Régionales : la montée de l’extrême droite vue de la presse en Europe

europe extreme droiteDepuis plusieurs années, la montée du populisme en Europe est constatée, déplorée…Il est utile de lire les réactions de la presse en Europe sur ces résultats des élections régionales en France avec le FN devenu   premier parti par rapport aux suffrages exprimés! Revue de quelques extraits :

 En Allemagne 
« Un désastre pour la France », c’est ainsi que commente l’ARD (la première chaîne publique) les résultats des élections régionales. Une « débâcle » (Der Spiegel) surtout pour le PS de François Hollande. Pour la Süddeutsche Zeitung, « De plus en plus de Français donnent sa chance au FN : non plus pour protester, mais par conviction désespérée et farouche. Mais le Front National n’a aucune solution à proposer ». Ce programme de campagne du FN est « irréaliste, au mieux naïf, au pire dangereux et en tout cas un coup pour l’Europe » selon Die Welt qui, avec son titre « L’offensive de Marine Le Pen vers Paris commence en province » résume l’inquiétude de la presse allemande en vue des élections présidentielles de 2017.

Le quotidien allemand Tagesschau, i qualifie ces élections de “désastre pour la France”, estimant que “les attentats de Paris ont servi le jeu du parti d’extrême droite” et avertissant les politiques français qu’à défaut d’actions, “la France connaîtra un futur sombre”.
En Autriche
Le journal autrichien Heute : « Comme on pouvait s’y attendre, le parti populiste de droite Front National a été celui qui a su le mieux utiliser l’ambiance qui règne en France depuis les attentats sanglants de Paris ».

Der Standard, journal autrichien, analyse de Stefan Brändle : « La droite, formée par le parti conservateur Les Républicains et le parti radical Front National, avait déjà commencé à retrouver des couleurs avant les attentats du 13 novembre et de Charlie Hebdo. La hausse du chômage et de la pression fiscale avaient rendu le socialiste François Hollande le président le plus impopulaire de la Cinquième République ». Les résultats d’hier « n’ont en soi rien d’inhabituel : dans la politique française, les élections intermédiaires servent souvent à punir le gouvernement en place ».

En Belgique

Pour la RTBF, il s’agit d’une “défaite de Sarkozy” qui n’aurait pas réussi à capitaliser sur les opinions défavorables à la gauche.

Au Portugal

Au Portugal, le quotidien Público consacre un article aux élections. « Victoire historique pour le Front National » écrit le journal de sensibilité centre gauche. Le quotidien précise que « Sarkozy rejette un pacte avec les socialistes ». Dans son éditorial, le journal s’interroge « Et maintenant, France ? ». L’Europe a les yeux tournés vers la France ajoute l’éditorialiste, mais conclu sur un expoir : « Le FN ne représente pas les valeurs de la France ». Le quotidien Diario de Noticias, souligne la « satisfaction » de Marine le Pen. Quant à l’Expresso, dans son édition online, l’hebdomadaire parle de « la marée de Marine ». Le journal souligne le retrait annoncé des socialistes en faveur du Parti de Sarkozy pour faire barrage au FN au second tour

En Italie

La presse italienne s’inquiète de l’effet d’entrainement en Europe. « Grande Marine Le Pen! », s’est félicité lundi soir dans un tweet Matteo Salvini, le chef de de la Ligue du Nord, leLa presse italienne, elle, s’inquiète et voit dans le résultat français, un signal d’alarme pour Matteo Renzi. Son effet « pourrait être irrésistible » en Italie lors des municipales du printemps, s’alarme le quotidien La Repubblica, qui titre sur « Le Choc Le Pen ». Le Corriere della Sera y voit le signe d’une « France blessée », dont le vote questionne le futur de l’Europe. Le résultat des élections régionales françaises est uniquement lié au terrorisme, déplore le quotidien de centre-gauche La Repubblica : « C’est l’émotion suscitée par le massacre du 13 novembre qui a permis au Front National de devenir le premier parti de France. Les 130 morts de ce vendredi soir se sont traduits dans les urnes par 28,64 des voix, donnant au plus grand parti populiste d’Europe une position dominante dans l’une des principales sociétés politiques de l’Occident. Les sondages, habituellement influencés par le taux de chômage, l’évolution de l’économie ou d’autres problèmes de société classiques, ont cette fois-ci été déterminés par la sécurité : par la crainte du terrorisme djihadiste, de la menace islamiste. Voilà la motivation évidente et déclarée qui a poussé un tiers des votants (la participation a été supérieure à 50 pour cent) à choisir le parti qui représente le plus la colère, la rancœur, la haine et la peur provoquées par le terrorisme. »

“Du Nord au Sud” constate Il Messaggero, insistant sur la victoire de Marine Le Pen dans le Nord, “qui fut communiste, puis un bastion socialiste”.

Et La Stampa alerte dans son titre : “les règles du jeu changent : le vote Marine Le Pen n’est pas protestataire”. Pour le quotidien, “Marine Le Pen change le paradigme politique d’un pays fondateur de l’Union européenne” : le vote FN est un vote populaire, un vote de désillusion, de ceux à qui la politique ne sait plus parler. “Beaucoup des nouveaux électeurs frontistes ont voté communiste pendant des années”.

En Espagne

De l’autre côté des Pyrénées, presque toutes les unes parle de victoire ou de séisme politique « historique ». « Le Pen consolide l’extrême droite comme le premier parti de France », souligne El País. Même si on s’y attendait, la stupéfaction est de mise en Espagne. El Mundo fait état d’une « débandade épique » du parti socialiste dans les urnes et qualifie d’« imparable » l’ascension d’une extrême droite dans une « France qui a peur ». « Nous sommes devant l’exploitation populiste de la peur et avec le sentiment de honte, en tant qu’européen, de voir la facilité avec laquelle se répandent des idées simplistes et dangereuses », exprime un article d’opinion d’El Mundo.

Ni l’état d’urgence en France ni les bombes en Syrie n’ont permis aux socialistes d’éviter la débâcle aux élections régionales, commente le quotidien conservateur La Vanguardia : « La réaction énergique aux attaques terroristes, l’instauration de l’état d’urgence – pour la première fois sous cette forme depuis la guerre d’Algérie – et le bombardement des positions du groupe terroriste Daech n’ont pas aidé le tandem socialiste Valls-Hollande d’un point de vue électoral. Face à la conviction angoissante qu’il y aura de nouvelles attaques – les menaces émanant des banlieues des villes belges et françaises – la mise en scène de la riposte en Syrie, pays situé à des milliers de kilomètres, dans des actions qui font des victimes civiles, ne sert à rien. Les socialistes ont pu légèrement améliorer leurs sondages catastrophiques, mais cela ne leur a pas suffi pour l’emporter. »

En Hongrie

Par contre, en Hongrie, le succès du FN ne semble pas avoir eu d’écho comme l’explique Guillaume Carré : “Ce matin, les élections régionales françaises sont loin d’être à la Une dans les médias hongrois qui n’ont pas réagi à la percée du FN alors qu’à Budapest, l’extrême droite est très menaçante. Le parti xénophobe est le premier parti d’opposition au gouvernement. Et il exerce une pression de plus en plus importante sur le parti conservateur au pouvoir. En France comme en Hongrie, la droite classique est tentée de chasser sur les terres de l’extrême droite pour l’affaiblir. Dans les deux pays, ces stratégies ont renforcé les partis xénophobes.”

Au Royaume-Uni

La presse britannique accorde peu de place aux résultats du premier tour des élections régionales ce matin. Seul le Financial Times consacre un article de une au score historique du Front National. Cette couverture réduite s’explique en partie par le caractère tout à fait prévisible de la victoire du parti de Marine Le Pen aux yeux des journalistes britanniques.

« Ca n’est pas seulement la conséquence des attaques terroristes (…) La montée du FN a aussi beaucoup à voir avec l’état lugubre des affaires économiques et sociales de la France », analyse le Guardian dans un éditorial consacré à la « remarquable résilience de l’extrême-droite ». Même analyse de la part de Hugh Schofield, le correspondant en France de BBC News, sur le site Internet de la chaîne: « Il serait erroné de mettre le triomphe de Mme Le Pen seulement sur le compte de la peur du terrorisme. Les préoccupations des électeurs sont beaucoup plus d’ordre économique et social que de natuQue laisse présager ce scrutin régional pour l’élection présidentielle de 2017? Marine Le Pen sera au second tour. Le Guardian, la BBC et le Times en sont à peu près persuadés. Le correspondant du Times, Charles Bremner, affirme que la présidente du FN est désormais en mesure d’accéder à la fonction suprême. « Jusqu’à il y a 18 mois, les analystes pensaient que les électeurs se rallieraient au candidat de l’un des partis de gouvernement (en cas de présence de Marine Le Pen au second tour de la prochaine élection présidentielle) pour faire barrage un parti qui incarne le retour aux années 30. A présent, cela semble moins sûr », d’après Charles Bremner.

La force d’attraction qu’exerce l’idéologie d’extrême droite sur de larges pans de la population française remonte à la fin du XIXe siècle, analyse le quotidien de centre-gauche The Guardian : « Le FN mise sur une stratégie habile qui consiste à diffuser ses idées au-delà de la classe moyenne déchue et des familles ouvrières frappées par la crise économique, en essayant de toucher un groupe plus large de personnes, qui estiment que le modèle républicain de la laïcité est menacé par la croissance de l’islamisme radical. Mais l’avènement du Front national doit également être perçu dans un contexte historique plus large, celui de la résilience de l’extrême droite, du boulangisme du XIXe siècle à la guerre d’Algérie en passant par Vichy. »

Dans l’ensemble des régions, “personne ne peut contester que Marine Le Pen et cie étalent leurs racines toujours plus profondément dans la vie politique française”, estime le Telegraph.

En Suède

Les élections françaises n’ont pas passionné les Suédois. Lundi matin, les grands journaux du royaume cependant, évoquent sur leurs sites internet « un résultat historique pour un parti qui, pendant des décennies, a été rejeté pour ses positions xénophobes, mais qui sous la direction de Marine Le Pen, a travaillé dur pour devenir présentable ». Les quotidiens suédois rappellent que le scrutin est le premier organisé après le 13 novembre et que « le résultat peut être interprété comme le ce qui reste de la confiance politique des Français.

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