La pauvreté augmente en France depuis 2008 et sa progression affecte davantage les enfants : en 2010, 19,6 % de la population des moins de 18 ans vivent dans une famille en situation de pauvreté. Cela revient à dire qu’un enfant sur cinq est pauvre et qu’une personne pauvre sur trois est un enfant. Tout laisse à penser que la hausse s’est poursuivie en 2011 et 2012 : on peut craindre que le nombre d’enfants pauvres en France ne soit aujourd’hui proche de 3 millions.
A partir de leurs observations locales, les associations de lutte contre la pauvreté sont unanimes à alerter les pouvoirs publics sur l’augmentation des demandes d’aide sociale et de secours en urgence de la part de familles, notamment de familles monoparentales.
Et pourtant, de nombreuses études montrent qu’un enfant qui débute sa vie dans des conditions de pauvreté a de très grands risques d’être en échec scolaire puis d’être à l’écart du marché du travail.
Les enfants pauvres d’aujourd’hui seront pour une large part, si rien n’est fait, les exclus de demain. La France ne peut tout simplement pas se permettre de laisser perdre une si grande part de son capital humain sans handicaper gravement sa compétitivité.
Pour le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE), dans l’avis qu’il vient de rendre, les mesures en faveur des familles et des enfants en situation de pauvreté inscrites dans le Plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale, adopté par le gouvernement en janvier 2013, représentent des avancées concrètes. Elles ont été confortées, le 3 juin dernier, par les annonces du Premier ministre concernant la réforme des politiques familiales.
Mais il est clair que le premier objectif de cette réforme est de réduire le déficit de la branche famille : même si elle accorde une certaine attention aux familles démunies, son impact restera limité sur les conditions de vie des enfants en situation de pauvreté. Une réforme approfondie des politiques familiales et sociales reste à entreprendre.
Selon une étude comparative de l’Unicef portant sur 35 pays, la France, tout en consacrant à la famille la plus forte dépense publique en pourcentage du revenu moyen par habitant (3,7 % de son PIB), se place en 14e position ! Certains pays sont nettement plus performants : avec des dépenses moins importantes, ils réduisent plus fortement la pauvreté des enfants.
Par le biais de cet avis, le CNLE souhaite alerter les pouvoirs publics sur la gravité des situations de pauvreté des enfants en France et sur l’urgence à agir, notamment en direction des enfants les plus menacés par la misère et les plus discriminés. Il interpelle le gouvernement et le Parlement sur les mesures à prendre dans la prochaine loi de finances et de financement de la sécurité sociale pour 2014.
Cependant, le conseil regrette que le gouvernement n’ait pas suffisamment tenu compte, dans ce plan, des nombreuses propositions et pistes de travail ouvertes par l’atelier « Familles vulnérables, enfance et réussite éducative » de la Conférence contre la pauvreté. Cet atelier avait notamment souligné la nécessité de mieux coordonner l’action sociale autour des enfants et avait préconisé une mise en œuvre de la politique nationale pour l’enfance au travers de projets de territoire pour l’enfant, en rendant les aides plus cohérentes et coordonnées.
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