Le choc provoqué par le résultat du vote sur le Brexit, exige dans la période, beaucoup de calme, mais aussi beaucoup de détermination.
Calme d’abord car il faut respecter ce vote, quoi qu’on en pense. Cameron a joué avec le feu, il a perdu! C’est un résultat incontestable !
Calme, car les conséquences sont multiples et apparaîtront au fil du temps.
Les conséquences vont être rudes sur le plan économique mais aussi politique. La baisse de la bourse et de la livre n’en sont que les toutes premières, et nous n’en sortirons pas indemnes. La croissance, les échanges commerciaux vont être aussi profondément modifiés.
Certes le coup sera rude d’abord et surtout pour les Anglais, même si certains partisans du Brexit tentaient dès l’annonce des résultats d’en minimiser les conséquences. Mais Nous ne pouvons pas oublier que nos économies sont liées, même si nos échanges n’obéiront plus aux mêmes règles.
Sur le plan politique, trois aspects méritent d’être mis en avant :
— L’éclatement potentiel du Royaume “Uni” avec d’un côté l’Ecosse, l’Irlande qui veulent rester face à une Angleterre, elle-même contrastée, avec une capitale Londonienne très Européenne
— L’effet d’entraînement que ne manquera pas d’avoir ce résultat sur les partis d’extrême droite populiste dans les autres pays européens : un espoir néanmoins, c’est que les conséquences concrètes apparaissent très vite, éclairant mieux que des discours, l’opinion en Europe.
— Le départ du Royaume Uni ne sera pas instantané mais il est décidé ! Le Royaume Uni ne pourra pas continuer, comme il le faisait jusqu’ici, à avoir un pied dedans et un pied dehors ; il ne pourra continuer à être sur le marché européen comme si rien ne s’était passé, sans en accepter des contreparties.
L’urgence est aujourd’hui européenne. D’un départ regrettable on peut faire un outil de relance du projet européen et le Président de la République a raison en voulant que l’Europe se “concentre sur l’essentiel : la sécurité et la défense pour protéger nos frontières et préserver la paix, l’investissement pour la croissance et l’emploi, l’harmonisation sociale et fiscale, le renforcement de la zone euro et de sa gouvernance démocratique”.
Il est clair que les débats violents, contradictoires sur les conséquences du Brexit, mensongers parfois sur les responsabilités des uns et des autres, vont maintenant passer d’une réalité “virtuelle” à une réalité “concrète ” : cela peut changer bien des choses. Il est tout aussi clair que personne ne peut faire comme si rien ne s’était passé !
1 Commentaire
Vouloir expliquer un vote populaire demeure une gageure, néanmoins il semblerait que loin des mots d’ordre de la classe politique, c’est un rejet d’une certaine Europe qui s’exprime.
Il coexiste deux images de l’Europe, celle idéale qui protège des conflits, rapproche les peuples, introduit de la solidarité et de la proximité dans un espace qui transcende le repli nationaliste en conférant une taille économique adaptée aux échanges mondiaux, et une plus triviale où un cénacle technocratique sous l’influence du lobbying constant des multinationales impose implacablement une vision ultralibérale jamais ratifiée par les populations (dixit référendum français de 2005) considérées comme indignes de confiance.
C’est d’ailleurs remarquable qu’au lendemain du Brexit de nombreuses déclarations aient à ce point mis en avant « l’Europe des peuples » comme pour mieux les anesthésier.
Pour ceux qui n’ont pas de mémoire, il convient de rappeler l’enfumage de François Hollande s’engageant à renégocier le pacte budgétaire européen sitôt élu, et allant aussitôt à Canossa ratifier ce diktat.
De nombreux observateurs font coïncider l’émergence de mouvements nationalistes radicaux en Europe avec le développement d’une classe politique presque exclusivement professionnelle, coupée des populations. Alors l’avènement du Brexit, pour paradoxal qu’il soit dans un pays prônant un libéralisme débridé, associé aux mouvements populaires des pays du sud (Espagne, Italie, Grèce), annonce peut-être une reprise en main citoyenne de l’espace politique.