L’économiste et Normand, Pierre Le Pesant de Boisguilbert (1646-1714)

buste-boisguilbertPierre Le Pesant de Boisguilbert, est né à Rouen le 17 février 1646 et mort à Rouen le 10 octobre 1714, il y a juste 3 siècles. Économiste , il est considéré comme un des plus importants précurseurs de la science économique moderne.

Comme plusieurs personnages de cette époque, Pierre de Boisguilbert était un homme-orchestre: écrivain, traducteur, avocat, magistrat, administrateur public, commerçant, fermier, lieutenant de police. Sa famille faisait partie de ce qu’on appelait la “noblesse de robe”, celle qui rassemblait des personnes faisant carrière dans l’administration, principalement de la justice et des finances, et dont les fonctions étaient transmissibles et vendables. Les titulaires de ces charges devaient avoir fait des études universitaires, surtout en droit – ce qui était le cas de Boisguilbert -, et donc revêtir la toge ou la robe des diplômés.

Ce magistrat français, féru d’économie, a pour la première fois osé contester le mercantilisme, doctrine professée par la classe dirigeante au XVIIe siècle. Cousin de Corneille et peut-être lointain parent de Vauban, proche des jansénistes, Pierre Le Pesant de Boisguilbert se met en tête de contester l’impéritie des gouvernants ; démarche périlleuse au Siècle de Louis XIV!

Occupant des fonctions administratives à Rouen, Boisguilbert observe avec attention les conditions de vie dans la campagne française et il est profondément ébranlé par la grande misère qu’il y constate. Il estime que le revenu national de la France a baissé de moitié depuis trente ans et il entreprend d’en donner les raisons dans son premier ouvrage d’économie “Le détail de la France”, publié à titre anonyme en 1695. Ces raisons sont au nombre de trois: une fiscalité trop lourde et surtout d’une répartition injuste, qui écrase les pauvres plus que les riches; les édits de Colbert interdisant l’exportation des grains; l’activité des financiers – à distinguer des banquiers – intermédiaires qui s’accaparent l’argent issu des activités productives.

Boisguilbert recommande un impôt universel sur le revenu, payé par tous. C’est le projet qui sera repris par Vauban dans son plaidoyer : “La Dîme royale” (ouvrage dont la paternité sera d’ailleurs attribuée à Boisguilbert par Voltaire !). Il recommande aussi, chose tout à fait révolutionnaire à son époque, d’interdire les monopoles, de faciliter la concurrence et de respecter la liberté des prix ; une façon paradoxale de faire en sorte que la libre confrontation des intérêts particuliers aboutisse à servir l’intérêt général. C’est en filigrane la «main invisible» d’Adam Smith.

Il réalise également la première schématisation en France d’un circuit économique en tant que tel, expliquant la circulation de l’argent dans la société d’Ancien Régime. Son analyse sera reprise et approfondie par Richard Cantillon.

Les écrits de Boisguilbert sont des instruments de combat pour influencer et changer les politiques de son temps. Mais ils contiennent en même temps des analyses théoriques parfois stupéfiantes de modernité, au point que certains ont vu en lui un précurseur, non seulement de la physiocratie et de l’économie politique classique, mais de l’équilibre général de Léon Walras autant que de la macroéconomie keynésienne.

Boisguilbert a essayé avec acharnement de faire appliquer ses idées, publiant au besoin ses ouvrages anonymement, ce qui lui a quelquefois valu d’être rejeté comme fou ou de connaître des exils temporaires.

Les écrits de Boisguilbert sont des instruments de combat pour influencer et changer les politiques de son temps. Mais ils contiennent en même temps des analyses théoriques parfois stupéfiantes de modernité, au point que certains ont vu en lui un précurseur, non seulement de la physiocratie et de l’économie politique classique, mais de l’équilibre général de Léon Walras autant que de la macroéconomie keynésienne.

Chez Boisguilbert, l’économie n’est pas encore une science. Elle ne se distingue pas de la critique radicale d’un gouvernement arbitraire et autoritaire. Mais son principal objet est de remédier à la misère du pays en recherchant les sources du progrès économique et social.

Poney Boisguilbert 27 avril 2013 005Pour célébrer le tricentenaire de sa mort, les propriétaires du Château de Pinterville à Bois-Guilbert domaine familial où l’illustre économiste a séjourné pendant sa jeunesse, organisent une journée avec conférences, repas, concert et pièce de théâtre . Précisions sur le site internet du château. Découvrez un magnifique domaine, dont le château est labellisé “Maison des Illustres” et le jardin, “Jardin remarquable” par le ministère de la culture et de la communication, et suivez le parcours fascinant de cet humaniste.

 

Pour en savoir plus sur Pierre de Boisguilbert :
Jacqueline Hecht, Pierre de Boisguilbert ou la naissance de l’économie politique, Paris, I.N.E.D., 1966, ou  l’article d’alternatives économiques .

Partagez cet article :

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.