana Caputova (Slovaquie progressiste, PS) a été élue présidente de la Slovaquie le 30 mars 2019 avec 58,4% des suffrages face au vice-président de la Commission européenne, Maros Sefcovic, soutenu par Direction-Démocratie sociale qui a obtenu 41,6% des voix.

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