L’accès au très haut débit : il y a urgence !

Fotolia_15463626_0Le Centre d’analyse stratégique a confié à l’IDATE une étude sur le déploiement des réseaux d’accès en fibre optique, pour l'accès au très haut débit. Cette étude,  compare les mécanismes économiques mis en œuvre en France et à l’étranger et leurs conséquences en terme de rythme de déploiement du très haut débit.

À l’été 2011, la France compte 556 000 abonnés au très haut débit, connectés à Internet par des infrastructures filaires, pour un total de 5,78 millions de foyers raccordables via ces réseaux. Aujourd’hui, le taux de couverture en France est de l’ordre de 21 % et le taux de pénétration légèrement inférieur à 10 %.

Les premiers déploiements des réseaux THD restent concentrés sur Paris et les grandes villes telles que Lyon, Marseille, Montpellier, Grenoble, Nantes, Bordeaux, Nice. Il est à noter toutefois que certaines collectivités locales (Pau, Gonfreville, CG92…) ont également décidé d’anticiper le développement du THD et se sont impliquées assez vite dans le déploiement d’infrastructures sur leur territoire.

Rapportés au marché du haut débit qui, en France, est l’un des plus matures au monde (avec un taux d’équipement des ménages qui avoisine les 70 % et une croissance aujourd’hui assez faible de l’ordre de 6 % par an), les accès THD représentent environ 2 % des connexions HD. De nombreux foyers ne disposent pas d’un débit permettant de recevoir dans des conditions satisfaisantes un programme de télévision : 17 % des foyers en milieu urbain ont un débit égal ou inférieur à 2 Mb/s via l’ADSL ; cette proportion atteint 27 % en milieu rural.

Ces limites et ces disparités devraient voir leurs conséquences s’accentuer du fait de deux phénomènes indépendants l’un de l’autre, mais plus ou moins simultanés : la multiplication des terminaux (ordinateurs portables, tablettes, smartphones, consoles de jeux vidéo, etc.) et des usages simultanés sur le marché des consommateurs comme dans les entreprises d'une part, et  la généralisation d’usages gourmands en bande passante, notamment les services de video streaming et la télévision haute définition, en attendant la télévision en 3 D, d'autre part.

 C’est au regard de ces contraintes et de ces exigences qu’il paraît légitime de faire migrer les consommateurs et les entreprises vers des accès THD, en privilégiant les investissements visant à substituer à la boucle d’abonné en cuivre des accès en fibre optique offrant des débits de 100 Mb/s et plus.

 L’analyse des chiffres du THD via la fibre optique (FTTH/B) montre que la France est très en retrait par rapport aux pays leaders (Corée du Sud (95% de couverture), Japon (9O%)) et en retard par rapport aux États-Unis ou la Suède. Toutefois deux points clés ressortent de cette analyse internationale : aucun des grands marchés européens ne paraît présenter de caractéristiques nettement plus avancées que la France et aucun des grands leaders au niveau mondial ne semble pouvoir être considéré comme modèle, tant les facteurs constitutifs de leur performance sont spécifiques.

La comparaison des situations des différents marchés nationaux nécessite de prendre en considération de nombreux facteurs qui jouent soit sur les coûts de déploiement, soit sur les perspectives de revenus: le niveau d’urbanisation et la prédominance de l’habitat collectif, l’efficience des infrastructures télécoms existantes , la profondeur du marché de la télévision payante , l’intensité de la concurrence, l’implication financière des acteurs publics ,la situation financière et les perspectives économiques des opérateurs de télécommunications qui dominent les marchés nationaux , les réglementations nationales.

 Quoi qu’il en soit la France doit définir rapidement son modèle car une avance à un moment peut provoquer des retars plus tard (cf le minitel dans les années 1980) Le gouvernement a retenu pour objectif la disponibilité à l’horizon 2025 d’accès à 100 Mb/s sur l’ensemble du territoire. Mais il est urgent de rouvrir le débat sur le rythme de réalisation, la couverture de ces nouvelles infrastructures, et l’efficacité du dispositif   retenu par le gouvernement et l’autorité de régulation, car à l’évidence le compte n’y est pas.

D’autres choix auraient pu être faits, soit en constituant une société nationale de déploiement d’un réseau de fibre unique partagé par tous, soit en s’appuyant sur les capacités de l’opérateur historique mais en imposant une séparation fonctionnelle de l’entité en charge du déploiement FTTH du reste de l’entreprise. S’il ne faut sans doute pas remettre en cause le cadre, il faut sans doute fixer des étapes plus contraignantes.

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