Revoir rapidement les missions de l’Etat est une nécessité à la fois pour une meilleure maitrise des dépenses publiques , et pour une décentralisation plus efficace. C’est une démarche urgente que les Français attendent !
Invités à juger l’action du gouvernement en matière de réforme de l’État, par l’IFOP pour l’Observatoire des politiques publiques, les Français expriment à la fois leur impatience et leur déception
A la question « Diriez-vous que depuis mai 2012 , l’action du gouvernement en matière de réforme de l’Etat (transformation de l’administration, amélioration du service rendu aux citoyens, simplification des procédures…) est…? « Suffisante » : la réponse est non à 80% et « efficace » : non à 82%
Les 3 priorités qui arrivent en tête de ce besoin de réforme, sont « Renforcer la compétitivité des entreprises (baisse des charges, réforme du droit du travail, simplification réglementaire » à 44%, « Réaliser des économies budgétaires » (44%) et « Consolider notre système de santé » (37%).
Si l’objectif de compétitivité est moins cité par les proches de la gauche que par ceux de la droite, la réalisation d’économies budgétaires l’est tout autant quelle que soit la sympathie partisane, ce qui traduit le caractère relativement consensuel de cette attente dans l’espace politique. Il en va très différemment pour la troisième des priorités identifiées, beaucoup moins compatible avec la baisse de la dépense publique, à savoir la consolidation de notre système de santé (mentionnée au global par 37 % des répondants). Réforme du système éducatif (31 % de mentions) et action en faveur de l’innovation et de l’investissement (28 %) complètent le top 5 des mesures attendues des Français.
Parmi les méthodes, qu’il conviendrait de privilégier : « Consulter les citoyens y compris par le référendum » (57%) et « Une plus grande volonté de réformer et une plus forte capacité d’arbitrer » (43%) arrivent nettement en tête, bien avant « Un pilotage au sommet de l’Etat » (9%) ou « Laisser le Parlement se saisir de cette question »(7%)
France Stratégie de son coté souligne que Toute réforme ambitieuse implique de ne pas en rester à une recherche d’optimisation marginale, mais de revisiter l’ensemble des missions de l’État, choisir entre “faire” et “faire faire”, entre assurer telle mission ou l’externaliser (à des agences publiques, comme au Canada, ou au privé, comme au Royaume-Uni).
Et France Stratégie de recommander :
· de redéfinir et de prioriser les missions, en systématisant les évaluations indépendantes et en s’appuyant sur les meilleures pratiques internationales ;
· de clarifier les rôles et de rétablir un véritable pilotage de la performance publique ;
· de mettre davantage les gestionnaires publics en situation de responsabilité avec la généralisation de contrats d’objectifs ;
· de diversifier l’offre de services en favorisant l’innovation et l’expérimentation.
L’expérience en matière de réforme de l’État, en France comme à l’étranger, surtout lorsqu’elle s’accompagne d’un impératif de réduction de coûts, témoigne de la nécessité de mobiliser et combiner de nombreux leviers, et passe parallèlement par un changement de paradigme qui place l’usager au cœur du processus public.
2 Commentaires
Cet article m’interpelle à plusieurs titres :
1. on a pris la mauvaise habitude d’utiliser le terme d'”usager”, sous-entendu “usager des services publics”, pour désigner les citoyens. C’est doublement problématique. Si le service est un service public, il n’a pas forcément des usagers : il est forcément au bénéfice des citoyens mais pas forcément directement. C’est un glissement sémantique dangereux, car il place le citoyen dans une logique de consommation individuelle du service public, indépendamment du rôle collectif de ce service.
2. associer au fait de revisiter les missions de l’État (pour pratiquer des économies) l’idée que le choix est entre “faire” et “faire faire” est assez illusoire. L’expérience montre en général que le fait de confier à des agences ces missions, voire les sous-traiter au privé conduit plutôt à augmenter le prix des prestations. Il y a une logique économique à cela. Pour proposer un coût équivalent, un prestataire privé doit gagner en productivité l’équivalent des marges qu’il compte dégager. Pas très rassurant comme perspective… En réalité, le vrai choix qu’il faut faire c’est plutôt entre “faire” et “NE PAS faire”. Pas vraiment compatible avec l’idée de diversifier l’offre.
Bon en revanche, pointer une nouvelle fois l’indigence voire l’absence quasi-totale d’évaluation de l’action publique ne fait pas de mal. En même temps, comme on a la fâcheuse habitude de balancer le bébé avec l’eau du bain, personne n’est pressé de reconnaitre que l’eau du bain est sale. Engager nos services publics sur une vraie philosophie positive de l’évaluation de leur action en vue de l’amélioration plutôt qu’une évaluation défensive en vue de leur survie. Ça ce serait sans doute un vrai changement de paradigme.
tout à fait d’accord
de plus quelle catégorie de Français a répondu ?
baisse des charges (encore), code du travail, simplification, c’est plutôt patronal non ?