Le revenu universel sur lequel surfe le candidat du PS, Benoit Hamon est une idée ancienne issue de la Révolution française, que j’avais évoquée ici il y a un an ! Même si certains croient en trouver la trace dès le XVIe siècle dans l’œuvre de Thomas More, sa paternité est généralement attribuée à Thomas Paine. Elu du département du Pas-de-Calais, Paine invente une troisième voie qui n’est pas destinée à éradiquer la misère ou à révolutionner le monde, mais simplement à accorder, à tous, la sécurité d’une garantie selon un mode égalitaire. En ce sens c’est une idée qui est de droite et de gauche !
Le Mouvement français pour un revenu de base, estime qu’il doit être inconditionnel, c’est-à-dire sans contrepartie d’un engagement à rechercher un emploi, universel, c’est-à-dire versé à tous, inaliénable, c’est-à-dire que l’on ne peut en priver le bénéficiaire, individuel, permanent et cumulable avec d’autres revenus.
Benoît Hamon prône bien la création d’un revenu universel, c’est-à-dire versé à tous, sans être très clair sur ce qu’il en attend sur l’incitativité au travail.
Manuel Valls évoquait lui la création d’un “revenu décent”. Une rémunération qui dans les faits n’a pas grand-chose à voir avec un revenu universel puisqu’elle serait attribuée sous conditions de ressources et limitée aux personnes de plus de 18 ans. Elle serait issue de la fusion de plusieurs minima sociaux.
Mais devant les difficultés de mise en place et surtout de financement cette réforme, selon Benoit Hamon lui-même, ne se ferait plus tout de suite. Dans un premier temps, seul le RSA serait revalorisé à 600 euros et élargi aux 18-25 ans. A terme, le revenu universel serait fixé à 750 euros par mois. Il serait financé par le regroupement d’aides existantes (notamment RSA, allocations familiales, aides au logement) et une réforme fiscale visant à augmenter l’imposition des plus riches, en fusionnant l’impôt sur le revenu et la CSG ainsi que l’ISF et la taxe foncière.
La première consistera à augmenter le RSA de 10 % et à l’étendre aux 18-25 ans. Elle entrera en vigueur dès 2018 via la première loi de finances du quinquennat. La deuxième phase débutera en 2019 avec l’organisation d’une «grande conférence citoyenne» qui définira les contours précis du futur revenu universel. Avec l’objectif de verser 600 euros à tous les Français dans un premier temps, puis 750 euros à terme pour la troisième étape
Pour appuyer sa proposition, Benoît Hamon énonce plusieurs pistes de financement : Réforme et simplification de l’IR renforcé dans sa progressivité et sa base avec augmentation du nombre de tranches, Création d’un impôt unique sur le patrimoine des français., Création d’une fiscalité sur les robots et les machines, rabotage des niches fiscales…..
Benoît Hamon n’a pas détaillé quelles aides pourraient disparaître au profit du revenu universel, mais cela pourrait représenter une enveloppe de l’ordre de 90 milliards d’euros à déduire de son coût. Resterait donc, tout de même, autour de 300 milliards à 400 milliards d’euros à financer, ce qui en ferait une dépense supplémentaire équivalente au budget actuel de l’Etat.
Pourtant son conseiller Thomas Piketty lui même, et plusieurs chercheurs avec lui , ne cautionnent pas le revenu universel à la mode Hamon. «La question de la justice sociale ne s’arrête pas à 600 euros ou même 800 euros par mois, écrit l’économiste. Notre crainte est que l’on dépense beaucoup de temps et d’énergie à débattre de l’introduction d’un revenu de 800 euros formellement versé à tous – qui peut se résumer in fine à une opération comptable sur les bulletins de salaire – et que cela occulte les grands enjeux de justice sociale.» et d’ajouter « Benoît Hamon n’a jamais dit qu’il allait verser 600 euros par mois à 50 millions d’adultes », soulignent-ils. « Au contraire : il a explicitement évoqué le fait que le nouveau système pourrait être sous conditions de ressources et concernerait uniquement les salaires inférieurs à 2.000 euros, avec des montants qui ne seraient évidemment pas les mêmes pour tous. »
Comme le dit fort bien Piketty « Nous pensons qu’il est justement grand temps de sortir des abstractions confortables qui caractérisent trop souvent ce débat, et de dire enfin précisément comment il est possible de procéder. En l’occurrence, la solution que nous proposons est de verser le revenu universel sous une forme mixte. »
Il serait temps en effet de sortir du rêve et des illusions, au risque de nouvelles déconvenues. , de sortir des modes. La priorité n’est elle pas plutot de lutter prioritairement et réllement contre la pauvreté et les précarités?
PS : On a souvent évoqué la Finlande et son expérimentation : un beau coup médiatique pour le gouvernement mais qui n’a rien à voir avec le revenu UNIVERSEL ; voir ici ou l’article de jean Gadrey
2 Commentaires
Dommage que le dessin accompagnant un texte qui alimente notre réflexion et notre action, ressasse ta rancoeur contre la CGT et FO, accréditant l’idée que ces OS revendiquent un revenu universel dans une caricature de leur action contre la loi travail. Et alors que les syndicalistes au quotidien sont victimes avec leurs collègues de travail des plans de suppressions de l’emploi, comme à Vallourec, dans ta ville. Peut être seras tu à la conférence du 3 mars à 18h30 sur le sujet “quel travail demain? “, organisée par les amis de l’Huma et la CGT. A la salle Robert Schumann de la région que tu connais bien. Rajoutons que Benoit Hamon n’est pas mon camarade de parti! Que la CGT a plus d’adhérents que le PS du territoire. Que ton candidat à la présidentielle m’interpelle sur son programme et ces soutiens, y compris financier. Amicalement André Delestre
Auteur
merci de tes remarques mais je n’ai pas la même lecture du dessin que toi ! ; pour moi il soulève l’autre aspect du revenu universel que je n’ aborde pas dans ce billet ; celui de la valeur travail, qui fait d’ailleurs que le revenu universel est loin d’être une idée révolutionnaire ! !